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Mardi 6 juillet

John trouve la salle de danse sans difficulté. Il est soulagé de n'avoir croisé personne à l'entrée. Quand il pénètre le grand studio aux miroirs, Jimmy est déjà là, à s'échauffer. Il se retourne vers lui en l'entendant arriver et John retient son souffle. Il est moins nerveux que ce qu'il craignait. Pourtant, il a le cœur lourd. Jimmy l'ignore encore, mais c'est la dernière fois qu'ils se voient. John n'a pas changé d'avis. Ce sera mieux pour eux deux d'arrêter ici. Il n'a pas oublié l'ultimatum du colocataire de Jimmy pour qu'il lui divulgue qui il est. Mais si John fait bien les choses et qu'il dit au revoir comme il se doit à Jimmy, Youssef comprendra qu'il ne lui veut pas de mal et gardera finalement toute cette histoire pour lui. De toute façon, connaissant Jimmy, même si son coloc lui avoue qui il est réellement, John est presque sûr que Jimmy ne le recontactera pas.

— Bonjour John. Prêt ?

John admire le garçon devant lui. Il a hâte de revoir Jimmy danser. Il se demande s'il sera à la hauteur pour l'accompagner. John est, comme habituellement, tout habillé de noir alors que Jimmy porte un pantalon de jogging foncé et un large tee-shirt blanc à manche longue. John a cette constante envie de s'approcher. Il est attiré à Jimmy par un fil invisible. Jimmy se relève et John s'arrête tout près de lui.

— Salut, chuchote John.

Jimmy tend sa main et John la presse.

— Désolé de ne plus avoir répondu à tes SMS avant-hier.

Avant qu'il ne craque délibérément devant Éric, il discutait avec Jimmy et après avoir décidé qu'il ne pouvait plus voir Jimmy, il ne lui a plus écrit. Jimmy longe son bras, puis caresse la naissance de ses cheveux, au bas de sa nuque. Cela fait frissonner John et il est sûr que Jimmy en est parfaitement conscient.

— Ce n'est pas grave. Tu avais des choses à régler. Tout va bien avec Éric ?

John ferme les yeux quelques secondes, pince les lèvres.

Je n'arrive pas à croire qu'à la fin de cette séance, on ne se verra plus.

Sa poitrine le tiraille et il récupère la main de Jimmy pour entremêler leurs doigts. Il contemple son visage. Il le fascine toujours autant. Ses joues, ses pommettes, ses longs cils...

— Oui. Parler avec toi m'a fait du bien.

Jimmy lui serre la main puis esquisse un sourire en coin.

— Je savais que tu aimais parler avec moi. Même si tu prétends le contraire.

John sourit à son tour, mais n'ajoute rien. Interdit.

— J'espère que tu as bien mangé à midi, car on a du travail, continue Jimmy. J'ai déjà chorégraphié ta partie et tu dois encore l'apprendre ET la danser avec un bandeau sur les yeux. Toujours pas changé d'avis, d'ailleurs ?

Oui. C'est vrai. John avait presque oublié ce détail. Il va devoir danser en se passant de la vue. Il hausse les épaules. Si Jimmy peut le faire, alors John peut bien relever le défi.

— Je suis là, n'est-ce pas ? rétorque John.

Jimmy qui se dirigeait vers le bord du mur, se retourne et annonce :
— Il y a d'autres choses que je t'imaginerais bien faire avec un bandeau sur les yeux.

John s'étrangle avec sa salive. Jimmy, fier de lui, rejoint la barre. Il s'étire dessus.

Vais-je au moins survivre à cet après-midi?

John balaye la vague chaude d'exaltation qui lui traverse soudain le bas ventre. Jimmy est un homme. Il n'est pas censé ressentir ça. Pourtant, Jimmy ne semble pas s'en soucier. Étourdi, John met quelque seconde avant de se diriger vers un coin de la pièce et se débarrasser de son manteau.

PAPER PLANES - Quand tu plies tes avions en papierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant