27 ( 2/2 ) : Six

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Je secoue mon poing et lance les deux cubes sur le drap, prêt à compter le nombre que ces deux derniers vont indiquer. Ils s'immobilisent : 1 et 4, une question. Que pourrai-je lui demander ? Je ne sais pas si s'écarter de l'ambiance dans laquelle nous sommes et poser une question sérieuse est une bonne idée, autant y aller avec une ordinaire.

- Où aimerais-tu m'emmener en voyage ?

Il lève les yeux et fait mine de réfléchir.

- Je pense que tu aimerais la Thaïlande, on irait là-bas, répond-il sincèrement. Ou en Italie, je te laisse choisir.

Je n'ai malheureusement pas assez de connaissances sur la Thaïlande, on va partir pour l'Italie.

- L'Italie, je confirme.

Il hoche la tête en souriant et attrape les dés. Ils roulent et s'arrêtent sur un 3 et un 4, encore une question. A quand le tour des chiffres pairs ? Mes yeux pourraient brûler la peau de Louis s'ils s'attardaient encore plus longtemps sur son teint bronzé.

- Ok, alors...

Il se met à chercher et ses doigts viennent pincer ses lèvres. Ses sourcils sont froncés et son visage est juste parfait sous cet angle. Le soleil, bientôt dissimulé sous une masse de nuage, a encore assez de lumière pour taper sur ses cheveux bruns et tout le côté de sa tête. Un rayon envoie pile son éclat sur son œil, faisant incroyablement ressortir son azur ardent. Je n'ose même pas le qualifier d'être humain, tout ce que je vois est beaucoup trop... divin.

- Est-ce qu'il y a certaines choses qui t'excitent chez moi ?

- Oui.

Il me regarde, confus, et secoue la tête. Je l'ai contrarié ? J'espère pas, j'ai juste répondu à sa question mais je sais que ce n'était pas la réponse qu'il attendait, ce n'était pas celle qu'il voulait.

- Non, non, non... Tu ne peux pas répondre comme ça. Qu'est-ce qui t'excite chez moi ? demande-t-il fermement.

Je ris mais ne cède pas à sa nouvelle demande.

- Ça fait deux questions, tu trahis tes propres règles, je renchéris avec assurance.

- Tu fais chier, ajoute-t-il, blasé.

A mon tour. Je reprends les dés et les lancent, priant silencieusement pour un nombre pair. Ils roulent et je ne peux m'empêcher de les insulter lorsque je vois le résultat, 1 et 2.

- Non mais sérieux, c'est une blague ?! C'est pas possible, ils sont truqués tes trucs, je profère, maudissant ces stupides cubes.

Mais Louis, au lieu de rester immobile et d'attendre une nouvelle question, prend un des deux dés et le fait rouler. Je ne dis rien malgré que cela soit une nouvelles fois contre les règles, mais observe plutôt le nouveau chiffre. 1 et 5, un pair, enfin.

- Ça te dérange pas qu'on change un peu les règles ? propose-t-il.

Il saisit son portable et fait glisser ses doigts sur l'écran. Je ne vois rien, mais comprend à l'instant d'après ce qu'il trafique. Il retourne le téléphone et me le montre. Un compteur est enclenché, 5:59, 5:58, 5:57... J'envoie immédiatement valser les dés par terre, fais de même avec son téléphone et attrape Louis par la taille et l'allonge à ma place. Je le regarde et ses yeux sont noirs, ce qui ne tarde pas à me faire de l'effet.

- 6 minutes suffiront ?

- Commence pas à nous faire perdre du temps, m'ordonne-t-il en murmurant.

Je presse ma bouche contre la sienne et c'est comme si plus rien n'existait autour du lit, juste lui et moi. Je l'embrasse tendrement et sens ses cils caresser ma pommette. Tout est si beau chez Louis, il m'éblouit même si mes yeux n'ont pas le privilège de le regarder. Finalement, je n'ai pas les mêmes envies que j'avais il y a quelques minutes, celles qui voulaient lui faire crier mon nom, non, mais des envies plus douces. Mes doigts se détachent à peine de ses joues qu'elles me manquent déjà. J'ai besoin de sa peau contre la mienne, de lui faire ressentir de doux frissons, lui faire savoir qu'elle est précieuse à mes yeux. Je descends lentement mes mains tout en les laissant parcourir les courbes de son corps. Elles traversent son cou, s'attardent sur ses clavicules autour desquelles elles n'hésitent pas à en faire le tour, puis glissent le long de son torse dont la chaleur m'est maladivement agréable. Je sais que Louis aurait espéré des gestes plus déterminés, 6 minutes plus fougueuses, mais ce sont mes minutes, et je fais ce que je décide de lui faire. J'espère uniquement que cela ne le dérangera pas.

Mes lèvres se décollent à contrecœur mais se déposent à nouveau quelques centimètres plus loin, pas loin de sa mâchoire. Quel est le point faible de Louis ? Mes baisers partent en quête de ce-dernier, effleurent son menton et osent s'aventurer juste en-dessous de son oreille, Lou frémis. Je souris et couvre cette minuscule partie de peau de bises à la dérobée, y délivre tout mon amour, tout en gardant le contact de mes mains sur ses hanches. J'ouvre les yeux et remarque le temps imparti qu'il me reste, 3 minutes environ, j'aurai aimé disposer de plus de minutes, 6 ne sont pas suffisantes pour lui dire "je t'aime" dans toutes les manières possibles. 

Ses doigts s'entremêlent sur ma nuque, à la limite de mes cheveux. Mon souffle chaud s'écrase sur sa clavicule et Louis resserre son emprise alors que j'aperçois ses paupières se fermer. La clavicule ? Son point faible ? Je ne descends pas immédiatement à cet endroit, mais fais durer mes baisers sur tout le long de son cou. Enfin, mes lèvres parviennent à embrasser le creux de ce fameux point. Ses doigts commencent à me tirer la racine des cheveux et je passe timidement un coup de langue, puis deux, suivis de bises incontrôlées.

Des larmes humidifient mes boucles alors que mes embrassades s'apprêtent à remonter sur sa joue. Je n'ai rien fait de mal, il le sait et je le sais, mais soudain, la réalité me frappe violemment. Il veut uniquement de l'amour. Il veut être aimé. Serait-ce cette dose d'amour que je lui porte qui est trop importante pour une intervalle de temps aussi courte ? 

Je pousse doucement Louis sur le côté et m'installe à-côté de lui. Mes bras entourent son corps et il vient de lui-même poser sa tête contre ma poitrine. Ses cheveux en bataille me titillent le menton et je nous enfonce dans le matelas, tandis qu'il s'engouffre davantage dans mon étreinte. Je l'entends se briser, ses sanglots silencieux sont maintenant des pleurs étouffés par les draps. Nos jambes sont entrelacées et la couverture est, je ne sais comment, parvenue à recouvrir nos pieds. Je le serre, lui sert de protection, comme si le monde tentait de l'accabler et de le détruire, je forme une bulle autour de lui, indestructible où seule la tendresse règne. Les draps ont imprégnés nos formes, absorbés la tristesse et les larmes, ils sont les seuls réels témoins de nos émotions.

Lou, et si nous nous enfuyions ensemble ? Si nous laissions la belle mer nous appeler cette fois, et lui répondions ? Ce serait fou, non ? Oui, ça le serait. Je t'aime, Lou.

Risque (L.S.)Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang