15 : Nouveautés

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Ce papier est pour l'instant la seule piste que je peux obtenir pour retrouver Louis et j'y place tout mon espoir.

Je sors le téléphone de ma poche, l'allume et le déverrouille pour accéder à mes contacts. Je suis assis sur un banc de l'hôpital et personne n'est aux alentours, tout le monde est à l'intérieur ; ce doit être le pic des visites, le bâtiment est une vraie fourmilière.

Mon doigt appuie légèrement sur "Maman" puis sur le petit téléphone à-côté du numéro. Je viens plaquer l'écran contre mon oreille et attends qu'elle réponde.

Au bout de quelques secondes, un déclic laisse place à sa voix, enjouée mais assez fatiguée.

- Coucou mon coeur ! Qu'est-ce qui se passe ? Tu ne dois pas être à l'université à cette heure ? se précipite-elle d'enchaîner.

- Les cours de cet après-midi sont annulés, je suis sorti à 14h, dis-je en replaçant le col de ma veste sur ma nuque. Je peux te demander quelque chose ?

Elle m'encourage à le faire en lâchant un "hmm".

- Je suis à l'hôpital et le bus vient de passer, ça te dérangerait de venir me chercher ? j'hésite en me mordant la lèvre inférieure. Ce n'est pas grave si tu peux pas, excuse-moi, en plus t'as sûrement beaucoup de travail, je vais-

- Harry, Harry, Harry ! s'exclame-t-elle en m'interrompant. Je vais venir te chercher, je quitte le tribunal et j'arrive, d'accord ? Je n'ai pas de dossiers très importants à conclure pour le moment, tout va bien.

Je réponds d'un "d'accord, je t'aime" en secouant bêtement la tête puis raccroche en soufflant. Je n'ai pas essayé de joindre Zayn, lui et Liam devaient avoir prévu quelque chose de sympa vu comment ils se comportaient l'un envers l'autre, et je n'ai en aucun cas envie de gâcher un quelconque moment. 

Un papier se froisse dans la poche de mon manteau et j'y plonge la main pour en ressortir la lettre. Je dépose mon téléphone à-côté de moi et examine la feuille avec plus de précision. Tout les coins sont parfaitement lisses, sauf évidemment celui avec les fameuses trois lettres en-dessous et quelques gribouillons ont été si profondément marqués que je me demande comment le papier a pu ne pas se déchirer sous la mine. Au fait ! Il y avait aussi un stylo dans le tiroir si je me souviens bien, je n'ai pas pensé à le prendre mais bon, considérons qu'il n'a pas beaucoup d'importance dans cette histoire. Je crois que je n'ai même pas refermé la table de nuit d'ailleurs. 

Je me force à essayer de déchiffrer les choses écrites sous les gros pâtés d'encre, mais il me semble que ce sont plus des dessins. Enfin non, plutôt une... partition ? De fines et courtes lignes parcourent une petite partie de la feuille, certains endroits recouverts par des notes souvent accompagnées d'un trait au-dessus, les reliant à d'autres. La mine a l'air de s'être usée vers la fin de la mesure, les petits ronds me paraissent moins visibles sous la  mais se stoppent par une barre où plus rien n'est dessiné après. Je détaille cette ligne encore et encore, essayant de la déchiffrer au mieux mais je n'y parviens pas. 

Je n'y parviens pas malgré un an de formation musicale, proposée par mon ancien collège. Nous devions choisir un instrument parmi la flûte, la clarinette, le piano, la guitare et le saxophone, je crois. Ce n'est pas avec mon asthme que j'allais réussir à souffler dans un instrument aussi gros, et les autres ne me plaisaient pas vraiment, j'ai donc opté pour le piano. Et j'ai travaillé, en-dehors des cours habituels, j'ouvrais un cahier de solfège en même temps qu'un de maths et révisais. Ça ne m'était franchement pas utile pour l'avenir et me prenait beaucoup de temps pour retenir l'emplacement de toutes ces notes, leurs variations et tout ce que ça entraînait, mais j'étais fier lorsque je réussissais.

Risque (L.S.)Where stories live. Discover now