14 : Main froissée

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Une semaine aujourd'hui. Du lundi dernier où j'ai fait ma deuxième rentrée, au lundi d'aujourd'hui où je suis assis sur un des bancs de la cafétéria. 

Sept jours sans nouvelles de Louis, pas de message, d'appel où même de petit signe. En même temps, je suis sûrement parti trop brutalement la dernière fois et je regrette maintenant mon geste, c'était stupide et égoïste de ne penser qu'à ma fatigue plutôt qu'à sa douleur. Où est-il maintenant ? Je ne sais pas. Comment va-t-il ? Je le sais encore moins. Je n'ai pas le courage de revenir dans cet hôpital, de croiser Liam pour qu'il me demande pourquoi je ne suis pas revenu, ou qu'il me dise que Louis est parti et qu'il est maintenant libre de recommencer. Je ne veux pas affronter tout ça mais je ne peux en même temps pas l'ignorer, ça a pris beaucoup trop de place. 

Les jours se sont écoulés en silence, l'anniversaire de Niall a réveillé la fin de la semaine et Zayn et moi avons pu lui trouver un cadeau pendant le week-end. Ce n'est pas énorme, étant donné que nous ne nous connaissons pas énormément, mais il le mérite.

La foule se dissipe dans la salle ouverte laissant le soleil s'abattre contre les murs blancs. Je n'ai exceptionnellement pas cours cet après-midi, il semble qu'une grève se soit imposée dès le début de l'année scolaire. 

Deux jeunes femmes et un vieil homme commencent à enlever les miettes des tables, balayer et nettoyer le sol couvert de traces de pas et passent du produit sur les comptoirs tandis que je les observe en silence, accompagné de Zayn, sur son téléphone en train d'envoyer des messages à quelqu'un, et une autre fille, le nez plongé dans un bouquin. La dernière personne avec un plateau passe la sortie du réfectoire, un écouteur enfoncé dans chaque oreille, nous laissant seuls tous les trois. Je n'ai rien d'autre à faire que d'observer ce qui m'entoure et je me sens idiot à attendre que rien ne se passe. C'est comme ça ces derniers jours, rien ne se passe et j'attends la fin de la journée, rentre chez moi, mange et vais me coucher. Tout est fade, ennuyeux, je tourne en rond et ne fais qu'apprendre sagement ce qu'on nous enseigne.

- On se fait chier, lâche tout à coup Zayn, t'as pas cours non plus ?

- Non, dis-je en soupirant.

Il hausse les épaules, éteint son portable et le pose face à lui sur la table.

 - Je sors, tu viens ? À moins que tu aies quelque chose d'autre à faire ici, dit-il en se levant et passant son sac sur son épaule.

Je jette un coup d'œil à la fille assise un peu plus loin et remarque son regard sur nous. De longs cheveux descendent en cascade sur ses omoplates et la continuité de son dos, elle nous dévisage toujours de ses fins yeux bleus. Elle porte un col roulé noir barré par de nombreuses lignes de toutes les couleurs, mais pas de bijoux. Je me demande pourquoi continue-t-elle de nous regarder, nous n'avons pas parlé fort et même si elle nous aurait entendu, rien d'intéressant ne lui serait parvenu. 

Elle semble finalement réaliser de son insistance et se renferme dans sa lecture sans même être gênée où marmonner un petit quelque chose. 

- Eh, arrête de fixer toutes les personnes que tu voies, ça commence à vraiment faire peur ! me chuchote Zayn directement à l'oreille.

Je ne cherche pas à répondre et me lève pour prendre mes affaires puis le suis jusqu'au comptoir. C'est une habitude, à chaque fois que Zayn finit son repas, il est obligé de le complémenter d'une friandise dans la vitrine de la cafétéria. Il hésite entre le rayon des pâtisseries où une rangée entière de cookies repose sur du papier blanc, dont le chocolat commence à fondre sous les lumières étincelantes, et un regroupement de petits cartons colorés où sont disposés en tas toutes sortes de barres de céréales. 

Risque (L.S.)Where stories live. Discover now