— Parlez-moi de votre famille, commença Samuel. Vous vivez chez vos parents ?
— Oui, enfin non... C'est compliqué.
— Expliquez-moi.
— Je vivais chez mon copain jusqu'à l'année dernière, mais quand on s'est séparé, je suis revenue chez mes parents.
— Donc vous vivez chez vos parents.
— Oui mais c'est provisoire.
— Provisoire mais ça fait déjà un an que ça dure ! remarqua Samuel.
— Mais là comme je vais au Canada, je n'habite plus chez eux en ce moment.
— Vous avez l'intention de vivre au Québec ?
— Non, mais si jamais je trouve un travail là-bas...
— Donc vous n'allez pas au Canada uniquement pour faire des photos. Vous y allez aussi pour chercher une opportunité de vivre là-bas. Souhaitez-vous fuir quelque chose ?
— Mais non !
— C'est inconscient, mais au fond de vous vous voulez fuir une réalité... Mais laquelle ? Que font vos parents ?
— Ma mère est avocate, mon père pharmacien. Pas exactement pharmacien d'officine, mais dans un laboratoire de recherche.
— Donc vos parents ont bien réussi leur vie. Vous culpabilisez de n'avoir pas accompli des études aussi prestigieuses.
— Mais arrêtez de tout analyser ! C'est insupportable, s'offensa Stéphanie. J'arrête de vous raconter ma vie.
— Ça fait seulement une minute et trente-quatre secondes que nous avons commencé.
— Vous avez chronométré ?
— Non, j'ai dit ça au hasard. Mais j'ai une bonne horloge interne.
— Si j'avais cinq ans, je vous aurais frappé. Mais je ne suis plus une enfant, alors je vais gentiment vous prier d'arrêter de m'énerver.
— Vous pouvez me frapper, si ça peut vous soulager.
— Vous êtes masochiste ?
— Non, mais je sais que vous ne me feriez pas mal. Regardez vos petits biceps tout fins.
— Taisez-vous. Taisez-vous. Taisez-vous, répéta Stéphanie.
— D'accord. D'accord. D'accord, se moqua-t-il.
À ce moment, Stéphanie ne put empêcher de sourire. Malgré son aspect agaçant, la dernière réplique de Samuel l'avait amusée.
— Je vous fais rire ? Méfiez-vous, vous savez ce qu'on dit : femme qui rit, femme à moitié dans son...
— Je ne ris pas, assura-t-elle en affichant un air sérieux.
Mais au fond d'elle, elle trouvait l'attitude de cet homme assez amusante. Quoi qu'elle dise, il parvenait à la surprendre. Au moins, elle ne risquait pas de s'ennuyer pendant ces huit heures de vol.
— Qu'est-ce que vous aimez faire dans la vie ? demanda-t-il soudain. À part la photographie.
— J'aime... lire, répondit-elle.
— Lire quoi ?
— Ben des livres.
— Et quel genre de livres ?
— Des classiques. Par exemple, Balzac, Flaubert, Stendhal...
— Stendhal, qui a écrit « Le Rose et le Vert ».
— Vous vous trompez, fit Stéphanie. C'est « Le Rouge et le Noir ».
— Non, Stendhal a aussi écrit « Le Rose et le Vert ».
La jeune femme scruta son regard afin de déterminer si son voisin se moquait d'elle ou non.
— C'est une blague ?
— Pas du tout, je suis très sérieux. Stendhal a écrit « Le Rose et le Vert ». Vous vérifierez sur Internet.
— D'accord, je vérifierai. Car je ne vous crois pas.
Soudain, il se pencha vers elle et lui murmura à l'oreille :
— Je suis sûr que même la vieille dame à côté de vous ne connaît pas ce livre.
Troublée par ce rapprochement physique inattendu, Stéphanie se recula et répondit seulement :
— Oui, oui, peut-être.
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Romance aérienne
RomanceElle s'envole pour le Canada afin de trouver des réponses... mais c'est sur lui qu'elle tombe. ***** Alors qu'elle va prendre place dans l'avion, Stéphanie tombe nez à nez sur un beau jeune homme qui s'est assis sur son siège : ce malotrus refuse de...
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