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Chap 4

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Cette remarque blessa la jeune artiste, qui baissa la tête.

— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? murmura-t-elle.
— Vous avez à peine jeté un œil sur moi. Non, ne tournez pas la tête, regardez devant vous. Savoir comment je suis habillé n'est-il pas un élément important pour une photographe ?

— Si, avoua Stéphanie.

— Alors dites-moi. Sans me regarder. Comment suis-je vêtu ?

La jeune femme tenta de se souvenir.

— En noir ?

L'homme éclata de rire.

— Vous ne prenez pas de risque ! Évidemment que si j'avais été habillé de rose fuchsia, vous l'auriez remarqué. Non, je vous demande plus de précision.

— Vous portez une veste noire, un pantalon assorti ?

— Non, un jean.

— Vous êtes assis, c'est normal que je ne l'ai pas remarqué.

— Ne cherchez pas d'excuses cette fois-ci.

— Je croyais que vous vouliez que je me justifie à chaque fois ?

— Défendre ses idées ne veut pas dire chercher des excuses.

Exaspérée, Stéphanie rehaussa à nouveau ses écouteurs et tourna le dos à l'homme.

— Je ne cherche qu'à vous aider, continua-t-il. Je sais que vous m'entendez, je ne vous ai pas vue enclencher la musique.

Il avait raison. Elle n'avait pas mis la musique, mais décida quand même de l'ignorer.

— Vous savez, les gens ne sont pas tous gentils dans ce monde. Il faut que vous appreniez à vous défendre !

Stéphanie ne parvint pas à lui répondre. Il l'agaçait plus que tout. Elle songea à demander à la dame âgée d'échanger de place avec elle, mais s'aperçut que celle-ci dormait profondément.

— Je suis désolé, je n'aurais pas dû vous dire cette dernière phrase, s'excusa l'homme.

— On ne se connaît pas, alors évitez de me parler s'il vous plait.

— Je m'appelle Samuel. Voilà, à présent nous nous connaissons. Vous m'avez dit que vous étiez Stéphanie, que vous étiez photographe amatrice et que vous aviez une sœur. Est-ce exact ?

— Vous êtes très attentif, effectivement.

— Vous auriez sur vous quelques-unes de vos photos ? demanda-t-il d'un ton étonnamment aimable.

— Oui, dans mon sac... Pourquoi ?

— Voulez-vous me les montrer ? Je suis curieux d'admirer votre style.

La jeune femme haussa les sourcils :

— Je croyais que vous me considériez comme une photographe sous-douée incapable de défendre ses idées ?

— J'ai employé le mot « sous-douée » pour vous définir ? Ça m'étonnerait.

— Arrêtez de jouer sur les mots !

— Les mots sont très importants. Bon allez, montrez-moi vos photos s'il vous plaît.

La jeune femme attrapa alors le sac qui gisait à ses pieds et en extirpa une chemise en carton verte.

— J'ai fait imprimer certaines de mes photos en différents formats, expliqua-t-elle en ouvrant la chemise.

Elle dévoila alors, les mains un peu tremblantes, ses photos favorites qui lui tenaient beaucoup à cœur.

Le premier cliché représentait un paysage à la montagne, avec quelques traces de neiges au milieu de larges parterres de fleurs.

— C'est très joli, complimenta Samuel. Où est-ce que ça a été pris ?

— Dans les Pyrénées, au printemps dernier, indiqua-t-elle, très surprise que son voisin n'ait encore rien critiqué.

— Le jeu de lumière est splendide. Les ombres font bien ressortir la blancheur de la neige et les lignes sont très équilibrées dans la diagonale. Joli travail.

— Merci.

La photo suivante était bien différente. Il s'agissait d'un mélange d'ombres floues et de couleurs fauves, sans que l'on puisse distinguer quoi que ce soit.

— Ce n'est visiblement pas un paysage, remarqua l'homme.

Stéphanie sourit :

— Vous ne devinez pas ? C'est le but. Une fois que je vous aurais dévoilé la nature de l'objet photographié, vous me répondrez « Mais oui, c'est évident ! ».

Intrigué, Samuel fronça ses sourcils et examina longtemps l'image. C'était comme si l'objet tournait sur lui-même au centre du cliché, de telle sorte que les contours n'étaient absolument pas discernables. Stéphanie le regarda tandis qu'il s'interrogeait, contente d'avoir enfin pu le faire taire.

Romance aérienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant