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Chap 3

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— Vous ne l'avez toujours pas deviné ? répliqua l'homme. Vous n'êtes pas assez attentive !

La jeune femme fut agacée par sa réponse.

— Eh bien tant pis, ne me dites rien, je n'ai pas besoin de savoir.

— Vous vous vexez trop vite, vous ne savez ni argumenter, ni défendre vos idées, je pense que vous avez du travail concernant votre personnalité.

— Vous êtes psy ou quoi ? Mêlez-vous de ce qui vous regarde.

— Je ne suis absolument pas psy. Et votre comportement me regarde, car je vais devoir vous supporter huit heures.

Outrée, Stéphanie croisa les bras :

— C'est plutôt moi qui vais devoir vous supporter huit heures !

— C'est tout ce que vous pouvez faire ? Croiser les bras ? Je ne vois pas en quoi cela vous aidera à avoir le dessus sur moi.

La jeune femme prit alors la décision de remettre ses écouteurs et éleva le volume de la musique jusqu'à ne plus entendre les propos de son voisin. Ses nerfs étaient à bout. L'homme avait l'air de savoir précisément ce qui l'énervait. Il jouait avec elle depuis le début : elle n'aurait jamais dû entrer dans son jeu. C'était justement ce qu'il attendait, et elle était tombée dans le piège comme une enfant de huit ans.

Après tout, elle se comportait peut-être effectivement comme une enfant de huit ans. Elle songea à la question qu'il lui avait posée : « Pourquoi partez-vous au Canada ? ».

À vrai dire, c'était un ami à elle, Bruce, qui le lui avait conseillé. Son meilleur ami, plus précisément.

— Dis-moi, ma Stéph', où tu en es avec tes photos ? lui avait-il demandé un jour qu'ils se promenaient en ville.

— Et bien... ça n'avance pas vraiment. Personne ne s'y intéresse.

— Tu sais que je travaille dans une galerie d'art ?

— Bien sûr.

— Pourquoi tu m'as jamais demandé d'exposer tes photos ?

Quelle question surprenante. Elle n'avait jamais osé, c'était tout ! Elle ne voulait pas l'embarrasser.

— Je ne sais pas, avait-elle bredouillé.

Il s'était arrêté de marcher :

— Je peux te proposer quelque chose. Si tu arrives à élargir ton style, je veux bien essayer de faire quelque chose.

— Quel genre de « quelque chose » ? Exposer dans ta galerie ?

Il avait souri de manière gênée :

— Non, mais je pourrais en parler à mon supérieur. Il te trouvera peut-être une petite galerie quelque part dans les rues de Paris, qui exposerait les artistes amateurs.

Elle avait levé les yeux au ciel.

— C'est ça, avait-elle lancé. Pour me faire arnaquer par le premier charlatan venu !

— Pourquoi tu ne me fais pas confiance ? C'est déjà mieux que rien...

Elle avait recommencé à marcher, puis il l'avait rattrapée :

— Mais il faut que tu fasses des trucs mieux !

— Comment ça, des trucs mieux ?

— Tu prends toujours des paysages en photo. Il faudrait peut-être songer à voyager, découvrir de nouveaux horizons...

— Très drôle, Bruce. Et je le trouve où l'argent pour payer le billet d'avion ?

— Demande à tes parents ! Ils sont pharmaciens et avocats, ils ont les moyens !

Elle avait secoué la tête :

— Je veux être indépendante...

— Alors commence par voyager ! Tu demandes l'argent à tes parents, tu voyages, tu prends des belles photos toutes nouvelles, tu reviens en France, tu trouves une petite galerie qui accepte les artistes amateurs, et tada ! Tu commences à être indépendante.

— Mouais... Et tu me conseilles d'aller où ?

Il avait réfléchi un instant.

— Canada ? Je suis sûr que ça te plaira.

Elle avait donc la réponse à la question de l'homme. C'était aussi simple que ça.

Rassurée d'avoir réalisé qu'elle était capable de défendre ses actions, Stéphanie commença enfin à somnoler doucement.

— Excusez-moi.

— Quoi encore ? s'exclama la jeune femme.

L'homme lui tendit un paquet de M&Ms.

— Vous en voulez ?

Stéphanie lui lança un regard appuyé dans les yeux.

— Vous n'êtes pas sérieux ? Vous me réveillez pour ça ?

— Mais ça partait d'une bonne intention ! Et je suis sûr que vous adorez les M&Ms.

— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

— Tout le monde aime les M&Ms, décréta l'homme.

— Ma sœur n'aime pas ça, répliqua Stéphanie, ravie de le contredire.

— Deux solutions : elle est allergique aux noisettes, ou bien elle fait attention à sa ligne. Je parierais pour la seconde option.

La jeune femme ne répondit pas. Il avait raison, et cela la faisait rager.

— Non, elle ne fait pas attention à sa ligne, mentit-elle. Elle n'aime pas ça, c'est tout.

— Je ne vous crois pas ; votre regard est fuyant, cela trahit votre mensonge... Mais ce n'est pas grave, prenez quand même un M&Ms, je sais que vous les aimez.

Stéphanie hésita, puis plongea la main dans le paquet.

— D'accord, maintenant laissez-moi dormir.

Mais l'homme ne semblait pas décidé à la laisser tranquille.

— Quel type de photos faites-vous ?

La jeune femme consentit à répondre :

— Un peu de tout. J'ai essayé les portraits, mais je préfère les paysages.

— Avez-vous essayé la photographie dans le but de dénoncer ?

— Quoi ? Non, c'était juste pour...

— Quel est votre but avec la photo ? coupa l'homme, la regardant intensément.

Troublée par l'attention qu'il portait sur elle, Stéphanie bégaya :

— Je... Je ne sais pas exactement... Montrer des choses belles...

— Tss tss, fit l'homme en secouant la tête. Ça ne va pas du tout. Dites... Quel est votre nom déjà ?

— Stéphanie.

— Voilà,Stéphanie,ne le prenez pas mal, mais vous n'avez pas l'œil d'une photographe.

Romance aérienneWhere stories live. Discover now