Romance aérienne

Prologue

— Oui Papa, promis je fais attention à moi... je suis en retard, je vais rater mon vol. D'accord bisous. Moi aussi.

Stéphanie Helton raccrocha son téléphone et se hâta vers la salle d'embarcation, inquiète à l'idée d'être arrivée après la fermeture des portes.

— Dépêchez-vous mademoiselle, conseilla l'hôtesse. L'avion décolle dans quelques minutes à peine.

— Je suis vraiment désolée. Tenez, voici mon passeport et mon billet.

— Vous pouvez y aller.

Soulagée, la jeune femme emprunta alors la passerelle et fut accueillie à bord par une hôtesse très mince qui l'invita à entrer. Stéphanie jeta un œil à son billet pour trouver le numéro de sa place. Lorsqu'enfin elle parvint à son siège, elle découvrit un homme assis à sa place, lisant un journal.

— Excusez-moi monsieur, je crois que je suis assise ici.

L'homme referma son journal et sourit, comme s'il s'était attendu à la remarque de la jeune femme :

— Actuellement, c'est moi qui suis assis ici. Vous, vous êtes debout.

Stéphanie fronça les sourcils. Elle n'appréciait absolument pas ce genre d'humour.

— Non, mon billet indique cette place. S'il vous plaît ? demanda-t-elle en appelant l'hôtesse.

— Voyons, vous n'allez quand même pas faire un scandale pour une place d'avion. Regardez, il y a une place libre à côté de moi.

— Eh bien vous n'avez qu'à prendre cette place libre et me laisser ma place à moi, comme ça tout le monde est content.

— Non, pas moi, répliqua l'homme. J'aime bien être du côté hublot, je peux admirer la mer de nuages. Vous n'aimez pas admirer les paysages ?

— Si, justement, répondit Stéphanie. Je suis photographe. Alors rendez-moi mon siège.

— Il y a un problème ? intervint l'hôtesse.

— Oui, dit Stéphanie.

— Non, dit l'homme.

— Il a pris ma place.

— Voyons, on dirait une gamine de huit ans ! remarqua l'homme en croisant les mains derrière sa tête.

Décidément, il semblait très à l'aise dans cette situation de conflit et déterminé à rester là.

— Monsieur, je vous prie de bien vouloir vous lever. Votre place est juste à côté et...

— Mais je suis malade en avion. Je suis en proie à de sévères crises de panique si je ne suis pas du côté hublot !

— Vous vous foutez de moi ? lâcha Stéphanie, qui ne crut pas un mot de son histoire.

Autour d'eux, les gens commençaient à fulminer et à montrer leur agacement.

— À vous de voir, déclara l'homme. Soit vous faites un scandale et vous retardez le vol, mais au final vous gagnerez et vous aurez votre place, soit vous faites preuve de souplesse et vous me laissez la place du côté hublot.

— Très bien, s'énerva Stéphanie. Je ne vais pas faire de scandale, je m'assois à côté.

— Mademoiselle, commença l'hôtesse, nous pouvons appeler la sécurité si...

— Non merci, lui sourit la jeune femme. C'est très aimable à vous mais je ne veux pas retarder ce vol.

— N'hésitez pas à appeler en cas de problème.

Stéphanie s'assit donc au milieu de la rangée de trois sièges, entre l'homme insupportable et une vieille femme.