Chapitre 8 ⋅ Le Prince et le Roi

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Kinako et Tatsuya s'affairaient déjà à leurs activités respectives lorsque Mahiru poussa la porte du local dans un soupir. Sa conversation avec Miya Atsumu toute fraîche de quelques minutes tanguait encore dans sa mémoire. Ça avait été un franc succès : il avait accepté de se faire interviewer, certes en posant ses conditions, mais le volleyeur avait accepté quand même. C'était inattendu, inespéré même, et pourtant terriblement satisfaisant. Voilà déjà un poids qui s'envolait de ses épaules.

Son regard tomba sur les deux personnes déjà présentes dans la pièce. Kinako avait quitté sa chaise et son bureau pour s'approcher d'elle en sautillant, armée d'un sourire large comme les rayons du soleil.

— De bonnes nouvelles ? s'enquit-elle.

— Plutôt, oui. Toi aussi visiblement.

— Tu vas être ravie ~

Le ton mystérieux qui vibra dans sa voix intrigua Mahiru, et elle ferma pour de bon la porte derrière elle, tandis que sa meilleure amie s'installait sur l'îlot central. Entre ses doigts s'agitait un petit bout de papier griffoné de kanjis, achevant d'exacerber sa curiosité déjà bien titillée. Non sans prendre le temps d'abandonner son sac de cours contre une tour d'ordinateur, la jeune reporter se laissa tomber sur la chaise à côté de laquelle Kinako était installée. Et, le menton au creux de la paume, elle leva ses yeux de chien battu vers elle :

— C'est quoi ta bonne nouvelle ?

Le sourire de la cheffe s'élargit aussitôt, comme elle était fière de son effet, puis elle brandit la feuille devant son nez. Mahiru grimaça et recula la tête, à la fois agacée et impatiente. L'autre gloussa, avant de reprendre avec suffisance.

— Il se pourrait bien que j'aie réussi à t'obtenir une interview avec ton cher et tendre Murao Ryouhei.

— Sérieux ?!

Son éclat de voix traversa la pièce comme le souffle d'une bombe. Derrière elles, les cliquetis du clavier cessèrent un instant comme Tatsuya lui décochait un regard éloquent, grivois même dans le silence de la pièce – silence que seuls les ventilateurs des vieux postes informatiques en pleine crise d'asthme rompaient. Kinako reprit d'une voix guillerette :

— Oui, sérieux. Lundi midi, mets ton plus beau mascara, ce sera ta chance ~

Il n'en fallut pas plus pour qu'un sourire se fraye un chemin sur les lèvres de l'adolescente, qui bondit si vite de son assise que la chaise tomba en arrière avec fracas, et se jeta au coup de son amie. Si elle hoqueta de surprise, cette dernière finit par glousser en retour.

— Oh, merci merci merci ! couina Mahiru en la serrant contre elle. T'es la meilleure des amies, tu le sais, ça ?

— Bien sûr que je le sais. Je me demande ce que tu ferais sans moi, d'ailleurs ~

— Moi aussi mais... Oh la la, je vais interviewer Murao Ryouhei ! C'est trop dingue, je crois que je vais m'évanouir !

Sa voix gagna en hauteur au fil des mots qu'elle prononça – si bien que sur la fin, ce n'était plus qu'un ramassis de phonèmes incompréhensibles – et elle agitait les mains devant son visage comme pour s'éventer. Cette nouvelle était un véritable cadeau du ciel ; après Miya Atsumu qui acceptait, voilà un deuxième problème qui se résolvait sans accroc. Elle songeait sérieusement à aller faire un tour au temple pour faire dix mille offrandes de remerciement, au moins. La voix de sa meilleure amie l'arracha toutefois bien vite à ses pieuses pensées :

— Et toi, ta bonne nouvelle ?

— Ah, euh... pas grand-chose, c'est juste que l'autre pignouf a accepté l'interview sans rechigner.

Salade de Fruits |HQ!!|Where stories live. Discover now