Chapitre 39 ⋅ Tics nerveux

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Mahiru n'eut pas tout à fait le temps d'appliquer les conseils de sa mère, et ce même si c'était elle qui les lui avaient demandés. Le fil de la semaine l'en empêcha tout bonnement, l'emprisonnant dans son rythme soutenu d'heures de cours, de préparations pour la journée d'intégration sportive et de petits soins quotidiens pour sa vilaine brûlure au creux de la main, si bien qu'elle avait à peine commencé à réfléchir à comment « casser les codes » que déjà le vendredi matin pointait le bout de son nez. Et qui disait dernier jour de la semaine, disait aussi dernière heure de travail d'intérêt général en compagnie de Miya Atsumu.

Ils avaient dû venir encore plus tôt que les jours précédents, ce matin-là, en raison des événements sportifs qui allaient s'enchaîner dans la journée et commenceraient une demi-heure avant les horaires habituels du lycée – les cours ayant été suspendus. Pour autant, contraints de se dépêcher de faire leur travail avant l'arrivée des autres du lycée, le volleyeur et elle n'avaient pas pu beaucoup discuter pendant cette heure-là non plus. Mahiru s'était contentée d'arroser les petits parterres de sa bonne main, gardant l'autre à l'abri d'une des longues manches du chandail de son uniforme d'hiver revêtu pour l'occasion, tandis qu'Atsumu s'était occupé des plus gros massifs à l'aide du tuyau d'arrosage. Un travail, en somme, qui ne leur avait pas laissé une minute pour souffler.

— Ouah, je crève de chaud !

Le volleyeur venait de la rejoindre près de la porte arrière après avoir rendu le matériel généreusement prêté par le club de jardinage. Il avait ôté sa veste d'uniforme en route de sorte à la coincer sous son bras, dévoilant dans ce geste sa chemise mal boutonnée et un peu juste pour ses épaules d'athlète – qui n'étaient de toute évidence pas aussi larges quand l'uniforme lui avait été remis en première année de lycée. Mahiru s'en détourna dans une inspiration mal à l'aise pour répondre à sa remarque sur la température.

— On va rôtir cet aprèm, si ça continue comme ça, acquiesça-t-elle alors, non sans un coup d'œil inquiet vers le ciel plus bleu que bleu qui s'élevait au-dessus d'eux.

— Toi plus que les autres, avec ton machin en laine, lui fit-il remarquer en la désignant d'un mouvement de la tête.

— Ça s'appelle un chandail, idiot. Tu sais, ce truc qui te permet de pas avoir froid en hiver.

— En hiver, oui. Sauf qu'on est un peu le 31 mai et qu'ils annoncent vingt-six degrés pour aujourd'hui.

La reporter haussa les épaules avec détachement. D'une nature guère frileuse, elle savait très bien qu'elle allait mourir de chaud ; déjà au cours de la semaine elle était plus d'une fois rentrée chez elle en nage à force de le porter sous les températures de fin de printemps. Pour autant elle nourrissait l'espoir que la chaleur serait plus supportable sous sa veste de survêtement – car plutôt mourir que de laisser sa main pansée à la vue de tous, et surtout cette fouine d'Atsumu.

— Ugaki a dit que le Bureau des Étudiants avait prévu des bouteilles d'eau pour tout le monde, déclara-t-elle alors pour couper court à la discussion, avant d'ouvrir la porte arrière du bâtiment principal.

— C'est quoi cet argument tout pourri ? ricana-t-il de scepticisme, en entrant néanmoins à sa suite dans le hall. T'auras beau boire tout ce que tu veux, tu vas pas tenir longtemps habillée comme ça.

— Je le sais bien, pauvre tâche, c'est pour ça que je vais me changer. De toute façon, c'est tenue de sport obligatoire, donc je n'aurais certainement pas pu le porter toute la...

La fin de sa phrase mourut sur ses lèvres quand ils entrèrent pour de bon dans le genkan grouillant de monde, et elle s'arrêta brusquement dans son élan au bord du couloir, si bien qu'Atsumu lui fonça dedans la seconde d'après.

Salade de Fruits |HQ!!|Where stories live. Discover now