Chapitre 38 ⋅ Conseils avisés

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Le soir venu, Mahiru n'avait pas totalement fait le tri dans ses pensées, qu'il s'agisse de ses propres sentiments de plus en plus épars au fil des conversations échangées avec Atsumu ou bien de la manière de le lui faire comprendre. Lui ne l'aidait pas, bouché à l'émeri malgré l'absence totale de discrétion de la part de la reporter, ainsi que toutes ses gaffes qu'il interprétait complètement de travers. Tout à l'heure encore, à la sortie du lycée, il lui avait demandé la raison de sa colère en la surprenant à rougir, alors même qu'il venait de la rejoindre devant son casier sans but apparent – si ce n'est celui de la taquiner une fois de plus.

Une nouvelle série de picotements lui traversa les joues à ce souvenir, comme le volleyeur avait également pris cette désagréable habitude de s'appuyer sur son épaule pour s'adresser à elle. C'était sans doute pour la charrier sur sa taille comme à chaque fois, lui rappeler combien elle était minuscule par rapport à lui, cependant il restait difficile pour Mahiru de ne pas paniquer intérieurement à la sensation chaude de sa peau contre la sienne à travers le coton de sa chemise.

Elle secoua la tête dans un frisson troublé, pas sûre de réussir à s'en défaire avant la fin de la soirée, à l'instant même où la voix de sa mère retentissait en provenance du premier étage.

— C'est toi, ma luciole ?

— Oui, pardon, j'me suis pas annoncée, lâcha-t-elle dans un soupir fautif.

Une pensée peu amène s'envola vers cet idiot d'Atsumu, qui lui troublait tellement le cœur qu'elle en oubliait les convenances japonaises. Le rire de Kaori lui répondit toutefois, et l'instant d'après sa tête apparut en haut des escaliers.

— T'es dans la lune, Mahi-mahi, lui fit-elle remarquer avant de descendre quelques marches pour venir à sa rencontre, tandis que l'autre grognait de mécontentement.

— Oh nan, pas ce surnom...

— Il te faisait rire, pourtant, quand tu étais petite.

— Oui, mais c'était avant que je comprenne ce que c'était réellement, un mahi-mahi.

Sa mère sourit tendrement en réponse, puis la contourna pour se diriger vers la cuisine où quelque chose cuisait déjà – l'eau pour le thé, sans doute. Mahiru la suivit en traînant des pieds, l'esprit toujours focalisé sur ce vieux surnom que l'adulte avait ressorti des profondeurs obscures de son enfance. C'était typiquement le genre d'appellation qui pourrait plaire à un certain volleyeur adepte des comparaisons animalières, en plus. Quelle plaie.

— Ça a été ta journée ? s'enquit sa mère quand elle la rejoignit dans la cuisine.

— Tranquille. On se reparle, avec Kinako.

— C'est une bonne nouvelle, ça ! Vous vous êtes expliquées ?

— On peut dire ça, murmura l'adolescente après un court silence de réflexion. Elle m'a dit pourquoi elle s'est éloignée.

Sans se départir de son sourire bienveillant, son interlocutrice leva le nez du plateau qu'elle était en train de préparer, un bol en porcelaine dans chaque main, pour l'interroger du regard.

— Et donc ? Rien de grave, j'espère ?

— Ah non non, c'est pas grave, en soi. Pas grave du tout , même.

— T'en as pas l'air sûre, fit remarquer l'adulte dans un froncement de sourcil intrigué.

— Si ! Enfin, c'est plus compliqué que ça. Disons juste que...

Le sifflement de l'antique bouilloire en fonte tout près d'elle l'interrompit dans ses explications, et Mahiru se retourna dans un sursaut vers la gazinière où l'eau en plein ébulition débordait. Comme sa mère avait les mains prises et dans une volonté de lui venir en aide, elle qui faisait toujours tout dans la maison sans jamais cesser d'écouter ses misères, la brunette ne réfléchit guère longtemps et décida de lui faciliter la tâche.

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