Paris 1996, jour pluvieux.
Un vendredi soir entre collègues, de la pluie, un paquet de cigarettes (malheureusement), et un sourire un coin ne semblant pas décidé à s'effacer. C'est dans ce contexte que Béa l'a rencontré. Il était spécial, voire un p...
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— « La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue. »
Jean 1.5 —
Paris, 1996
C'était presque un automatisme. Tout exécuter. Cette routine matinale, je l'avais dans le sang. Je vérifiai une dernière fois ma tenue, et enfilai un trench, anticipant déjà la météo de ce soir. Mon sac en main, je me dirigeai vers la boulangerie pâtisserie de mon aimable voisin, Lucien. L'odeur des fourneaux déjà arrivée à mes narines, je me languissai de la viennoiserie que j'allais recevoir dans la minute qui suivait. Lucien tenait son petit commerce local depuis des années, c'était de famille. La preuve, sa fille Gaëlle l'accompagnait aux fourneaux aujourd'hui - comme tous les autres jours où elle n'avait pas cours. Gaëlle aimait travaillé ici, ça se voyait mais ce n'était pas une passion et en aucun cas, un futur métier pour elle : ça se voyait aussi. Malheureusement.
- Bonjour Mademoiselle Rayne !, me salua la blonde.
- Oh Gaëlle, soupirais-je. Combien de fois dois-je te dire de m'appeler Béa ? Je ne veux pas me faire à l'idée de vieillir et encore moins d'être célibataire.
Elle rit.
- Alors...Béa, comme d'habitude?
Je me plaignais de la routine, pourtant je ne prévoyais jamais de changement.
- Comme d'habitude.
Elle me tendit à ma grande surprise une carte et un sachet contenant un pain au chocolat. J'avais horreur des croissants, tous mes proches le savait.
- C'est gratuit pour votre anniversaire, dit-elle, un clin d'œil accompagnant ses dires.
- Oh merci !
Je la saluai puis marchai rapidement vers le cabinet.
Je croisai la dame de fer sur mon chemin. Je savais ce que ça faisait, d'être grande, encore plus avec ces talons aiguilles censés représenter ma féminité.
C'était idiot. Tout ce que ces échasses mettait en lumière c'était ma grande taille et ma tendance à être ce qu'on voulait que je sois. Par contre, ce qu'elles cachaient bien c'était un horrible mal de pieds. Une véritable torture quotidienne.
- Toujours pressée à c'que je vois.
Je n'avais même pas le temps d'entrer dans mon bureau qu'on m'avait déjà interpellée.
- Maître Kang.
- Oh Béa, appelle-moi Joseph. Qu'est ce que j'ai fais pour que tu sois d'aussi mauvaise humeur?
- Demande-toi plutôt ce que tu n'as pas fais...
- Qu'est ce que j'ai oublié encore ?, il se mit à réfléchir.
