Chapitre 26 Bonheur perdu

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Quand Lédara se réveilla, le soleil était déjà levé, ses rayons filtrant des fenêtres à travers les lourds rideaux de brocart rouge. Cependant, la jeune femme ne sortit pas de son lit. C'était la première fois qu'elle paressait ainsi, mais elle avait une promesse à tenir. Elle repensa alors à la désastreuse soirée de la veille. Tous ses compagnons avaient été présents et Cole avait mis le doigt exactement là où elle avait mal. Elle aurait souhaité que Cullen reste avec elle, mais ce qu'il avait fait était déjà immense et elle ressentait une gratitude infinie à son égard. Plus elle y pensait, plus elle se rendait compte qu'elle avait dû lui causer beaucoup de soucis, à lui et à Cassandra, ainsi qu'à tous ses compagnons. Lédara se sentit alors égoïste d'avoir agi ainsi, d'avoir pensé qu'elle pourrait surmonter son mal sans l'aide de personne.

L'Inquisitrice se redressa sur son séant avec la ferme intention de tenir sa promesse et de se racheter auprès de ses compagnons. Elle s'extirpa de sous les couvertures et se leva, marchant pieds nus sur le gros tapis de jute décorés des armes de l'Inquisition en direction de sa garde-robe. Il lui fallait quelque chose de simple. Pas la robe que lui avaient confectionnées les couturières à son retour des Portes du Ponant : elle était si tape à l'œil avec ses tissus rouges vifs et le grand dragon d'or brodé sur tout son long qu'elle en avait presque rougi en la portant lors du procès du magister Erimond de Virante. Lédara repoussa les différentes tenues et récupéra la toute première robe qu'elle avait portée à Fort Céleste. Elle était d'un bleu turquoise clair avec de petites broderies ton sur ton, ses longues manches étroites sous un manteau évasé adoucissant la droiture de son col serré. Elle l'appréciait car elle lui rappelait le regard surpris et langoureux que lui avait jeté le Commandant la première fois qu'elle l'avait mise.

Une fois habillée et coiffée, une large tresse retombant le long de son dos, elle descendit de sa tour et se rendit dans la bibliothèque en espérant y trouver Dorian. Comme elle s'y attendait, elle le trouva assis dans un fauteuil, confortablement installé pour une lecture toutefois peu passionnante au vu de son regard ennuyé.

- Bonjour Dorian, dit Lédara en s'approchant de lui.

- Ma dame, la salua Dorian en refermant son livre d'un coup sec. Puis-je vous être utile ?

Le mage sembla ne pas faire cas de ce qui s'était passé la veille.

- J'aurais besoin de vos conseils et de vos... compétences, lui répondit-elle.

- Vous m'intriguez, ma Chère, dit le mage en se levant de son fauteuil, le sourire aux lèvres. Venez, allons dans un endroit moins fréquenté.

L'Inquisitrice acquiesça et suivit Dorian jusqu'à une petite salle attenante à la bibliothèque qui devait servir de salle d'étude. Au centre de la pièce étaient disposées deux petites tables avec des chaises, de nombreuses chandelles et des torches pour seuls éclairages. Dorian invita la jeune femme à s'asseoir avant de s'installer lui-même face à elle.

- Dites-moi tout, lui dit-il alors avec son éternel sourire charmeur.

- Comment marchent les phylactères ? lui demanda Lédara de but en blanc.

Dorian sourcilla légèrement.

- C'est assez simple, expliqua-t-il, les phylactères sont de petits récipients de sang provenant de mages auxquels on jette un sortilège de traçage. Cela permet aux templiers de retrouver les mages qui s'enfuient des Cercles.

- Est-ce que l'on peut créer un phylactère à partir d'une personne qui n'est pas mage ? continua Lédara.

- Tout à fait. On ne le fait qu'aux mages parce que votre Chantrie y trouvait une utilité certaine dans le contrôle de ses mages, mais tout un chacun peut posséder son propre phylactère. C'est d'ailleurs ironique que la Chantrie se serve de magie du sang pour garder ses mages sous contrôle, alors qu'elle proscrit ce type de magie avec véhémence...

L'ère du dragon - InquisitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant