Chapitre 35 L'Intrus

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Deux ans plus tard...

La nuit venait de tomber dans les Plaines sifflantes, au-delà de la Porte du Ponant. Un léger vent frais se leva enfin, balayant lentement la pesante chaleur qui avait étouffé la région durant toute la journée. On n'entendait alors plus qu'un doux sifflement qui traversait le canyon où se trouvait le campement ainsi que le sable virevolter et recouvrir subrepticement la toile des tentes de l'Inquisition.

Un soldat s'approcha d'un large pavillon et s'arrêta devant les pans de tissus refermés :

- Inquisitrice, lança-t-il avec assurance, il est l'heure, comme vous l'avez demandé.

Le soldat attendit quelques instants devant la tente, ne sachant s'il devait réitérer son annonce ou retourner à ses tâches, lorsqu'il entendit un bref acquiescement provenant de l'intérieur du pavillon. Il repartit rapidement à ses occupations alors que le campement semblait se réveiller d'un long sommeil.

Lédara resta allongée sur sa couche un instant ; elle n'avait pas réussi à fermer l'œil de la journée, ayant écouté les bruissements des petits animaux et souffert de la chaleur ardente au travers des tissus. Cela faisait plus d'un mois qu'elle avait quitté Fort Céleste pour gagner cette région reculée de Thédas où des failles avaient été recensées. Elle avait d'ailleurs passé ces deux dernières années à parcourir des milliers de kilomètres afin de réparer le Voile à l'aide de l'Ancre immuable et ce entre des jugements et des dîners dans les différentes cours orlésiennes et féreldiennes.

Elle tenait entre ses doigts une lettre reçue une semaine plus tôt et maintes fois lues, les rebords écornés et de petites stries longeaient les plis du parchemin.

Encore une fois, elle parcourut la missive :

Mon Amour,

Il me semble que cela fait une éternité que tu es partie pour les Plaines sifflantes. La forteresse se porte bien, aucun fait nouveau ne s'est produit depuis ton départ. Enfin, si, Séra a encore fait une farce à un invité de Joséphine... Je dois dire que je n'ai pu m'empêcher de rire en voyant la marquise de Gladry recevoir un seau d'eau sur sa haute perruque ! Elle s'est refusé d'ôter son masque alors que sa chevelure ruisselait d'eau faisant couler son maquillage surchargé. Ces nobles orlésiens, je ne comprends toujours pas leur obsession de porter un masque.

Je dois t'avouer que ta longue absence m'inquiète ; je serais rassuré si tu me disais que tu repartais bientôt pour Fort Céleste. Je sais que je te l'ai déjà dit avant que tu ne partes, mais tu ne devrais pas forcer sur l'Ancre... Je prie pour que tout aille bien pour toi.

Je t'écris également pour t'informer d'une chose que j'ai trop tardé à te dire : mes parents viendront à Fort Céleste pour me rendre visite... et te rencontrer. Ils devraient arriver dans un mois, accompagnés de ma sœur aînée, Mia. Il est une autre chose que je ne t'ai pas dite : j'ai peut-être... omis de leur dire que j'avais une compagne, et qu'elle était l'Inquisitrice de surcroît... Il faut dire que je n'ai pas entretenu beaucoup de rapports avec ma famille, et c'est ma sœur qui a fini par retrouver ma trace, après la destruction de Darse. Tu sais que je parle très peu de moi...

J'ai d'ailleurs été étonné que les rumeurs sur notre relation ne se soient pas confirmées en dehors de Fort Céleste ; d'après Séra et Varric, beaucoup de rumeurs sur tes différentes amitiés circulent et se confondent. Et je suppose que si mes parents avaient été certains de ce fait, ils seraient venus plus tôt.

Bref, veuille m'excuser de n'avoir parlé de toi à mes parents. Je corrigerai mon erreur avant ta rencontre avec ma famille, je te le promets.

L'ère du dragon - InquisitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant