Flashback

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Il y a une dizaines d'années, à Florence.

L'orage grondait, comme pour annoncer une mauvaise nouvelle. La pluie se déversait à torrent sur la ville, l'eau s'écoulait au bord des ruelles pavées. La plupart des gens se dépêchait de rentrer à l'intérieur de leur maison. Seul un homme remontait les rues, vêtu de son capuchon noir et d'une longue tunique de même couleur. Il paraissait serein pour selon que les éclairs se déchaînaient dans le ciel noir. L'homme finit par entrer dans une des nombreuses tavernes de la ville, Corvo Nero, Le Corbeau Noir. Des femmes seulement vêtues de quelques tissus slalomaient entre des tables remplis d'hommes ivres, entrechoquant leur chope de bière ou de vin. Sans attendre, l'homme en noir traversa la pièce en veillant à ne bousculer personne. Il adressa un signe de tête à un homme au comptoir avant de le dépasser pour rejoindre l'arrière-boutique. Il devait voir quelqu'un.

L'homme descendit les escaliers menant à la cave et observa tous les tonneaux contenant le précieux alcool qui faisait la fortune des tavernes. Il faisait très sombre alors il s'était armé d'une bougie. Seuls les explosions de lumière des éclairs l'aidaient à l'orienter. Puis, grâce à eux, il distingua une silhouette, accoudée à un large tonneau. Un éclat en surbrillance lui fit deviner que l'inconnu tenait une lame entre ses mains.

— J'ai fait le travail, Lupo, lança l'homme en noir, c'était la dernière fois. Je ne refais plus ça, j'ai fini.

— Oh, Lucciano, soupira le dénommé Lupo en faisant tapoter la lame contre le tonneau, c'est cette puttana de Giulia qui te l'a mis dans la tête ?

— Je t'interdis de la dénommer de la sorte bastardo ! S'écria Lucciano, j'ai décidé seul et je ne tremperais plus dans tes sales affaires !

— Tu sais que tu ne peux pas arrêter Fil, expliqua Lupo d'un ton calme, tu es un mercenaire, le mien qui plus est.

Lucciano serra la mâchoire et posa le bougeoir sur un tonneau, dévoilant partiellement le visage balafré de Lupo. Ses yeux presque noirs dévisageaient son second, l'un des meilleurs mercenaires avec qui il avait beaucoup fait affaire.

— J'ai tous les droits sur toi, continua Lupo, et tu ne peux pas m'abandonner maintenant, pas lorsque le commerce est si florissant.

— Je ne veux plus assassiner Lupo, c'est fini pour moi, j'en ai assez.

— Parce que tu crois avoir le choix Fil ? Demanda son interlocuteur sur un ton rempli de sous-entendus, tu ne mettrais pas en péril ta petite famille pour un boulot que tu as si bien exécuté jusqu'ici, n'est-ce pas ?

Stronzo...Souffla Fil en grimaçant.

— Oh non, je ne crois pas, répliqua Lupo en riant, tu m'obéis et Giulia restera en vie, sinon, tu sais ce qu'il se passera. (Lucciano soupira, accentuant le large sourire du malfaiteur) Bien, il semblerait que tu ais fait le bon choix.

— Je n'ai rien choisi ! Répondit sèchement Fil en abattant son poing sur le tonneau près de lui.

Pourtant, son geste n'eut pas l'effet escompté. Lupo n'esquissa aucun mouvement si ce n'était qu'un rictus amer. Rapidement, il rangea la lame dans son manteau.

— Alors je comprends que tu t'opposes à moi, Fil, conclut Lupo en réajustant ses vêtements, buona fortuna pour ce que tu vas subir.

Puis il disparut dans le noir. Jamais Fil ne se senti aussi préoccupé pour sa famille. Il sorti de la taverne et détailla le grand corbeau noir qui indiquait son entrée. Il pressentait que son ombre planait au-dessus de lui et de Giulia. Il se hâta chez lui pour la retrouver. Il devra la protéger plus que tout. Elle et Orazio, son fils.

Le tueur au masque de porcelaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant