Chapitre 57

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Connaître un peu plus la vérité chaque jour et se laisser traîner vers le bas

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Connaître un peu plus la vérité chaque jour et se laisser traîner vers le bas. C'était ce que j'avais vécu ces dernières semaines. À chaque fois qu'on m'assénait un nouveau coup sur mon corps affaibli, je me laissais aller un peu plus jusqu'à succomber sur le sol.

Mais à chaque fois, la main de Jungkook me rattrapait par le col pour me tirer et me remettre sur pieds. Comme je n'avais pas non plus le courage de me battre, je me remettais debout sans rien dire et puis je me relaissais tomber juste après.

La semaine qui avait suivi ma sortie de l'hôpital avait été la plus longue de ma vie. Lorsque ma mère et ma sœur avaient elles aussi eu le droit de sortir, nous nous étions retrouvés tous les trois enfermés dans une maison, diminués de nos capacités motrices et torturés par le décès de la quatrième personne qui faisait de nous une famille.

Contrairement à l'attente en chambre d'hôpital, la vie à la maison après un tel accident nous montrait à quel point on ne savait plus rien faire.

Après l'explosion, on avait trouvé chez Hana un fort problème d'oreille interne à cause du choc sonore. Depuis, elle avait des vertiges, avait du mal à se lever et à se repérer dans l'espace pour s'asseoir et ne réussissait pas à marcher droit sur de longues distances. Yeonjun, son copain avec qui elle était depuis maintenant quelques semaines, passait la majeure partie de ses vacances chez nous, à l'accompagner dans chaque pièce de la maison.

Ma mère avait été la plus chanceuse de nous trois, elle n'avait pas réellement de séquelles physiques. Mais elle s'était effondrée six pieds sous terre en apprenant la mort de son mari et peinait à s'accrocher à un bout de terre ferme pour remonter à la surface. Elle croulait sous les démarches administratives et les appels de la famille et ne pouvait s'empêcher de sacrifier le peu de temps qu'elle avait pour souffler à s'occuper de Hana et moi.

Se connaissant qu'à peine, la mère de Jungkook s'était pourtant imposée face à la mienne et venait tous les jours l'aider à signer les papiers, la conduire chez le médecin, aux pompes funèbres, chez l'avocat, à l'Ambassade, ... Ma mère avait refusé au début, mais maintenant Mun-Byul restait même chez nous jusque tard le soir, presque comme amie, pour faire à manger ou la lessive dès que ma mère avait le dos tourné.

Et tandis que Hana et ma mère avaient plutôt tendance à se murer dans le silence quand la baisse de moral devenait vraiment sévère, j'avais eu l'horrible surprise de découvrir que ma convalescence à moi évoluait dans l'aigreur et l'agacement.

Ça me tuait de voir Hana se déplacer en gémissant, ça me torturait de voir ma mère éviter les pièces de la maison que mon père aimait le plus, parce qu'au fond tout était de ma faute. Comme je n'en pouvais plus de pleurer ou de rester silencieux, j'avais décidé de devenir impatient et bruyant, au grand désarroi de Jungkook.

On était déjà en plein mois d'août quand j'avais eu l'autorisation d'à nouveau fouler le parquet d'une salle de danse sans l'aide d'un professionnel en rééducation. Jungkook m'avait accompagné jusqu'au Carré, pour profiter de la salle tout en haut. J'étais déjà resté planté devant le bâtiment pendant vingt minutes, incapable d'y entrer tellement les odeurs que je percevais déjà de l'extérieur me remettaient des souvenirs en bouche.

FlashbackWhere stories live. Discover now