Chapitre 58

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FELIX

   - Grand frèèèère ! S'écria Ilsang en montant en courant les escaliers de la mezzanine. Enlève ta chamiiiise !

Il brandit fièrement le pot de crème en s'approchant de moi. Je pouffai.

   - Il n'y a plus aucune trace, Ilsang. C'est guérie.

    - Non non non. Tonton Channie a dit que je devait t'en mettre tous les matins pour que tu aille mieux.

    - ça fait un mois que tu m'en met tous les matins. Je vais mieux, maintenant.

   - C'est pas vraiii ! Là c'est encore tout foncé ! Fit-il en désignant mes yeux.

Je me mordis la lèvre en soupirant. Il souleva ma chemise et étala la pommade sur mon ventre pourtant immaculé. Je me laissai faire. À quoi bon le rendre triste ? Puis, il remonta vers mon visage et approcha son doigt de mes yeux.

    - Ferme les yeux.

   - Qu'est-ce que tu fais ?

   - Tonton Channie a dit d'en mettre partout où c'est bleu.

Je soupirai, et il étala la crème sur mes cernes. Fière de lui, il me laissa enfin partir et courut reposer la pommade sur la commode. Je souris tristement, avant de descendre à mon tour pour prendre le petit déjeuné. 

Et, comme tous les jours, mon quotidien repris. Donner le petit déjeuner à Ilsang. Aller garder la librairie avec Ilsang. Faire les courses avec Ilsang. Préparer le repas pour Ilsang et grand-mère. Lire des histoires à Ilsang. Nettoyer la maison. Acheter de la laine pour mamie avec Ilsang. Ranger les jouets d'Ilsang qui trainent. Ranger le linge sec. Et enfin, prendre le chemin de chez Minho.

   - Bonjour Minh... o...

Je soupirai. Le couturier n'était pas là. Sans doute était-il encore entraine de garder la boutique. Ilsang partit directement vers le fond de la pièce pour jouer, et je me laissai tomber sur le lit. Un long soupir franchit mes lèvres. Je fermai les yeux, l'esprit vide. Je ne saurai dire combien de temps je suis resté ainsi. Sans bouger. Sans dormir. Sans réfléchir. Juste comme ça.

Un bruit de porte parvins à mes oreilles, et je ne bougeai pas. 

    - Bonjour, Chan. Fis-je lascivement. Minho et encore en haut, je cr-

    - GRAND-FRERE CHANGBIIIIIIIN ! 

Je ne bougeai pas. J'étais comme figé. L'information mit du temps à monter jusqu'à mon cerveau. 

   - Changbin ? Fis-je en me redressant.

J'avais peur que ça soit un rêve. Une blague. Une illusion. Un mirage. Mes yeux s'embuèrent, tandis que nos regards ne se quittaient pas. Les larmes coulaient silencieusement sur mes joues. Il ouvrit doucement les bras, les yeux humides. Je me levai lentement, avant d'avancer en trainant les pieds. Arrivé à son niveau, il me serra fermement dans ses bras, alors que je fondai en sanglot. Je le serrai de toutes mes forces, comme pour l'empêcher de repartir. Il était complètement trempé et tremblait de froid et de fatigue. Mais malgré tout, il me serrait plus fort qu'il ne l'avait jamais fait. 

    - Pourquoi vous pleureeeeez ? Demanda Ilsang en tirant sur nos chemises. Pourquoi vous pleureeeez... Et... Et pourquoi je pleuuuure ? Grand frèèère...

Changbin détacha un de ses bras de mon dos et vint porter Ilsang entre nous. Je passai un de mes bras sous le sien pour l'aider à supporter le poids du petit roux, et Ilsang nous serra contre lui. Et on pleura. Tous les trois. Pendant de longues minutes.

Why ° Stray Kids 🔚Where stories live. Discover now