30- Chez nous

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Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là.

Longtemps, le soleil commence à descendre derrière la forêt que j'ai en face de moi.

Mon ventre gargouille. Je n'ai rien mangé depuis les pancakes de ce matin et on sait où ils ont terminé. Je reprends la route pour retourner à l'hôtel. Je récupère mes affaires et je rends les clés.

Qu'est-ce que je fais ?

Il est trop tard pour reprendre la route. Mais je n'ai pas envie de dormir une nuit de plus dans cette chambre. Je prends une grande inspiration. Je n'ai pas envie de partir d'ici.

J'ai retrouvé Arvin.

J'ai fui, j'ai préféré le fuir que de continuer à chercher des explications. Je l'ai retrouvé. Pourquoi je suis partie sans regarder derrière moi ?

Je m'étonne de retrouver le chemin jusqu'à chez lui aussi rapidement. Je me parque en face de sa maison. Les lumières sont allumées, sa voiture est là. Je le vois passer dans son salon.

J'attends de voir une deuxième personne, mais non il est seul. Il ouvre la porte et sort sur son perron en allumant une cigarette.

Si on habite un jour ensemble, sache que tu ne fumeras jamais à l'intérieur.

Il rit, de son rire gargantuesque. Les coins de ses yeux sont ridés et il rayonne. Il tire sur sa cigarette et me lance un de ses regards qui me fait chaud au cœur.

Tout ce que tu voudras, mon Amour.

Depuis cinq ans, je ressasse notre passé ensemble. Souvent à la recherche d'indices qui m'indiqueraient une raison de son départ. La plupart du temps, cela ne menait à rien...enfin à part à m'effondrer et à pleurer toutes les larmes de mon corps.

Je sais qu'il m'a vu. Il a reconnu la voiture, sûrement dès que je suis entrée dans la rue. Il a un don pour reconnaître les engins aux bruits du moteur.

Il fume sa cigarette appuyer à la balustrade. Je devine son profil dans la pénombre. Mes doigts picotent à nouveau, impatients de parcourir les contours de son visage.

Tu auras la maison de tes rêves, je te le promets.

Dis pas de bêtises. Tant que j'ai un toit sur la tête et toi dans mon lit, je n'ai besoin de rien d'autre.

Je t'offrirais le monde entier si je le pouvais, Luciole.

Offres-moi un autre orgasme pour commencer, chaton.

Il rigole et glisse entre mes jambes.

M'offrir le monde, j'y ai cru comme au Père Noël.

Je suis devenue cynique en cinq ans. Voilà ce que cette peine de cœur m'a fait.

Mon cœur se manifeste, plein d'espoir. Arvin est là, si près de nous... la sensation de notre baiser de ce matin revient.

Si son amour pour moi s'était muté en amitié...il n'aurait pas réagi de cette manière, non ?

Le froid me fait bouger. Je sors et je prends mon courage à deux mains pour m'avancer vers sa maison. Il se relève de la rambarde et attend patiemment que je monte les quelques marches. On se retrouve face à face. L'odeur de cigarette fraîche picote mon nez, il n'a pas changé de tabac. Puis une odeur de nourriture chatouille mes narines, je salive et mon ventre se manifeste... super merci la discrétion.

- J'ai fait pour tout un régiment. Je suis pas très doué pour les quantités.

Il m'arrache un ricanement, qui disparaît rapidement. Il ne m'en veut pas d'être partie comme une voleuse ?

"Arvin Russell, tu ne me fais pas peur"Donde viven las historias. Descúbrelo ahora