"Arvin Russell, tu ne me fais pas peur"

33- Intuition

Ce soir est le grand soir.

Notre première soirée en amoureux, notre premier rencard après cinq ans. Je suis impatiente, heureuse et surtout stressée.

Ce matin, Arvin a dut partir à l'aube pour travailler au garage. Quand je me suis levée, il m'avait laissé une liasse de billets pour que j'aille me trouver une jolie robe, (c'est ce qu'il m'a écrit sur une feuille). Je suis à mon troisième magasin, et je ne trouve rien. Absolument rien et je commence à désespérer.

Je ne sais pas pourquoi je me mets autant la pression pour trouver une robe ou une tenue pour ce soir. Je me dis que je n'ai pas forcément besoin de le séduire. Je pourrais porter un sac de patates qu'il aurait envie de moi, mais quand même... le restaurant est assez huppé et j'ai envie de me faire plaisir et de lui faire plaisir. Je veux que ce soir il me trouve plus que magnifique.

J'entre dans le quatrième magasin et je ne fais même pas le tour, tout me paraît moche avec des couleurs fades. Je m'approche du cinquième... et j'espère au fond de moi que ce sera le bon, ce chiffre me porte bonheur, comme malheur, croisons les doigts pour que cela me soit favorable !

Et là, je la vois dans la vitrine. La robe, ma robe...le cinquième magasin est le bon. La robe est bleu sombre, un bleu qui me rappelle l'aube, quand le soleil n'est pas encore là, mais que ses rayons viennent réveiller la nature. Elle arbore quelques détails en dentelle et un nœud entoure la taille, son décolleté n'est ni trop grand, ni trop petit, il est parfait. J'entre dans la boutique et je me dirige directement vers une vendeuse. Je lui montre la robe et cette dernière me dit :

- Vous avez de la chance, c'est notre dernier modèle. Quelle taille prenez-vous d'habitude?

Je lui dis ma taille et elle me fait un grand sourire.

- Cette robe vous était destinée. Laissez-moi la récupérer et je vous l'apporte en cabine.

Dix minutes plus tard, je sors avec ma robe et une paire de chaussures. J'ai encore de l'argent et je vois un coiffeur à l'angle de la rue.

Ce soir, je vais séduire Arvin. Ce soir, il me verra plus femme que jamais, la petite Hazel a bien grandi.

Je me fais un chignon bas et la coiffeuse me propose même un maquillage, j'accepte. Il reste encore quelques sous d'Arvin, je les lui rendrai.

J'arrive à la maison juste avant son retour. Je me dépêche de laver mes aisselles et mon entrejambe avant d'appliquer une crème pour le corps que je me suis achetée l'autre jour, elle sent bon et j'ai vite compris qu'elle rendait Arvin complétement fou. J'enfile ensuite un collant, ma robe et les chaussures et je me recoiffe légèrement et je réapplique un peu de blush.

Je me regarde dans le miroir et je me trouve magnifique, c'est un bon début. Si je me trouve magnifique, alors Arvin risque de me trouver encore plus magnifique que d'habitude. Du moins, je l'espère.

J'entends sa voiture arriver, sa porte s'ouvrir et se refermer et ses pas sur le perron. Il ouvre la porte et lance un « bonjour » plein d'entrain.

- Mon cœur, je file sous la douche, j'espère que tu es prête ! Je ne veux pas être...

Il s'arrête au milieu de sa phrase, il vient d'entrer dans la chambre. Je croise son regard dans le miroir et je rougis.

- Je file prendre une douche glacée et tu as intérêt à ne pas être dans la chambre quand j'en sors. Sinon on ne va jamais arriver au restaurant, me dit-il gravement.

J'éclate de rire, il me sourit et s'approche prudemment vers moi. Il passe ses bras autour de mes hanches et me ramène contre lui. Il embrasse juste en-dessous de mon oreille et j'entends son petit râle.