Fucking Butterflies 1

C H A P I T R E . 28

Point de vue de Sarah 

J'ai dormi toute la matinée, mes parents ne sont pas là aujourd'hui. Alors que je ne m'y attendais pas, quelqu'un sonne. Je descends et tombe sur Raphaël, mon manteau et mon sac à la main.

— Tu les as retrouvés ! Je t'adore !

— Je sais, tu as déjeuné ?

— Pas encore, je viens à peine de me lever.

— Viens, je t'emmène prendre un truc.

J'allais refuser, histoire de répondre pour répondre, comme d'habitude. Mais finalement je réalise que ça ne me fera pas de mal de sortir. Je prends mon manteau et le suis.

— Où est-ce que tu m'emmènes ? Un restaurant étoilé j'espère, je ne mange pas n'importe quoi.

Il rit doucement et finalement s'arrête dans une pizzeria.

— Qu'est-ce que madame prendra ? lance-t-il ironiquement.

— Laisse-moi réfléchir, du caviar peut-être.

— Arrête tes bêtises ou je commande pour toi.

— Chèvre miel alors, mais une petite.

Après vingt bonnes minutes, nos pizzas sont prêtes et nous nous installons sur une table du parc.

— Alors, qu'est-ce que tu penses de ce date ? demande-t-il avec un sourire malicieux.

— Ce n'est pas un date, répond-je en riant.

— Mince, ça y ressemble pourtant.

En réalité, même s'il ne l'admettra jamais, je sais qu'il voulait juste surveiller que je mange bien. J'ai bien remarqué que notre conversation d'hier l'a touché. Je ne sais pas pourquoi il fait ça, mais c'est adorable et très surprenant de sa part.

Après avoir fini notre déjeuner, nous nous installons dans l'herbe pour parler un peu. Nous rions plus qu'autre chose pour être honnête. Je trouve ça drôle de défaire l'image qu'on a d'une personne : je voyais Raphaël comme un mec insupportable, un cliché sur patte incapable d'être sérieux et toujours là pour faire des blagues déplacées. Un peu de ce genre qu'on trouve dans les films, je m'attendais à découvrir un fond très sombre.

Mais en fait je découvre un gars gentil, bienveillant, très intelligent et attentionné. Après ce petit moment, nous décidons d'aller nous asseoir à la plage.

— J'adore la mer, lance-je. Je n'y venais jamais en hiver avant, mais cette année j'ai eu besoin du côté apaisant des vagues et de l'air marin.

Il ne répond pas, venir ici semble le plonger dans ses pensées.

— Tu te rappelles que tu m'avais demandé pourquoi j'avais quitté le collège ?

Et il m'avait menti.

— Oui, tu m'avais répondu que les cours étaient trop compliqués.

— C'est faux, je me faisais harceler. Je ne voulais pas te le dire parce que ce n'est pas vraiment à mon avantage, mais j'ai vécu un enfer.

— Pourquoi ?

— Je n'étais pas spécialement beau, timide et pas musclé. Forcément je suis devenu la cible idéale. Mais ce n'était pas le pire.

Je le regarde en attendant la suite, il se tourne vers moi et continue :

— J'étais anorexique, c'était dû à la mort de mes parents. J'ai mis du temps à m'en remettre.