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𝒰ne solitude éternelle.

Il marchait, continuellement. Avait-il seulement autre chose à faire ?

Tout était coloré. Le printemps avait fait son œuvre, chassant l’hiver et ses feuilles mortes. La nature reprenait vie, une renaissance. Partout, les pétales de fleurs virevoltaient dans les airs légers et frais, les feuilles des arbres réapparaissaient, habillant ces derniers de multiples teintes vertes, sûrement autant qu’il en existaient. Les animaux sauvages retrouvaient leur vivacité. Oiseaux, lapins, écureuils ou encore renards semblaient reprendre le goût du soleil et sortaient de leurs cachettes.

Tout ce magnifique paysage aurait plu à n’importe qui, il était si beau qu’on pouvait le qualifier de magique. Et même s’il demeurait tout autant splendide qu’éphémère, cela n’empêchait jamais de nombreux, plus ou moins talentueux, artistes de venir tenter du mieux qu’ils le pouvaient de reproduire l’admirable nature qui s’offrait à eux en cette saison si douce. Elle était pour beaucoup un trésor, mais plus que cela, elle était vivante.

Le jeune homme, de son air sombre habituel, continuait sa route.

Autrefois, il se terrait dans des grottes, parcourait le désert, tentait de vivre au plus haut des montagnes. Être le plus éloigné possible de toute forme de vie était sa seule préoccupation. Bien que cela lui avait grandement coûté de devoir abandonné ce pourquoi il s’était battu tant d’années.

Mais c’était là la première ironie de sa triste existence.

La décennie qu’il aura passé à défier les lois de la nature elle-même lui aura enlevé la possibilité de vivre avec sa réussite. Le cœur de son jeune frère battait de nouveau mais ce dernier n’était même pas conscient de l’existence de son sauveur. Et ce pauvre grand frère qu'il était ne pouvait plus l’approcher pour le serrer dans ses bras.

Il l’avait ressuscité mais ne le côtoierait plus jamais.

Aujourd’hui, il ne se cachait plus. Combien de siècles avaient passés depuis qu’il avait accomplit le miracle de ramener une personne à la vie ? Depuis combien de temps n’avait-il plus adresser la parole ou simplement aperçu un être humain ? Les animaux et la nature verte, eux, étaient inévitable. Peut importait l’endroit où il se rendait, il en croisait sur son passage. La nature, elle demeurait partout. Peut-être, au fond, était-ce pour cela qu’il avait abandonné. Qu’il ne cherchait plus à protéger la vie pourtant si importante à ses yeux.

Mais c’était là la deuxième ironie de sa maudite existence.

La vie qu’il aura tenter de redonner à son petit frère pendant de longues et épuisantes années d’acharnement, cette vie qu’il chérissait tant, à laquelle il donnait tant d’importance, quelle quel soit, ce concept même fut sa punition. En redonnant la vie il défia la mort. Alors elle le châtia. Elle, ou une quelconque autre puissance céleste, assurément. Et cette dernière possédait, avec tout autant d’assurance, un sens de l’humour noir particulièrement développé. Car tel était son châtiment : plus il chérissait la vie, plus il lui accordait de l’importance, plus la mort funeste et inarrêtable qu’il dégageait sur son passage serait forte et dense. C’est ainsi que, rien qu’en respirant au côté d’un autre être vivant, le jeune homme lui ôtait toute vie sans pouvoir y remédier. Ce qu’il voyait comme le plus beau cadeau au monde était désormais une source de malheur qui lui collerait à la peau, son amour pour la vie était devenu son ennemi, pour tout le temps que durerait cette dernière.

L'éternitéWhere stories live. Discover now