L'éternité

7.

ℒa femme aux cheveux de blé fixa le magicien comme pour savoir s'il plaisantait mais son expression lui paraissait des plus sérieuse et confiante. Ainsi, la plus jeune sentit les battements de son cœur accélérés et son visage s'illumina de nouveau, pour le plus grand plaisir du jeune homme.

Lui comme elle, avait trouvé chez l'autre une raison d'avancer et, sans qu'ils ne s'en rendent compte, un pouvoir qui leur était bien supérieur créa un lien entre leur deux âmes.

L'un à l'autre, pour l'éternité.

Au fur et à mesure que les souvenirs défilaient dans sa mémoire, le jeune homme aux cheveux d'ébène se rappelait des sentiments qui l'avaient conduit jusqu'ici, jusqu'à un stade où, sans utiliser la magie, sa malédiction ne touchait qu'une faible partie du paysage qui l'entourait. Oui. La vie n'avait plus d'importance. Ce qu'il s'est passé à cette époque lui en avait fait prendre conscience mais s'en souvenir maintenant, après l'avoir tant rejeté réduisait de plus en plus ce qui lui restait d'estime pour l'être vivant.

Alors comme ça, son frère était ici ? Cette découverte acheva tout ce qui lui restait. Le jeune homme n'avait plus rien. Il avait du vivre pendant des siècles en massacrant la vie autour de lui alors que c'était la chose qu'il n'aurait jamais faites, sous aucun prétexte, il ne l'avait pas voulu mais c'était arrivé, encore et encore. Jusqu'à maintenant. Au cours de cette vie dont il ne voulait pas, dont il avait tant essayer de se débarrasser, même par des moyens dangereux et interdits dans la magie, lui qui avait tant voulu se donner la mort sans pouvoir y arriver alors qu'il prenait tellement de vie, le temps avait fait son œuvre. Cette fois, c'était bel et bien fini. Il fit quelques pas en direction du paysage encore verdoyant à une dizaines de mètres de lui, là où son regard avait recroisé celui du jeune garçon qui lui devait la vie. Lorsque son pied toucha le sol, les fleurs et les herbes colorées qui s'y trouvaient, un soupir lui échappa. Rien. Il ne se passait rien. Le voilà, se disait-il, vous l'avez créez, ce monstre dépourvu de pitié. C'est arrivé, après combien de siècles à se battre ? Désormais, la vie ne vaut plus rien. Telles étaient les pensées du jeune homme, en cet instant. Les ténèbres de sa malédiction était ancrées en lui et sa décision était sans appel :

« Si je ne peux pas mourir, alors c'est ce monde qui doit disparaître. »

Et il était prêt à tout.