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𝒰n nouveau jour se levait pour le magicien aux yeux aussi noir que l’était ses cheveux. Et une nouvelle fois, la distance de vie qu’il anéantissait sur son passage avait été considérablement réduite. A un stade qui, il devait bien se l’avouer, allait au-delà de ses espérances, car même s’il avait voulu se persuader que c’était possible, il n’y croyait en fait pas réellement. Mais force était de constater qu’il avait bel et bien accomplit ce miracle. Il pouvait observer les oiseaux dans le ciel sans que ceux-ci ne s’effondre tous les uns à la suite des autres. Les arbres qui l’entouraient restaient feuillus et, avec le printemps qui avançait, les cerisiers étaient en fleur. C’était un spectacle que le jeune homme avait toujours adoré contempler et ne pas avoir pu le faire pendant de si longues années lui avait presque fait oublié à quel point s’était incroyablement beau. Ce qu’il n’avait pas pu faire depuis longtemps non plus, c’était se laver en dehors des périodes de pluies. Mais pour la première fois depuis trop longtemps, il alla se baigner dans un étang dont l’eau cristalline redonna à sa peau une blancheur qu’elle avait légèrement perdue avec le temps et la saleté. C’était si agréable qu’il y passa un très long moment, moment qui fut soudainement interrompus lorsqu’il entendit des pleurs résonner à quelques mètres de là où il se baignait. Toujours dans l’eau, il fit quelques pas en direction du son qui l’interpelait et se retrouva face à ce qui lui semblait être une jeune fille. Celle-ci était en train de sécher ses larmes lorsqu’elle croisa le regard de l’homme qui se tenait devant elle. Lui l’observa comme on observe une chose que l’on n’avait jamais vu au paravent mais qu’on trouvait étrangement belle et mystérieuse. Un air de surprise était ce qui se reflétait sur son visage. La jeune fille, quant à elle, observa l’homme de haut en bas, d’abord avec un air tout aussi perplexe que son vis-à-vis avant que son visage ne prenne une teinte d’un rouge plus que voyant. Comme une enfant, elle cacha alors ses yeux à l’aide de ses mains, tout en se mettant à bafouiller quelque chose.

« E-excusez moi ! Je-je ne voulais pas vous dérangez je-euh...»

Le jeune homme eu un instant d’incompréhension avant de réaliser d’où provenait la gêne de la demoiselle qui se trouvait être une jeune femme, sûrement sa cadette de trois ou quatre ans..du moins si l’on considérait que le noiraud avait toujours vingt et un an. Il était en effet nu dans l’eau qui ne préservait de la vue que la partie sous la ceinture de son corps. Il est vrai, même s’il l’avait un peu oublié, que c’était un détail qui pouvait causer de la gêne chez les humains. Pourtant, il ne réussit pas à s’empêcher de laisser sortir un rire que la fille aux cheveux de blé qui lui faisait face sur la terre ferme qualifierait d’adorable et la remarque lui sortie, à elle aussi, de la bouche sans qu’elle n’est pu la retenir :

« Tu ris comme un enfant. »

Le magicien, qui avait fermé les yeux pour mieux se remémorer ses souvenirs, se surprit à sourire en repensant à cette rencontre. Mais son sourire était lui aussi brisé. Loin d’être comme celui d’un enfant, premier détail que la jeune femme avait pourtant remarquer chez l’homme. Celui-ci s’effaça alors de ses traits et le noiraud rouvrit les yeux pour constater que le jeune homme à l’écharpe avait disparu. Il comprenait, maintenant, pourquoi ce garçon avait réveillé chez lui de tels sentiments, parce qu’à peine avait-il plonger son regard sombre dans celui vert ocre du plus jeune qu’il l’avait reconnu. Après toutes ces années, il ne pouvait tout de même pas l’oublier. Tout comme il n’avait jamais oublié la jeune femme aux cheveux de blé.

L'éternitéWhere stories live. Discover now