Chapitre 21

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À lire avec la vidéo !
Je dédicace ce chapitre à Victoria-Lily parce qu'elle a su percer mes doutes pour me réconforter. Merci ! Ne pleure pas ❤

C'était fini, avec une seule aile, un ange normal peut vivre encore un ou deux ans, mais pas les anges blancs. Le diable pousse un dernier cri, me fait un sourire vengeur et disparait dans un nuage de poussière. Les forces du mal sont mortes, enterrées par leurs propres cendres. Je me précitpite vers l'endroit où est tombée Morgann. Elle m'embrasse une dernière fois, ses lèvres sont déjà froides, puis pousse doucement son dernier soupir, le mêlant à des mots. Je t'aime. Alors, le coeur en miettes, l'espoir détruit, je crie. Je crie, la voix cassée par les larmes vers le ciel, des gens essaient de me séparer du corps de Morgann, mais je la garde sur mes genoux, la berçant comme si elle pouvait encore le sentir, lui parlant comme si elle pouvait encore m'entendre. Lui priant de parler, de me dire que tout va bien, qu'elle est juste en train de dormir, et que quand je vais me réveiller, je verrais ses yeux me guider dans le noir, sa peau me faire revivre, ses mains me montrer des choses que je n'aurais jamais pu voir. Parce que sans ses yeux je suis aveugle. Sans ses oreilles je suis sourd, sans elle la vie n'a plus aucun goût, je n'ai plus rien à faire d'une vie sans elle. Parce que son coeur était pour moi un phare me guidant dans la nuit, comme le ferait un phare pour que les bateaux évitent les rochers et les écueils. Je veux que tout le monde ressente ma peine, que tout le monde sache que je suis triste, que tout le monde sache que si on me prive de Morgann, on me prive de ma raison de vivre. De mon coeur, de ma lumière. J'essaie de me raisonner, mais une part de moi espère encore. Alors dans mes larmes je lui crie tout mon amour, tout ce qui chez elle m'aidait à vaincre mes cauchemars. Puis je ferme les yeux. Aux yeux des gens, je suis vivant. Mais en fait, je ne suis qu'une enveloppe vide. Un fantôme errant parmis les vivant. Je croise les regards emplis d'incompréhension partout où je passe. Et puis, vint le jour où Morgann va s'envoler pour la dernière fois. Alors devant les gens qui l'ont aimée, qui ont su la faire rire, je lui rends un dernier hommage. Les mots sont une rivière qui mène à ton coeur pour ceux qui savent remonter le courant de tes doutes. Alors je laisse couler les mots, sans douter, je laisse les gens prendre conscience de ma douleur, celle que je leur avait cachée ces deux derniers jours.

- Un ange qui part, c'est une étoile qui naît. Ce soir, si vous avez le courage de lever vos yeux vers le ciel et de voir la vérité, vous verrez une étoile qui brille, éteignant la lumière de toutes les autres. Cette étoile c'est Morgann. A vous tous, je vous supplie de ne pas me demander si j'ai réussi à surmonter ça, parce que c'est insurmontable, ne me dites pas non plus qu'elle mieux là où elle est, parce que ce ne sera jamais vrai et parce que ça me rappelle cruellement que je n'ai pas su la protéger comme j'aurais dû. Ne me dites pas que vous savez ce que je ressens, que vous comprenez ma douleur parce que personne n'est capable de comprendre. De comprendre l'alchimie secrète qu'est l'amour. Elle m'a attiré comme le nord attire l'aiguille de la boussole. Si l'on enlève le nord, l'aiguille se perd, alors oui, je suis perdu et oui, jamais je ne remarcherais droit, à moins qu'on me la ramène. Ne me dites pas non plus de guérir, de panser mes blessures, parce que le deuil n'est pas une simple maladie dont on peut se débarrasser et oublier, le deuil c'est quelque chose qui fait partie de toi et qui, même quand tu penses avoir réussi à surmonter le plus gros et à rire, tu sens ce vide autour de toi, ce vide qu'elle comblait pour moi. Cette chaise vide là-bas au fond me rappelle sa disparition, ma main, froide aussi. Morgann, je voudrais te rendre juste un dernier hommage. Je pourrais le simplifier, en trois mots. Je t'aime mais tu n'es pas quelqu'un de facile, tu préfère compliquer les choses pour les rendre plus belles, inoubliables. Je veux que tu saches que personne ici n'aura la force d'oublier ton visage parfait, d'oublier tout ce que tu as fait pour nous, d'oublier que si tes ailes blanches ont d'abord surpris, elles m'ont plus dès le premier coup d'oeil. Je voudrais te dire qu'au moment où mes yeux ont rencontrés les tiens j'ai su que j'avais raté quelque chose, que ce que je pensais voir n'était qu'une illusion. Aujourd'hui je suis face au vide, me demandant où tu es. Je cherche l'espoir, mais je ne le trouverais jamais. Il s'est envolé en même temps que toi...

J'essaie de continuer mais ma voix se casse. Alors je me penche vers ce cerceuil de bois blanc éclatant. Comme le dernier éclat d'une vie presque parfaite. Je me penche et au moment où une de mes larmes touche son corps, il se met à briller d'une lueur nouvelle, cette lueur passée qui me guidait. Cette couleur indéfinissable. Tout les mots me semblent faibles par rapport à cet éclat. Par les portes ouvertes de la petite chapelle où se déroule cette messe, un vent s'engouffre, chaud, comme le souffle de la vie. Le corps de Morgann, suspendu par nos espoirs, plane. Puis la lumière devient si forte que tous ferment les yeux. Mais pas moi. Le corps de Morgann se sépare en deux. Un aigle blanc et une minuscule fée. Tout deux volent silencieusement jusqu'à moi et me donnent une larme. Au contact de ma peau, elle se réchauffe et s'allume, puis elle s'envole et penètre dans mon coeur. De sa voix cristalline, la fée me dit.

- Je serais toujours là, dans ton coeur. Si des fois la vie te maltraite, sache que je suis là pour t'aider à surmonter les épreuves de la vie. Cet aigle et moi sommes Morgann. Quand tu profitera des instants présents, que tu seras heureux, je le serai aussi.

Puis ils disparaissent. Je tombe à genoux, mais les larmes ne coulent plus. Je sais que tant que je serais vivant, Morgann le sera aussi. Une brise fraîche me rapporte ses dernières paroles. "Je t'aime."

Je sais que cette demande est très particulière, mais je vous prie de ne pas copier le texte, les adieux de Ben, parce que ce sont aussi les miens, ceux qui m'ont permis de tenir lorsque j'étais dans la même impasse que lui.
Merci pour tout.
H.

Ange blancWhere stories live. Discover now