A demi-mot

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Zoro se dirigea vers le cuisinier appuyé pensivement contre la balustrade du pont avant tandis que le reste de l'équipage était encore en train de petit déjeuner dans la cuisine. L'archipel de San Marsoni n'était vraisemblablement plus très loin mais il s'agissait du quatrième jour de navigation depuis qu'ils avaient quitté l'île Eloi et que Ace était reparti. Sanji n'avait donc plus de cigarettes depuis la veille et il en souffrait atrocement. En réalité, se restreindre à une cigarette par jour n'avait fait qu'entretenir sa dépendance. Chopper avait d'ailleurs suggéré que le blond n'en prenne aucune jusqu'à son arrivée sur l'île pour éviter de revivre le manque aussi durement à chaque fois mais le cuisinier n'avait pas été capable de résister sachant qu'il lui en restait.

Arrivé à sa hauteur, le sabreur s'accouda à ses côtés.

"Est-ce que ça a été? lui demanda le blond en se tournant vers lui, inquiet.

- Evidemment que ça a été, sourcil en vrille, répliqua calmement le bretteur. C'était un petit dej."

Sanji soupira. Incapable de rester enfermé trop longtemps, il avait tout préparé avant de laisser ses camarades se restaurer sans lui. Il s'agissait des dernières heures qu'il avait à supporter mais son corps n'en pouvait plus. Entre ses insomnies, son manque de concentration et son irritabilité, l'envie de fumer envahissait tout son être.

"Putain, je suis dans un état lamentable, s'agaça-t-il.

- C'est clair."

Le cuisinier grinça des dents. Qu'était-il censé faire pour occuper les minutes les plus longues de sa vie avant leur arrivée?

"Robin a sauvé une assiette de Luffy car Chopper dit qu'il faut que tu manges, ajouta alors son compagnon. Et il s'excuse encore de ne pas avoir de patch de nicotine.

- Je lui ai dit cent fois que je ne lui en voulais pas, soupira à nouveau le blond. Et je n'ai pas faim. Tout ce que j'veux, c'est f-

- Je sais, tu veux fumer, le coupa tranquillement. l'escrimeur Tu le répètes même dans ton sommeil quand t'arrives à dormir."

Sanji secoua la tête avec lassitude et remarqua que ses mains se remettaient à trembler. Contrarié, il les serra l'une contre l'autre dans l'espoir de les calmer, en vain.

"Putain de merde, j'en ai marre!" s'emporta-t-il soudain contre lui-même.

La main droite de Zoro attrapa paisiblement les siennes et les pressa en un geste rassurant.

"Du calme, cuistot. C'est bientôt fini."

Le blond dévisagea l'escrimeur avant de contempler leurs mains unies puis de revenir à Zoro. Le sabreur ne le regardait pas, profitant simplement de l'air frais du large, et Sanji prit une grande inspiration pour se détendre à son tour. Il se força à relâcher chacun de ses muscles et tenta de s'apaiser en fermant les yeux et en respirant l'air salé de la mer qu'il aimait tant, se baignant dans l'aura sereine de l'épéiste qui l'entourait.

Après quelques instants, il remarqua avec soulagement que ses mains avaient enfin cessé de trembler et il reporta son attention vers son compagnon. Cette fois-ci, Zoro lui rendit son regard et le blond eut un sourire en constatant que sa main chaude enveloppait encore les siennes. Certes, il ne se sentait toujours pas au meilleur de sa forme mais le geste du sabeur à son égard valait bien quelques heures de tourment.

***

Lorsque les côtes de l'archipel se dessinèrent deux heures plus tard à l'horizon, Nami rassembla tous les membres de l'équipage sur le pont pour les briefer.

"On refait nos réserves et on se rejoint ensuite pour déjeuner sur le Sunny, décida-t-elle. Ca me laissera le temps de connaître le temps de recharge du Log-Pose et de voir si les prix sont abordables. Le climat est printanier, on devrait pouvoir profiter des lieux. Je voudrais également savoir si notre article concernant l'île des quatre temps a bien été reçu par le comité scientifique", termina-t-elle en se tournant vers Chopper et Robin.

En ÉquilibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant