Chapitre 1

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À cette heure de la journée on entendait que le bruit des voitures qui roulaient à vive allure. Pourtant au milieu de ce silence la maison des Cissé était sur le point d'exploser ou disons que le chef de famille risque d'exploser.
Il était debout en face de sa belle fille Fatoumata . Il criait sur sa belle-fille car cette dernière depuis plus d'une semaine refusait de prendre des clients.
" j'en ai marre de cette vie" se disait-elle.
- lève-toi prends tes affaires et sorts de chez moi. Je ne compte pas te nourrir, non si tu ne travailles pas tu quittes la maison.
- wawaw elle n'a qu'à se foutre dehors nokoul sa hathie... Dit la mère en lui jetant son talon.
Fatoumata s'est levée puis s'est dirigé vers l'armoire où elle se mit à sortir ses habits qu'elle mettait dans un sac. Elle prit juste ce que son sac pouvait contenir avant de prendre la porte.
- Kone daguay dem ni kaffo (donc tu ne badines pas tu parts ?) Demande sa mère.
- vous voulez une prostituée ? Ce ne sera plus sur moi que vos clients vont gémir le soir je ne suis pas votre seule fille alors vous n'avez qu'à prendre l'une d'entre elles mais pas moi.
Elle quitte la maison sans regrets. Cela faisait longtemps qu'elle voulait le faire mais n'en avait pas la force. Elle était dans la rue durant une dizaine de minutes. Puis elle eût l'idée d'aller chez lui. Peut-être qu'il allait l'héberger un certain moment. Elle prit un taxi qui le déposa devant une jolie petite maison. Elle paie la course avant de se diriger vers la porte d'entrée. Un seul coup de poing sur la porte suffit pour faire lever le maître des lieux.
- mata ...
Il mit sur pause car il venait d'apercevoir le sac que la jeune fille avait.
- entre viens.
Il lui prit le sac des mains puis referma la porte derrière lui. Curieux qu'il était il aurait voulu poser la question mais comme le parfait gentleman qu'il était, Ousmane Ndaw attendit que sa petite amie lui raconte et elle ne tarda pas à éclater en sanglot ce qui pousse Ousmane à la prendre dans ses bras.
- chut Princesse pourquoi tu pleures ?
- je suis à la rue.. je suis à la rue..
- comment ça ? Qu'est-ce qui c'est passé ?
- mon beau père m'a dit de sortir de la maison qu'il n'allait plus me nourrir et ma mère n'a rien dit elle était même d'accord avec lui.
Ousmane ne savait pas quoi dire. Il se gardait d'insulter les parents de Fatoumata car il était occupé à la consoler.
- arrêtes ma chérie tu peux rester chez moi. Tu n'es pas à la rue.
Ousmane réussi à la consoler. Comment des parents peuvent-ils faire ça à une fille de 21 ans? Un beau-père oui mais une mère ? C'est vraiment ignoble, se disait Ousmane tandis qu'il s'afférait à préparer la chambre pour elle. Cette dernière n'eût même pas le temps de manger ce que son petit ami avait préparer pour elle, elle c'est endormi dès qu'elle a posé sa tête sur l'oreiller.
Chez elle son beau père se disait qu'elle allait revenir. Elle avait nulle part où aller donc elle reviendra. Il allait perdre du fric cette nuit mais c'est sûr que quand elle reviendra elle fera des heures supplémentaires, se disait-il comme pour se convaincre lui même.
À son réveil, Ousmane était déjà partie au bureau mais il avait laissé un mot pour elle.
Le " je t'aime" en bas du papier lui fit échapper un sourire.
Elle prie une douche puis sortit de la chambre. Elle voulut faire le ménage mais la femme de ménage avait déjà tout fais.
Elle avait faim mais n'avait pas vraiment envie de manger. Elle retrouva plusieurs appels manqués de son beau-père et sa mère. Elle filtre les numéros puis se posa sur le canapé.
Vers 13h30min l'heure de sa pause, Ousmane a acheté le déjeuner et est parti retrouvé sa copine. Il le retrouva entrain de dormir sur le canapé.
- mata ? Chérie. .
- hum oui.
Elle se frotte les yeux et se redresse
- je ne t'ai pas entendu arriver.
- parce que madame dormait.
- ha. Tu as fini ta journée ?
- non je suis venu pour qu'on mange ensemble.
- fallait pas te déranger Ousmane.
- c'est rien.
Il est allé dans la cuisine, a préparé deux assiettes puis est revenu auprès de Fatoumata.
- Tu sais j'ai pas vraiment faim.
- mata faut que tu mange. Qu'est-ce qu'il y'a ?
- non tout va bien.
- tu vas manger alors.
Il réussit à la convaincre mais elle ne mangea pas beaucoup.
Certes elle avait quitté cette maison mais il lui reste beaucoup de choses à affronter comme le jugement de Ousmane. Elle se demandait ce que cet homme risque de penser d'elle. Pourtant c'est pour lui qu'elle a arrêté le travail.
Elle était amoureuse et voulait avoir une vie normale.
Ils se sont rencontrés 5 mois plutôt dans la banque où travaillait Ousmane. Ils se sont accostés dès le premier regard. Ils se sont aimé dès le premier mot prononcé.
Au début Fatoumata ne voulait pas qu'il y est quelque chose entre eux. C'est sûr qu'aucun homme ne l'aimerait en sachant ce qu'elle faisait comme travail.
Elle voulait une chose mais son cœur n'était pas d'accord. Elle fini par flancher et s'est laissé aller dans cet amour.
L'amour qu'elle portait à Ousmane était tellement grand qu'elle finit par prendre une décision. C'est à dire, tenir tête à son beau-père et arrêter ce travail qu'on l'a forcé à faire depuis qu'elle a douze ans ce qui veut dire que cela fait 9 ans qu'elle couche avec des hommes pour de l'argent, argent qu'elle n'a jamais vu, vu que tout revient à son beau-père.
Après le départ de Ousmane elle se replonge dans la solitude. Elle pensait à ses demies-sœurs condamnés à faire le même travail qu'elle. Elle se promit de les sortir de là.
Elle continuait de recevoir d'innombrables appels venant de ses hommes qui ont été complices de tout. Quand ça a commencé à l'énerver, elle enlève la puce, la coupe en deux morceaux avant de la jeter.
(...)
Une semaine jour pour jour qu'elle a quitté son ancienne vie. Elle cherchait toujours comment tout raconter à Ousmane mais ce qu'elle ne sait pas c'est que y'a pas deux façons de le dire.
Ousmane ne posait pas de questions. C'était du genre discret et qui n'aimait pas mettre les gens mal à l'aise.
Il faisait son possible pour que Fatoumata se sente bien chez lui. D'ailleurs il en avait parler à ses deux sœurs et elles ont proposés de venir la rencontrer.
Entre Ousmane et ses sœurs c'est plus qu'une relation de frère et sœur. Ses sœurs sont comme Sa mère qu'il a perdu quand il est venu au monde.
Depuis Sa naissance elles se sont occupés de lui et il leur raconte tout ce qui lui arrive dans sa vie.
Elles ont été les premières qu'il a raconté sa rencontre avec elle. Et il se devait de leur dire qu'il vivait avec sa petite amie.
Il savait déjà que ses sœurs allaient aimer Fatoumata mais cette dernière n'en était pas sûre. Elle était un peu inquiète.
- mes sœurs sont les personnes les plus gentilles que je connaisse tu n'as pas à t'inquiéter.
Elle ne pouvait pas ne pas s'inquiéter, c'était plus fort qu'elle.
S'il lui présente ses sœurs c'est que ça doit être sérieux entre eux donc il est peut-être temps qu'elle lui dise la vérité mais comment ? Ce n'est pas chose facile à comprendre, elle-même elle ne comprenait pas.
La sonnerie de la porte mit fin à leur discussion. Ousmane lui donne un bisou sur le Front avant d'aller ouvrir.
Il s'attendait à voir ses deux sœurs mais il n'en voit qu'une seule.
- mak dji ( grande sœur )
- l'amour de ma vie comment tu vas?
- très bien. Où est Maguette ?
- elle m'a appelé pour me dire qu'elle a des problèmes à régler qu'elle ne pourra pas venir.
- rien de grave j'espère?
- tu sais déjà de quoi il s'agit.
Il sourit faiblement face à la dernière phrase de sa sœur.
En les voyant arriver, Fatoumata s'est levé pour aller à leur rencontre.
- Fatoumata je te présente ma sœur Nabou, Nabou elle, c'est Fatoumata.
- enchantée ma chérie.. dit Nabou en lui tendant la main.
- moi de même... répondit Fatoumata timidement.
À premier vu Nabou était très gentille alors elle a commence à se détendre.
En moins de 6 minutes elle se surprenait à discuter avec elle en oubliant même ses peurs.
- je ne sais pas ce que tu en penses Oussou mais je crois que c'est mieux qu'elle vienne vivre avec moi. Ça ne sera pas bien vu par les voisins ou même la famille que tu vives avec une femme qui n'est pas la tienne...dit Nabou.
- tu en penses quoi ma chérie ?
Elle était d'accord avec Nabou . Déjà elle veut changer de vie c'est mieux qu'elle parte avec elle. ̈Elle ne va pas vouloir devenir une autre personne et habiter avec son petit ami.
- Je suis d'accord... répondit-elle
Elle partit alors ranger ses affaires. Ousmane la suivit. Après l'avoir aider il lui donne de l'argent.
- non j'ai pas besoin d'argent Ousmane.
- c'est juste pour quand tu aura besoin d'acheter quelque chose.
- comme quoi dis moi?
- je ne sais pas du crédit peut-être quand tu aura envie de m'appeler.
- suis sûre que tu m'appelleras chaque jour.
Il savait qu'elle ne risquait pas de prendre l'argent donc Il le mit discrètement dans son sac.
- la maison de ma sœur est sur mon chemin je passerai chaque jour après la descente.
- ce qui veut dire que je vais te manquer?
- tu me manque déjà amour. Mais tu vas te sentir bien là-bas.
- je sais.
Ousmane les accompagne jusqu'à ce qu'elles trouvent un taxi.
Il allait laisser Fatoumata quelques temps avec Nabou. Il avait la conviction de l'épouser mais avant ça fallait qu'elle se réconcilie avec sa famille. Plus tard il allait réfléchir sur comment il comptait faire pour qu'elle retourne chez elle.
Le taxi roula pendant environ 5 minutes avant de s'arrêter devant la maison.
- bienvenue à la maison ma chérie.
- merci beaucoup.
Ayant entendu la voix de sa mère, Sokhna sortit de sa chambre.
- maman tu es revenue ?
- oui. Je te présente Fatoumata
- salut Fatoumata.
- hey c'est ta tante...la réprimande sa mère.
- mais non suis surement pas plus âgé que toi... dit Fatoumata.
- elle n'a que 20 ans
- et moi 21 ans bientôt 22
Nabou était étonné.
- quoi? Moi qui pensait que tu avais entre 27 et 28. Tu as l'air tellement mature.
Elle fronça timidement les sourcils. C'est cette air qui l'a gâché la vie. Elle aurait voulu être comme toutes les jeunes de son âge mais elle était tellement différente.
Elle était élancée avec une beauté insolente qui attirait tous les hommes notamment celui qui lui sert de beau-père.
Voyant qu'elle n'avait pas l'air d'aller bien, Nabou l'emmena dans sa chambre.
- ma chérie tu ne vas pas bien. Dis-moi ce qu'il y'a.
- non tout va bien.
- sérieusement je croyais que tu étais plus âgé que ça. Je ne comprend pas pourquoi tes parents t'ont mis à la porte mais qu'importe la raison ce n'est pas normale. Donne moi leur adresse je vais parler avec eux.
- non non ne fais pas ça. Si tu veux je peux partir.
- partir? Non tu es là parce que je l'ai voulu. Je sais que mon frère t'aime et Je ferai tout pour mon frère sauf lui laisser habiter seul avec une fille. Il a beau être une belle personne mais c'est un homme avant tout. Si tu ne veux pas retourner chez tes parents c'est ton choix mais j'espère que tu vas y réfléchir. Tu peux rester ici tant que tu le voudra
- merci beaucoup.
Elle émit un ouf de soulagement quand Nabou est sortie. Elle était consciente que son secret n'en serait pas toujours un.
(..)
Depuis un mois elle vivait avec Nabou, son mari et leurs deux enfants. Elle était bien traitée par tout le monde. Comme promis, Ousmane passait chaque jour et restait plus d'une heure avec elle.
Il avait parlé à sa deuxième sœur de sa décision d'épouser Fatoumata. Tout le monde était au courant sauf cette dernière. C'est que il voulait qu'elle recolle les morceaux avec au moins sa mère.
Maguette qui n'avait pas encore eu l'opportunité de voir sa future belle-sœur a décidé d'aller chez Nabou pour la voir. Ça tombait bien parce que Ousmane aussi était là-bas.
Maguette les trouva tous dans le salon et quand son regard croisa celui de Fatoumata elle fait tomber ce qu'elle avait dans les bras.
- elle fait quoi ici? Demande-t-elle en pointant Fatoumata du doigt .
- c'est elle dont je te parlais...répondit Ousmane.
Fatoumata tremblait là où elle se trouvait. Non cette femme ne pouvait pas être la sœur de Ousmane ce n'est pas possible.
- elle? C'est elle que tu compte épouser?
- oui.
- Nabou tu te souviens de cette nuit quand on a suivi mon mari en douce ? Tu ne voulais pas entrer avec moi dans l'auberge j'y suis allé donc toute seule et j'ai trouvé mon mari en plein ébat avec cette fille.
- quoi? Tu dois faire une erreur, dit Ousmane.
- demande lui vas-y demande à cette fille. Cette fille est une pute.
Ousmane était sûr que sa sœur se trompait mais il allait quand-même la rassurer. Il se tourna alors vers Fatoumata.
- mata dit lui qu'elle se trompe.
Avant même de finir la question les larmes de Fatoumata se sont mis à couler et elle tremblait comme une feuille. Son silence suffisait largement comme réponse.
Ousmane sortit de la maison déboussolé, vide de toute raison et c'est comme ça qu'il a foncé devant un 4×4 qui roulait à vive allure et perdit la vie dans la seconde qui suivit.

À suivre...

L'épouse Du GouverneurWhere stories live. Discover now