36. Lui

154 21 6
                                    

Elle s’est endormie. Dans mes bras.

Je ne pourrais être plus comblé qu’en cet instant. La savoir tout contre ma peau est un bonheur sans nom. Être le gardien de son sommeil, un honneur.

Est-il possible d’arrêter la course du temps ? De faire, de ce moment, mon éternité ? Puis-je nous enfermer de son cocoon qu’est sa chambre pour ne pas risquer de la perdre à nouveau ?

J'ai une trouille irraisonnée qu’à son réveil, elle me somme de partir. Parce qu’elle est venue me chercher sous cette pluie battante, d’accord, mais était-ce pour les bonnes raisons ? Ai-je, à jamais, percé sa carapace ? Banni ses doutes ? Relégué son besoin de solitude aux oubliettes ? Ne l’ai-je pas poussée, malgré elle, à faire ce choix ?

Son corps chaud, lové contre le mien, me fait dire que toutes ces questions n’ont pas lieu d’être, pourtant je ne parviens pas à les endiguer. Elles prennent toute la place dans ce lit King size. Je la revois sur ce rocher, l’air malheureux et soucieux, l’aura mélancolique autour d’elle refusant l’entrée à qui que ce soit dans cette bulle qu’elle s’était créée. Je ne veux plus jamais être le témoin de cette tristesse. Encore moins en être l‘instigateur.  

Je la serre plus fort pour contrer mes peurs, son odeur de lys m’enveloppant et adoucissant par la même toutes ces interrogations parasites et infécondes.

Je dois lui faire confiance. Elle a fait le choix de me retenir. C'est elle qui, sous cette pluie a attrapé la main que je lui tendais. Ce sont ses yeux humides qui m’ont confié qu’elle m’aimait. Puis plus tard, c’est son corps qui m’a fait sien.

Elle me veut dans sa vie. Rien d’autre n’est censé compter. Viendra le moment où nous devrons parler d’avenir. Pour l’heure, la seule chose qui importe est ma douce qui semble sortir de son sommeil.

— Hello !

— Hum, salut. J’ai dormi longtemps ? m'interroge-t-elle après avoir regardé en direction de la fenêtre et découvert que le jour a laissé place à la nuit.

— Assez, oui.

— Je suis désolée. Je ne me suis pas senti partir.

— Tu n’as pas à t’excuser. Tu avais l’air d’être épuisée. J'espère que tu te sens mieux maintenant ?

— Oui, bien mieux. Mais j’ai, apparemment, la fâcheuse tendance à m’endormir dès que je suis près de toi, bougonne-t-elle.

— Si ça me permet de te tenir dans mes bras et de pouvoir faire ça, lui sors-je en embrassant le coin de sa mâchoire. Ou ça, j’ajoute en posant mes lèvres sur les siennes, ou encore ceci, finis-je en caressant ses fesses rebondies, ça me va parfaitement. Tu peux dormir autant que tu le souhaites. D'ailleurs, tu ne voudrais pas te rendormir de suite ?

— Pourquoi ? me demande-t-elle mutine.

— J'ai des recherches à effectuer. Assez urgentes, pour tout dire. J'aimerai approfondir certaines choses.

— J'ai le droit de savoir en quoi elles consistent ces recherches ?

— J'ai besoin de vérifier si, ici, dis-je en pointant de la langue son lobe d’oreille, est une zone érogène chez toi. Et si, cet endroit, continue-je en frôlant du bout du doigt son sein à travers le drap, est aussi sensible qu’il y parait. Je n’ai pas eu le temps de prendre des notes tout à l’heure.

— Je... souffle-t-elle maladroitement, tandis que j’envoie le drap valser à nos pieds.

— Oui, tu...

Ma main vagabonde de son ventre à ses seins, de sa poitrine à l’orée de ses cuisses. Je repère une zone sensible tout près de sa hanche droite quand elle ne peut retenir un frisson. Je note mentalement d’y poser mes lèvres plus tard, sûrement même ma langue. J'en salive d’avance.

À l'ombre d'une vieDonde viven las historias. Descúbrelo ahora