20.Mari

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Je n'en reviens pas qu'elle se soit tirée comme ça en me laissant sur la marche glacée de la cage d'escalier de notre immeuble.

Je ne sais plus combien de temps je suis resté prostré. J'entends encore le bruit de ses talons qui résonnent sur le marbre puis s'amoindrir jusqu'à disparaître totalement et ne laisser place qu'au son de la porte de l'immeuble qui se referme sur elle.
Après ça plus rien. Un trou noir. Je ne saurais dire quelle heure il est ni si quelqu'un m'a vu dans cette position de faiblesse.

C'est mon pote de toujours qui me sort de ma torpeur.

— Hé !!! Qu'est-ce que tu fais là, dans le noir ?

— Elle est... partie.

Je le regarde à travers mes larmes que je ne sens plus couler. Je ne me pensais pas être capable d'en verser autant mais c'était avant qu'elle claque la porte. Il me tend la main pour m'aider à me relever et me serre dans ses bras. Son étreinte est légère mais elle me permet de me reprendre un peu.

— Allez viens ! Ne restons pas là. Les voisins n'ont pas besoin d'assister à ça.

— Je me fous des voisins. Ils peuvent bien aller au diable. Et toi, qu'est-ce que tu fais là à cette heure ?

Je ne sais pas comment il a su mais bon sang que ça fait du bien d'avoir quelqu'un sur qui on peut compter !

— On en parlera... mais en haut, au chaud.

Il m'aide à remonter à l'appartement, dorénavant vide. Vide d'elle.

Je sens juste l'odeur de son parfum qui flotte encore dans l'air. Ce même parfum que je lui ai offert pour la première fois pour fêter nos un an en tant que couple. Un parfum crée spécialement pour elle par un maître en la matière. Aucune autre femme ne portera jamais le même, je m'en étais assuré. Une odeur que je ne sentirai plus désormais.

On ne se rend compte de ce qu'on a perdu une fois qu'il est trop tard. J'avais une femme superbe, intelligente et douce que je n'ai pas su garder. Un homme sans scrupule a profité de mon manque d'attention et me l'a dérobée.

Comment ça a pu se faire sous mon nez sans que je ne me rende compte de rien ? J'ai bien vu qu'elle était souvent sur son téléphone mais comme un imbécile j'ai pensé que c'était pour son job. Un aveugle aurait sûrement vu lui !

Mon meilleur ami me tend un whisky que je refuse. J'ai besoin d'avoir les idées claires et je ne crois que picoler soit la plus sage des décisions. J'ai assez déconné avec ça. Pas besoin d'en rajouter.

— Allez mon pote, t'as besoin d'un remontant, me dit-il en me tendant à nouveau le verre.

Et comme toujours, je suis faible.
Je l'attrape et le vide d'un trait. Je sais que je fais une connerie mais ce soir j'ai juste besoin d'oublier son départ... et effacer pour un temps le fait  que je vais devoir apprendre à vivre sans elle à mes côtés.

— Ça fait du bien par où ça passe, hein !!! me lance-t-il en s'enfilant lui aussi son whisky.

— Ouais, si tu le dis !!! Cette soirée est du délire, j'arrive pas à y croire, elle s'est barrée. Et tu vas enfin me dire ce que tu viens faire chez nous aussi tard.

— Elle m'a appelé. 

_ Quoi ? Quand ?

Je le vois baisser la tête. J'ai du mal à croire qu'elle ait pris le temps de l'appeler, ils sont loin de s'aimer ces deux-là !

Je me lève du fauteuil et commence à faire les cents pas. J'ai besoin de bouger sinon je vais péter un câble. Je ne sais pas ce que je dois faire, quoi dire... Elle a toujours été celle qui gérait dans la maison, qu'importe la situation c'était sur elle que je me reposais.

À l'ombre d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant