Si je t'aimais...

Chapitre 2

Peu après minuit, Sally flânait sans but dans les couloirs de son motel. Était-elle vraiment sans but ? Pas si sûr. En fait, c'était cet imp qui était arrivé tout à l'heure qui l'intriguait. Il était vraiment étrange et semblait avoir un but caché. Bien sûr, comme on était en enfer, Sally en avait vu des connards au fil des années, mais lui là, Striker, il avait quelque chose dans ses yeux d'incroyable, d'hypnotisant et de très puissant. Néanmoins, elle avait beau chercher pendant des heures, elle ignorait ce que c'était. Un jour, un pêcheur qu'elle avait rencontré dans le cercle de l'orgueil lui avait dit avoir lu dans un livre humain que les yeux étaient la fenêtre sur l'âme, qu'on pouvait savoir quelle était la personnalité d'une personne rien qu'en étudiant son regard. Sur le coup, elle avait trouvé ça ridicule mais depuis qu'elle avait rencontré Striker, ces paroles lui revenait en tête. Car si ce mec-là était vraiment clean, elle était prête à aller se suicider lors de la prochaine Purge. Il lui cachait quelque chose, elle en était sûre.

Elle finit par arriver par hasard devant la chambre dix-huit et entendit des bribes de conversations. Devait-elle partir, les écouter ? Finalement, ce fut la deuxième option qui l'emporta et elle colla son oreille contre la porte. Apparemment, Striker était au téléphone avec une femme, elle l'entendait grâce au niveau sonore de l'appel qui était élevé. La première phrase qu'elle put saisir était celle-ci :

-J'ai raté la cible au festival, mais ne vous inquiétez pas madame, ça ne se reproduira pas, déclara la voix rauque de Striker.

-Il ne vaut mieux pas, répondit la femme, je veux voir cette ordure infidèle mort, j'en ai rien à faire de qui tu vas devoir refroidir pour y arriver, mais fait en sorte que ça arrive !

Elle avait carrément hurlé sur la fin afin de bien faire passer le message à Striker.

-Compris, répondit Striker impassible.

Puis son interlocutrice raccrocha sans prévenir néanmoins Striker répondit, comme s'il se faisait une promesse à lui-même :

-Je l'aurai la prochaine fois.

Puis il éteignit la lumière et le silence se fit dans la chambre. Sally n'aurait su dire ce qu'elle pensait de ce qu'elle venait d'entendre mais en tout cas, ça prouvait bien une chose : cet imp ou peu importe ce qu'il était, n'était pas clair du tout. Mais alors voilà pourquoi il lui avait dit avoir des problèmes financiers tout à l'heure. Il était payé pour tuer des gens et apparemment il avait raté la cible pour laquelle cette femme l'avait engagé. Voilà, c'est ça, il était tueur à gage ! Un frisson de peur la parcourut. Elle avait déjà frôlé la mort une fois et c'était juré de ne plus jamais renouveler l'expérience alors ce n'était pas pour fréquenter ce genre de type. Il fallait qu'elle s'en aille, qu'elle s'éloigne de ce malade mental dont le métier était la mort. Mais alors qu'elle s'apprêtait à rentrer à la ferme, la porte de la chambre s'ouvrit à la volée devant elle et Striker la saisit, en plaçant une main sur sa bouche pour l'empêcher de crier. Il l'entraîna alors dans la chambre en prenant soin de fermer la porte à clé. Sally se débattait de toute ses forces mais Striker était fort. Néanmoins, elle n'était pas prête à revivre ce qu'elle avait vécu il y a huit ans avec Valentino et avait appris à se battre depuis. Alors d'une manœuvre rapide, elle parvint à attraper l'avant-bras de Striker et retourna la force de son adversaire contre lui et le plaquant violemment contre le mur.

-Et calme toi la ninja, je vais pas te tuer !

-Et ben c'est pas l'impression que vous donniez !

Striker partit alors d'un grand rire et glissa lentement sa main vers sa ceinture. Malheureusement, il ne trouva pas son arme et regarda Sally dans les yeux. Celle-ci eut un sourire sadique :

-Oh pardon, c'est ça que vous cherchez ? demanda-t-elle en sortant le revolver de Striker de sa poche.

Striker fit la moue et la regarda d'un œil mauvais. Cela fit rire Sally.

-Vous êtes peut-être tueur à gage mais vous êtes pas très bon en combat en corps à corps.

-D'accord t'a gagné, t'es meilleur que moi et alors ? Moi à la base je cherchais juste un toit pour quelque temps alors soit gentille et me fait pas chier. Je fais mon job et tu fais le tien, ça te va ?

Sally réfléchit un moment avant de répondre :

-Ça me va mais comme j'ai pas vraiment confiance en vous, je crois que je vais garder ce magnifique revolver en attendant que je soit payé pour vous avoir offert un toit comme vous dites.

-Oh t'en fais pas tu le seras mais pour ça il faut que je passe contrat pour avoir ton fric alors je pense avoir besoin d'une arme tu crois pas ?

-C'est sûr, vous savez, il y a une grande armurerie à Los Satanio, vous trouverez sûrement votre bonheur là-bas.

-Non mais t'as pas compris que je veux  le récupérer mon revolver ou quoi ?

-Oh si je l'ai très bien compris mais pour l'instant, je le garde et maintenant, si ça ne dérange pas monsieur, je vais rentrer chez moi pour me reposer un peu après vous avoir brillamment battu.

Sur ce,  elle déverrouilla la porte et s'éloigna en sifflotant d'un air satisfait.

Striker la regarda partir avec un étrange sentiment de haine et de joie mélangé. Elle était très belle mais avait aussi un sale caractère et bien que pour l'instant cela l'emmerdait pas mal qu'elle ai son arme, il devait bien admettre qu'il appréciais son caractère.