Chapitre 5

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Sur la route qui les ramena de Los Satanio à la maison de Sally, Striker réfléchit longtemps à ce qu'avait dit Sally. « Je t'aime Valentino » tel avait été ses mots et honnêtement il ne comprenait pas, mais alors pas du tout. Pourquoi Valentino ? Il n'était même pas sûr que Sally et lui se soit fréquenté alors pourquoi cette déclaration ? Pourquoi ces mots passionné et intense adressé à un parfait pervers ? Cela dépassait l'entendement car pour de l'amour, c'était de l'amour. Elle n'était pas vraiment consciente de ce qu'elle disait à ce moment-là, Striker le savait. Plusieurs fois il avait lui aussi été sous l'emprise merveilleuse de l'alcool et savait qu'on faisait et disait n'importe quoi dans ces cas là (demandez à cet imp à qui il avait cassé la gueule après une bouteille de vodka pure). Mais pour Sally ? Elle avait un éclat spécial dans le regard lorsqu'elle avait dit ça, comme si elle revivait un instant passé. Et si c'était ça ? Et si dans le paradis artificiel de l'alcool elle avait revécu ce moment ?

Il jeta alors un rapide coup d'œil vers la succube endormie sur le siège passager de son pick-up. Elle avait une respiration lente et régulière, et après s'être bien bourrer la gueule, semblait apaisée. C'est alors que Striker remarqua chez elle une chose auquel il n'avait jamais fait attention auparavant. Elle avait, semble-t-il, sur le côté gauche de son ventre une grande cicatrice blanchâtre, comme la marque d'une entaille. Il se demanda alors où elle avait pu avoir ça. En tout cas, une chose était sûre : Sally mentait à propos de sa vie passé. Cela lui fit penser à une pièce de théâtre (alors que pourtant il détestait le théâtre), où les acteurs portent des masques. Et bien Sally faisait ça constamment. Elle mettait un masque de vie parfaite sur les cicatrices de son passé pour faire croire à tout le monde qu'elle allait bien. Seulement c'était faux, elle n'allait pas bien et ce soir, elle venait de montrer à Striker son vrai visage. Voulait-elle lui faire passer un message ? Comme un cri de S.O.S dans un océan déchaîné couleur d'encre ? Il n'en savait rien mais il espérait seulement que Sally s'en remettrait (bah oui, pour récupérer son révolver et pour rien d'autre hein ?).

Quelques heures plus tôt, Sally lui avait dit où se trouvait sa ferme et par un miracle il avait retenu où c'était. C'est donc avec une immense satisfaction qu'il arriva dans la cour de la ferme de Sally. Il en profita alors pour regarder les décors. En fait, c'était une ferme équestre planté en plein milieu du désert. Dans les pâtures voisine, une centaine de chevaux des enfers dévorait des restes de carcasses et galopait fougueusement le long de barrières. Striker tourna alors les yeux vers la grande bâtisse qui trônait fièrement au milieu de tout ça. C'était sans doute la maison de Sally et Striker fut impressionné par ses airs de petit manoir. Où est-ce qu'elle avait trouvé le fric pour se payer un endroit pareil ?

A présent, il avait un autre problème. Il lui fallait les clés pour rentrer et pour ça, il fallait réveiller Sally. Il descendit alors de la voiture pour en faire le tour et ouvrit la portière. Puis, il lui secoua gentiment l'épaule et demanda :

-Sally, Sally on est chez toi. Dis moi où t'a rangé tes clés.

Sally entrouvrit les yeux et fouilla alors dans les poches de son short avant de lui tendre un trousseau. Striker le saisit et quelques minutes plus tard, il déposait Sally sur son lit. Au moment où il allait sortir de la chambre, Sally murmura :

-Je suis pas folle tu sais.

Striker sourit et répondit :

-Je sais, mais évite de terminer bourrée la prochaine fois.

Sally ne répondit pas mais s'endormit avec un mince sourire aux lèvres. Striker profita alors de son sommeil pour regarder les divers objets qui composaient la chambre de Sally. S'il ne savait que c'était une adulte, Striker aurait cru que c'était la chambre d'une ado. Il y avait des poster partout, beaucoup montrait des chanteurs humains notamment un certain Bryan Adams que Sally semblait beaucoup apprécier. En dehors de ça, beaucoup de livres dont la plupart venait du monde des humains (décidemment, Sally appréciait beaucoup leurs culture). C'est alors qu'il remarqua des étagères dans le coin de la pièce qui étaient entièrement recouvertes de photos. La première que remarqua Striker représentait la famille de Sally. Il eut un hoquet de surprise lorsqu'il les compta : Sally n'avait pas moins trois frères et deux sœurs. En revanche, il ne vit pas la moindre trace de son père. Avait-il divorcé ? Il faudrait qu'il pense à lui demander un jour. A côté, il y avait une photo de Sally posant avec un imp que tout le monde connaissait en enfer : Fizzarolli. Peut-être s'était-il connu à l'université. Les autres photos lui en apprirent beaucoup sur le passé de Sally. Il sut par exemple qu'elle avait été très amie avec cette pétasse de Verosika et ce gros connard de Blitzo. Il apprit également que Sally avait travaillé pendant un long moment dans le cercle de l'orgueil avant de venir s'installer dans le cercle de la colère. Puis voyant l'heure tardive, il décida de partir. Partir ? Etait-ce une bonne idée ? Après tout, peut-être qu'il pourrait arriver quelque chose à Sally pendant son absence ? Non il resterais pour cette nuit. Il quitta la chambre et descendit au rée de chaussée pour se faire un dîner. Ensuite, il alla nourrir et rentrer les chevaux de Sally et après une bonne douche, il s'installa sur le canapé pour dormir.

Ce fut un cri déchirant dans la nuit qui la réveilla. Un cri glaçant, comme figé d'horreur. Puis il y en eut d'autre après et Striker comprit qu'il s'agissait de Sally. Il monta alors à l'étage et toqua à la porte de la chambre de Sally en demandant :

-Sally ? Sally est-ce que tout va bien ?

Des sanglots lui répondirent. Il entra alors et ce qu'il vit lui fit un pincement au cœur. Sally, si joyeuse et si naïve était là, assise sur son lit, pleurant comme une damnée. Lorsqu'elle vit qu'il était là, elle essuya ses yeux et déclara :

-Des mauvais souvenir qui refont surface.

-Et ça t'arrive souvent ?

-De temps en temps.

-Tu veux en parler ?

-Non.

Striker la fixa un moment avant de répondre :

-Je retourne en bas alors. Désolé si j'ai squatter ton canap'.

-Striker attend ! s'écria Sally, tu veux bien rester avec moi cette nuit ?

-Attend, attend, tu veux dire dormir avec toi ?

Sally hocha la tête. Striker rougit alors légèrement mais finit par répondre :

-D'accord.

Et ce n'est qu'une fois dans les bras de Striker que Sally s'apaisa.

Si je t'aimais...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant