Chapitre 4

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Dôme 291 (New-York), deux jours après l'assassinat

Assise sur les marches de l'immeuble du Squad, Meg fumait tranquillement sa cigarette. Elle n'en était pas fière mais pourtant elle avait bel et bien craqué. À quoi bon arrêter les petits plaisirs du quotidien si la fin du monde était si proche ? De toute façon, elle était beaucoup trop stressée et une simple pierre de Tourmaline ne lui servirait à rien. En l'état des choses, seul le tabac et le café pouvaient la calmer. Elle espérait simplement que sa mère ne serait jamais au courant de la fin de son abstinence.

- Je croyais que tu avais arrêté de fumer ? lui souffla une voix derrière elle.

Meg se retourna et vit son collègue, James, la rejoindre cigarette et briquet à la main. James faisait partie de ces chanceux à avoir été promu il y a quelques mois à agent spéciale du Squad. Meg en était folle de jalousie.

- J'avais arrêté oui, rectifia-t-elle. 

James éclata de rire.

- Je comprends totalement. Moi même je ne compte plus le nombre de fois où j'ai tenté d'arrêter. Rassure toi tu trouveras d'autres occasions pour le faire. De toute façon, avec ce qu'on vient de vivre ces deux derniers jours, je crois que tout le monde aurait craqué.

Meg ne répondit pas. Elle n'était pas vraiment d'humeur à parler à qui que ce soit. Elle souhaitait secrètement que James finisse sa pause et retourne travailler le plus rapidement possible.

- Tu sais, mes parents m'ont appelé hier, commença James. Ils s'inquiètent de la situation. Ils m'ont demandé ce qu'ils devaient faire. Des amis à eux ont décidé de partir de la Zone 2.

- Oui en marchant jusqu'au bureau j'ai remarqué que les rues étaient désertes, répondit Meg. Honnêtement, je n'en vois pas le but. Si une guerre éclate bel et bien, personne ne sera en sécurité nulle part. Les zonards du monde entier vont prendre part au conflit, de la Résistance anti-gouvernement aux Forces océanique d'autodéfense, en passant même par l'Organisation de libération du monde.

- Je le sais bien mais je n'ai pas eu le courage de le leur avouer. Pour le moment, je les ai rassurés au maximum en espérant que cela parvienne à les calmer.

James soupira. Ses yeux, emplis de tristesse, étaient plongés dans le vide. Il s'inquiétait pour sa famille. Meg compatissait. Elle même avait eu une discussion enflammée avec sa mère la veille. Elle lui avait demandé de démissionner, de peur que son travail ne la mette encore plus en danger. Meg avait beau essayer de la raisonner, sa mère pouvait se montrer extrêmement têtue par moment. Elle avait fini par lui raccrocher au nez ignorant par la suite ses nombreux appels insistants. Meg s'en voulait un peu d'avoir été si dure avec elle. Elle s'était promise de la rappeler un peu plus tard pour s'excuser.

Après un long moment de silence, James se remit à parler :

- Tu sais qu'ils refusent d'envoyer qui que ce soit de chez nous au Dôme 134 ?

- Quoi ? s'exclama Meg. Ils pensent sincèrement que le Squad de la Zone 1 aura assez de moyens pour enquêter seul sur le meurtre de Marc ? Déjà comme ça ils sont incapables de maintenir un semblant d'ordre dans leur Zone...

- Tu ne m'as pas compris. Personne ne fera rien au Dôme 134.

- Tu veux dire qu'ils ne vont pas enquêter ? Mais enfin c'est ridicule ! Le seul moyen d'empêcher cette guerre c'est de faire la lumière sur ce qu'il s'est passé !

- Les autres agents de terrains ont déjà essayé de convaincre le chef mais rien à faire il refuse d'entendre nos arguments. Selon lui, l'enquête n'est pas nécessaire étant donné que les coupables sont tout désignés.

Meg soupira. Elle comprenait mieux maintenant l'origine de la dispute dans les bureaux de son chef. Elle se doutait bien de l'identité de l'assassin mais de là à ne pas enquêter ? C'était ridicule.

- On est au moins sûr que ce sont les Soldats de l'Ouest ? demanda la jeune femme.

- Avec un tir dans le cœur à plus de 300 mètres qui veux tu que ce soit d'autre ?

- Mais enfin James un sniper aussi doué on peut très bien en trouver n'importe où et pas seulement chez les Soldats de l'Ouest ! Il y a des mercenaires très doués de nos jours. 

- On a aussi trouvé l'emblème du groupe sur place : une colombe noire. Ils ont signé le meurtre de façon à ce que tout le monde sache que ce sont eux. C'est un comportement typique des Soldats de l'Ouest et tu le sais très bien. Cela  fait des années qu'ils provoquent les Marqués. Ce jour allait bien finir par arriver...

- Je n'en suis pas si sûr James. Les querelles entre les deux groupes sont de l'ordre purement idéologique. Les Soldats de l'Ouest sont beaucoup plus extrêmes que les Marqués mais ils ne sont pas bêtes au point de s'en prendre ouvertement à un haut placé des Marqués ! Jusque-là on parlait simplement de sabotage et de désinformation entre les deux camps pas d'assassinat. Ça va beaucoup trop loin !

- Meg, ce sont des terroristes. Il n'y a pas de logique à ce qu'ils font.

- Mais James...

- Tu veux un conseil ? Va rejoindre ta mère. Profite un peu de ta famille. La guerre ne va pas tarder à arriver jusqu'ici, les Marqués ne sont pas des tendres. Ils n'hésiteront pas à s'entretuer jusqu'au dernier pour se venger au détriment des vies civiles.

Sur ces mots, James écrasa sa cigarette et rentra à l'intérieur du bâtiment.

Maintenant seule, Meg repensa à la conversation qu'elle venait d'avoir avec son ami. Elle se doutait bien de ce qui allait bientôt se passer. Elle n'avait pas besoin qu'on le lui rappelle. Au fond, James avait peut-être raison, elle n'avait qu'à rentrer chez elle et retrouver sa mère. C'était peut-être la meilleure des choses à faire...

Alors pourquoi ce sentiment de frustration ? Pourquoi sentait-elle que quelque chose n'allait pas ? James et tous les autres s'étaient résignés à l'idée qu'une guerre mondiale allait bientôt éclater. Personne ne cherchait donc à l'empêcher ? C'était incompréhensible. Même si les chances étaient infimes, Meg restait persuadée qu'il y avait moyen d'agir avant qu'il ne soit trop tard. Elle refusait de rester là les bras croisés et de regarder sa famille, ses amis mourir dans une guerre sans but.

Elle avait pris sa décision. Le Squad refusait d'enquêter ? Très bien, dans ce cas là, il ne lui restait donc plus qu'à prendre les choses en main.

Le temps pour elle de faire ses valises et d'appeler sa mère pour s'excuser, et elle se trouvait déjà dans un Transplane direction le Dôme 134 pour sauver le monde. 

Les MarquésWhere stories live. Discover now