Renaissance

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La température est douce, elle glisse sur mon visage tendrement. J'adore le bruit de la ville, de la vie. Tout est différent. C'est bientôt le printemps.

Depuis que je suis arrivé ici le soleil m'accompagne comme pour faire mentir les ouï-dire sur un prétendu mauvais temps londonien.

Mon bureau donne sur une grande fenêtre aux contours blancs. Elle s'ouvre sur une rue aux maisons brunes au sein d'un quartier plutôt calme entouré de nombreuses familles et étudiants. Souvent je reste là. À admirer ce spectacle la fenêtre entrouverte afin d'entendre ces nombreuses voix ornées de l'accent anglais.

Je crois que j'ai toujours rêvé d'être ici.

Je sens en mon cœur une grande excitation mais pas celle qui détruit. Celle qui fait sourire et qui détend les muscles des épaules, et tous ceux du corps.

Néanmoins j'évite la plupart du temps d'aller dans l'hypercentre de la ville, car je suis toujours fragile et ces lieux trop remplis me font peur.

Je recommence à vivre calmement. C'est tellement agréable. Comme de la soie.

Je lis beaucoup car je ne veux pas reproduire les mêmes erreurs.

La guérison est lente mais plus facile quand les lieux environnants aident le corps à se régénérer.

Je travaille dans un Flower shop afin de subvenir à mes besoins. Et même si cela n'est qu'éphémère je m'y plais beaucoup.

Je ne vais pas mentir. La douleur est toujours présente et parfois la nuit je me réveille en sueur, rêvant que je me suis jeté dans le vide ce jour-là.

Je crois que cela fait partie du processus.

Je rencontre deux personnes en allant au supermarché. La première est suédoise venue faire ses études ici. L'autre est né à Londres et étudie la littérature française.

Nous devenons amis.

J'apprécie l'odeur si singulière et fruitée de chaque fleur autour de moi, une multitude. J'aimerais plonger dans leurs nectars surtout celui des glycines ou des lilas et me sentir inondé par les émanations de fragrances colorées aux arômes bienveillants et aux parfums suaves.

Parfois je pars marcher plusieurs heures admirant aussi bien les infrastructures que les jardins, le ciel, les passants. Il est vrai que je me sens, à des moments, coupable de guérir. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que j'ai été trop habitué à cette souffrance et que sans elle j'ai l'impression d'être nu et vulnérable face au monde et aux autres. Face à moi-même.

Sans raison particulière j'aime beaucoup le quartier de Bromley. Mais surtout celui de Bexley qui semble avoir trouvé le parfait équilibre entre notre siècle et ceux précédents gardant un charme quasi-médiéval et à la fois très moderne.

Un dimanche matin il pleut sur Londres. Loin d'être déprimant ce temps m'inspire le calme. Assis devant ma fenêtre je réfléchis et je souris.

Je pense à moi et à ma guérison. Aux différentes méthodes que je pourrais appliquer à ma vie pour réussir à panser ces plaies toujours ouvertes et désinfectées. Je le veux. Je prends conscience de ce que je désire.

Le bonheur. Une goutte ? Non. Bien plus.

Je sais ce que je dois faire maintenant c'est une évidence. Ma destinée.

Je dois écrire. Livrer mes pensées. Tout dire, tout raconter frénétiquement. Passionnément.

Je dois me libérer.

L'embrunWhere stories live. Discover now