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J'arrive pas à parler.
Cette nuit là, j'ai eu l'impression de tout perdre.
Plus de père. Plus de mère. Plus de famille. Plus d'endroit que je peux appeler "chez moi".

Alors je reste là, allongé sur mon lit à revivre la scène de ce soir là.
Les mots de parents imprimés dans les plis de mon cerveau à tout jamais.
Des blessures qui aurait pu en faire perdre tout mon sang si elles étaient corporelles.

La dysphorie est horrible aussi, je me hais tant.

Le coeur ouvert, j'agonise.

Une larme roule le long de ma joue.
Je ne fais plus rien pour les arrêter, je ne fais que ça de toutes façons: pleurer.
Pourtant j'aimerais exprimer tout ce que je ressens d'une autre manière que par de stupide goûtes d'eau salé.

Quelqu'un toque et rentre. La porte se referme.
Je tourne pour voir qui vient d'entrer dans un mouvement lasse.
Le temps que mon cerveau percute que mon professeur principal se tient debout dans ma chambre, il était déjà assis sur ma chaise de bureau.
Je le regarde, sans rien dire avant de couvrir mon visage hideux sous ma couverture.

Monsieur Aizawa reste silencieux. J'en fais de même.

Les minutes passent.
Ça fait une éternité pour moi.
Savoir que mon professeur se trouve dans ma chambre me met mal à l'aise, surtout en connaissant mon état actuel.
L'habituel sourire n'est pas là, ni même mon énergie. J'ai l'impression de ne plus être.

-Kaminari, appela mon professeur.

Un sanglot éclate dans ma gorge.
Avais-je encore le droit de porter le nom de mes parents, eux qui ne voulait plus de moi? Étais-je toujours un Kaminari?
Les larmes coules à flot.

Je sens une main se poser sur mon épaule.

-Pleure, ça fait du bien.

Comme ci c'était les mots que j'attendais pour évacuer toute ma peine, mes sanglots se firent plus violents, plus nombreux.
Mon ventre torturé par les contractions violente de mon diaphragme.
Si j'avais mangé avant j'aurais certainement vomis.

Après un temps, je finis par me calmer.
Monsieur Aizawa était resté du début à la fin, tapotant mon dos et en essayant de m'encourager à évacuer, en promettant d'être là, en promettant qu'il ne me laisserai pas.

Ça aurait dû être mon père à sa place. C'est ce que font les pères; réconforter leurs enfants. Et le miens n'étais pas là.
Ma mère n'était pas là, elle aussi.
Depuis toujours mais cette fois, ça serait à jamais.
Même si je me mettais à prier, ils n'accepteraient jamais quelqu'un comme moi.
Si je l'avais mieux caché peut être qu'ils me passeraient le sel à table. Comme avant. Même si j'aurais aimé être enlacé, ne serais ce qu'une fois.

Alors que je reniflais de la manière la plus disgracieuse qui soit, la couverture sous laquelle je me cache depuis le début se souleva pour réveler mon professeur, à genou à côté de mon lit, me tendant un paquet de mouchoir. Je le pris et me moucha par la suite avant de me redresser dans mon lit. Mes yeux devaient sûrement être rouges et bouffis tout comme mes yeux.
Mon professeur se redressa.

-Tu devrais aller te rincer le visage et boire pour qu'on discute, me conseilla t'il.

Je lui obeis même si cela n'était point un ordre. Je sais que j'en ai besoin pour me remettre les idées en place avant que l'on discute.

C'est seulement une fois après avoir essuyé mon visage que je me rends compte d'à quel point j'ai l'air minable. Mes yeux sont rougis et bouffis; mes joues sont rongées par mes précédents torent de larmes; ma peau est si pâle que j'ai l'impression que un peu plus et elle seraient translucides; mon nez est rouge et irrité à force de le frotté enfin de compte je ressemble à rien. Ne parlons même pas de mon pyjama froissé et de mes cheveux qui ne savent plus quelle direction choisir. Je suis vraiment minable.

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⏰ Last updated: Dec 10, 2022 ⏰

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It's hurt, please, don't wake me up (Slow Update Because I'm Studying)Where stories live. Discover now