Chapitre 7 : Corentin

239 21 95
                                    

- C'était quoi ce moment super chelou ? demandai-je à Lucas, dubitatif.

Je connaissais quand même suffisamment mon... meilleur ami pour savoir quand il me cachait quelque chose. J'avais un très mauvais pressentiment sur ce "Baptiste" que j'avais rencontré trois minutes plus tôt, et que Lucas avait été si soulagé de voir partir. Il m'avait fixé comme s'il me reconnaissait, sauf que son visage ne me disait absolument rien. En plus, il devait avoir quelques neurones en moins pour réagir aussi lentement, j'espérais ne jamais avoir à jouer avec lui à un quelconque FPS parce qu'il serait un pur boulet. Et les réactions de Lucas... Il avait semblé sursauter quand je suis arrivé, vraiment louche. Ca ne me plaisait pas beaucoup cette histoire...

- Alors ? insistai-je.

Lucas me faisait dos, la tête rentrée entre ses bras tendus, une main de chaque côté de la cafetière, m'offrant une parfaite vue sur-

- Coco, je dois te dire un truc important, dit-il en se tournant vers moi.

Il tremblait un peu. Comment est-ce que je pouvais le mettre dans un tel état de panique ? Ses yeux bleus brillaient encore plus que d'habitude, mais pourquoi avait-il si peur ? Il avait tué quelqu'un ou quoi ?

- Il est où le cadavre ? demandai-je.

- Hein ? (Deux) Mais de quoi tu parles ?

- T'as tué personne ? Alors qu'est-ce qui peut te mettre dans cet état là ? fis-je, étonné.

Il prit une grande inspiration et dit :

- Ecoute mec, je crois qu'en fait j'aime pas que les meufs.

...

... ?

...

!!!

Mon cerveau partait totalement en couilles. Attendez, LUCAS HAUCHARD n'était pas exclusivement hétéro ? Donc... Il aimait aussi les mecs ? Tous mes neurones grillèrent instantanément comme des fusibles et je me laissai tomber sur une chaise, essayant par réflexe de cacher le gigantesque sourire d'enfant qui me barrait la face. Alors si Lucas aimait les mecs... J'avais peut-être ma chance en fin de compte ? Je suis quand même Gotaga, le meilleur gamer de la francophonie, et je connais Lucas depuis longtemps déjà... Je sais ce que je vaux et lui aussi. C'est pour ça qu'il est si fragile sur ses jambes ? Parce qu'il a peur que je ne l'aime pas en retour ? Je levai les yeux vers lui. Il était en attente d'une réaction ou d'une réponse que je n'étais pas encore en capacité de lui apporter. Laisse moi encaisser l'information avant de passer à la suite mec, je suis pas encore prêt à entendre mes fantasmes devenir réalité !

Alors que, lentement, mes neurones se reconnectaient un à un et que je tentais de me préparer tant bien que mal à la suite de son discours, il s'assit en face de moi et déposa ma tasse de café devant mes bras. J'aurais plutôt bu un REDBULL (#AD), mais ça fera l'affaire. Je pris une gorgée, hochai la tête, et lui adressai un sourire normal, comme un simple ami aurait réagi, mais avec quelques minutes de retard.

- Ah ? Okay, dis-je avec 5 bonnes grosses minutes de retard.

Cela eut au moins le mérite de détendre les épaules de Lucas. Il n'avait pas compris la dernière fois ? Je lui avait pourtant dit que ça ne me posait pas de problème.

- Okay, donc tu vois Baptiste ? continua-t-il.

Pardon ? Il faisait quoi dans l'histoire lui ?

- C'est en quelque sorte mon mec...

Sous le choc, je sentis l'information monter à mon cerveau... et finalement rester coincée en travers de ma gorge. Je me levai brusquement, repoussant la table, alors que ma tasse s'écrasait au sol.

- Et ça dure depuis combien de temps ? articulai-je, essayant de contrôler ma rage.

- U-un mois... Coco ?

Il avait reculé, apeuré. Je voyais rouge. Un mois que ce connard et Lucas...

- EST-CE QUE TU TE FOUS DE MA GUEULE ? LUCAS CA FAIT DES ANNEES QUE JE T'ATTENDS, QUE JE PRIE POUR QUE T'OUVRES TES PUTAIN D'YEUX ! hurlai-je, frappant le mur. PUTAIN JE T'AIME, T'ES AVEUGLE, T'AS JAMAIS ECOUTE CE QUE J'ESSAYAIS DE TE DIRE QUOI MERDE ! EVA JE L'AIME PAS, J'EN AI RIEN A FOUTRE D'ELLE ET ELLE LE SAIT BIEN, ELLE S'EN FOUT DE LA MÊME MANIERE ! On est même pas ensemble bordel, ça fait trois semaines qu'on a rompu et tu t'en es pas rendu compte. J'ai essayé de te rendre jaloux, j'ai été là quand t'en avais besoin, mais t'as jamais essayé de m'écouter. Qu'il aille se faire foutre ce mec, il sort de nulle part et il croit que je vais le laisser me cuck tranquille ? On verra bien, ouais, on verra bien.

Et, claquant la porte, abandonnant derrière moi ma veste "CREW" noire et blanche (allez voir dans le shop y'a des trucs très stylés), je courus jusqu'à mon propre appartement parisien, essuyant rageusement les larmes qui coulaient sur mes joues rouges. Le French Monster n'avait pas dit son dernier mot, loin de là.

25/04/2022

Ez game 0 rage 0 challenge full addictionWhere stories live. Discover now