33. Lueur d'espoir (2/2)

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— Carlos m'a dit qu'il pouvait entrer en contact avec María-Carolina pour savoir où elle était. Et c'est ce qu'il va faire.

Mes mains compriment le tissu de mon oreiller. Apprendre que ma mère biologique est vivante... Et maintenant que je détiens la clé pour pouvoir la rencontrer ? Après des jours passés dans le noir le plus complet, j'ai du mal à y croire.

— Tu... Tu en es certain ? Ce n'est pas rien, ce que tu avances, Rafael...

— Il me l'a promis et je ne le lâcherai pas tant qu'il ne l'aura pas fait, crois-moi.

Une fois de plus, je suis surprise. Imaginer Carlos et Rafael se parler sans en venir aux mains me semble déjà fou, alors de là à m'imaginer qu'ils puissent avoir scellé un pacte...

Comprenant qu'une partie de la situation m'échappe encore, je baisse les armes et ouvre enfin la voie au sourire béat qui ne demande qu'à éclore sur mon visage.

— C'est complètement dingue. Je n'y crois pas...

Mon regard se perd dans le vague, tandis que mes doigts desserrent leur étreinte pour effleurer le tissu froissé. Rafael, qui me couve d'un regard attentif, pose sa main sur la mienne.

— Ton travail aura fini par porter ses fruits, Ana. Tu peux être fière de toi.

— Tu plaisantes ? rétorqué-je en me tournant d'une traite. Je n'ai rien fait, c'est toi qui es allé parler à Carlos ! Sans ton initiative, je serais encore terrée dans ma chambre à broyer du noir !

— Oh, n'exagère pas. Je n'aurai jamais eu cette idée sans tout le travail que tu as fait en amont. Je n'ai jamais eu l'occasion de te le dire, mais... Merci de m'avoir ouvert les yeux sur la vérité.

Je me tourne vers mon ami pour l'observer. Son visage sourit, mais l'éclat dans ses yeux trahit une certaine tristesse.

— Est-ce que tu as réussi à en savoir plus sur tes parents ?

— Oui, mais l'histoire est bien moins intéressante que la tienne. Dans le trafic, mes parents avaient le rôle de passeurs, c'est-à-dire qu'ils se chargeaient de faire transiter la marchandise. Ce poste les obligeait à bouger en permanence, je devine que c'est pour cette raison qu'ils nous ont confiés à ma tante, mon frère et moi. Le souci, c'est qu'au moment où le trafic a dérapé, ils ont été laissés de côté : María-Carolina s'est tirée et les Maestre ont repris le local. Forcément, quand ils ont été contraints de quitter les lieux sans explication, ça les a rendus furieux... mais ils savaient qu'ils ne feraient jamais le poids face à une famille aussi puissante que les Maestre. Alors ils se sont contentés de poursuivre leur vie ailleurs.

Rafael conclut son récit dans un soupir :

— Bref... L'histoire banale d'un couple qui, à force de vouloir jouer avec le feu, a fini par se brûler les ailes.

Déroutée par sa lassitude, je lui presse le bras.

— Ne minimise pas ce qui s'est passé. Ça n'a pas été simple pour toi d'apprendre que tes parents t'avaient menti depuis toujours sur la vie qu'ils menaient.

— C'est sûr, personne ne rêverait d'être délaissé pour des histoires de trafics... Mais bon, qu'est-ce que je peux y faire ? On ne choisit pas la vie de ses parents.

— Peut-être... mais tu as le droit d'être en colère.

Ma phrase laisse Rafael pensif.

— Tu sais, continué-je, quand j'ai cru que ma mère était morte, quelque chose en moi a... disjoncté. Je ne pleurais pas, je ne criais pas... Je ne sentais qu'un énorme vide. D'un coup, tu n'étais plus là, Carlos me trahissait de la pire des manières et je perdais ma mère... C'était horrible, j'avais le sentiment que tout me glissait entre les mains.

Là où tout a commencé [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant