Le jour où on a chié dans le salon

HS- Izuku et Shoto: Une histoire de temps

Cela faisait longtemps, très longtemps que Katsuki Bakugo, aussi baptisé Kacchan, avait comprit ce qui se passait depuis quelques mois sous son nez, à savoir que deux abrutis étaient incapables de voir l'évidence même.

Depuis le milieu d'année et l'arrivée aux dortoirs, le blond explosif avait perçu un changement dans le duo que formaient Double Face et Deku. Un petit quelque chose qui lui faisait grincer les dents et se demander comment, oui, comment, ces deux imbéciles ne se rendaient compte de rien, vraiment de rien, rien du tout, du tout, du tout. Oui, ça le rendait juste fou. Juste fou de les voir se bouffer des yeux, se sourire à la dérobée, rougir au moindre compliment de l'autre sans-même qu'il n'y en ait un qui se dise que peut-être qu'une attirance était envisageable pour l'être opposé. Non, non, eux, ils seraient capables de s'embrasser et de se demander après s'ils ne seraient peut-être pas meilleurs amis au final plus que de simples partenaires. Plus bouchés que ces deux là, le blond n'en avait pas vu, à croire qu'ils faisaient exprès juste pour l'emmerder.

À table, Izuku demandait à qui aurait la crème fraiche de lui passer et Shoto prit le bol des mains d'Iida pour le passer au petit vert. Leurs doigts se frôlèrent, ils eurent un moment de pause et s'observèrent pour rougir doucement, l'un comme l'autre, Deku en profitant d'ailleurs pour un sourire timide, son regard brillant déporté sur le côté. Ils frissonnèrent et lorsque leurs doigts se séparèrent enfin et qu'Izuku Midoriya murmura un faible merci et Shoto Todoroki un petit de rien inaudible, on put voir dans leurs yeux une lumière éteinte, une profonde déception.Katsuki cligna des yeux, sa moue cachée de sa main et ses yeux perçants braqués sur le couple en formation qui ignorait avoir ce statut. Il calma le tressautement de son genou et répercuta ce geste dans son poignet, jouant de la batterie à une main avec sa paire de baguettes dans son bol vide.

Ces gars allaient le rendre barge. Il ne savait pas pourquoi mais tout dans leurs attitudes mielleuses l'énervait au plus haut point et lui donnait une certaine envie de vomir des papillons arc en ciels pour les exploser ensuite d'un rire maniaque. Il eut un sourire sadique derrière sa paume à cette pensée et son petit morceau de musique ainsi que son observation cessèrent lorsqu'une main se posa lentement sur son poignet. Il détourna le regard pour rencontrer ceux de Tête d'Oeuf et de l'Alien. Il releva un sourcil et les filles lui pointèrent les deux mongoles du regard. Il eut un air surpris et grogna en se levant de table.

Hors de question qu'il les aides, les uns, comme les autres, à réaliser leurs fantasmes.

Il partit de la salle commune en silence, non sans attirer l'attention d'Ejiro qui prit sa suite.

« Tu n'as pas l'air bien Bakubro, ça va ? »

Katsuki s'arrêta dans le couloir pour le regarder dans les yeux.

Ah, il y avait ça aussi à régler, le fameux problème Bakubro. Il soupira, secoua la tête en signe de négation inquiéta encore plus l'autre qui était son « ami » et prit le partit de s'enfuir par l'ascenseur.

Rien n'allait jamais dans cette école de merde.

« Todoroki-kun ! »

L'adolescent se retourna en entendant son nom.

Sa petite moue, surprise, se changea en un demi-sourire aussi discret que sa salutation lorsque son meilleur ami venait à sa rencontre, un immense étirement de lèvres faisant se soulever ses pommettes sur son visage tout tacheté. Il s'arrêta devant le bicolore, rougit légèrement et tout fier, il lui tendit un papier où figurait une photo d'eux deux avec en dessous écrit « Équipe C ».

Shoto entrouvrit la bouche sous une nouvelle vague de surprise et sentant son cœur battre sous la nouvelle, il se tourna vers Izuku, un air ravit au sein de ses grands yeux. Il hocha la tête, content, ne remarquant même pas que dans leur équipe figurait un troisième nom. Non, tout ce qui comptait à présent était cette bulle et n'importe qui aurait été bien idiot de ne pas y voir déjà un semblant d'amour et de solitude vis à vis du monde dans ce duo si parfait qu'ils formaient tous deux.