Chapitre 35

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En entrant dans la salle de bal, je ressens une impression de déjà-vu. C'est la même pièce que dans ma vision avec Éros. Le sol est en marbre, les murs sont blancs avec des moulures faites d'or, mais ce qui retient le plus mon attention c'est le dôme qui donne sur la nuit éclairée par la lune et les étoiles. Je ne peux m'empêcher de penser que de jour cette pièce doit resplendir. Ce n'est pas du tout une petite sauterie comme le disait le roi, il y a une foule de personnes toutes mieux vêtues les unes que les autres dans des tons estivaux. Je sors du lot avec ma robe foncée, je remarque que certaines têtes se tournent vers moi, mais se désintéressent tout aussi vite. Je sens la présence d'Anatole se volatiliser,un coup d'œil dans mon dos me confirme qu'il a disparu. Je le vois s'éloigner et se placer près d'une entrée et scruter la foule d'un regard professionnel. Je pars en quête d'un visage familier, mais je suis seule. Je ne sais pas quoi faire de mes bras qui pendent le long de mon corps, je me sens de trop dans cette soirée guindée. Je n'ai qu'une envie, c'est de prendre mes jambes à mon cou et de repartir d'où je viens. Un domestique passe devant moi, me tend un plateau sur lequel se trouvent des coupes de champagne, j'en prends une et je le remercie. Il paraît étonné, mais sourit de toutes ses dents en repartant. Un quatuor à cordes joue une musique douce et légère dans un coin de la pièce. Je ne vois personne danser, chaque invité parle en petit groupe, rit et je ne peux m'empêcher de reculer doucement. Une voix acide me dit :

— Tu fais tache.

Je tourne la tête et aperçois Anna-Livia qui se place à mon côté pour regarder la foule. Elle porte une robe rose qui lui va très bien, ses cheveux sont tressés et garnis de fleurs blanches qui contrastent avec ses mèches corbeaux. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle est vraiment belle et que je ne comprends pas qu'Éros résiste à ses charmes. Elle reprend :

— Tu n'es pas faite pour ce monde, ça se voit en un regard. Pourquoi est-ce que tu t'accroches à lui ?

Elle me crache ses mots. Je sais très bien de qui elle parle, elle n'a pas besoin de spécifier. Je regarde dans la même direction qu'elle et vois que le regard de la jeune femme est braqué au prince qui sourit et serre des mains. Il ne nous a pas remarqué. Il est tellement à l'aise, il a l'air né pour ça, en fait c'est le cas... Elle continue :

— Il est fait pour moi. Mais tu as décidé de le séduire... Tu n'es qu'une passade, rapidement il se rendra compte que tu n'es bonne qu'à chasser et tu retourneras d'où tu viens.

Je lui laisse le plaisir de m'insulter. Je n'ai pas envie de m'investir dans cette conversation qui me semble sans intérêt. Pourtant une petite voix me souffle de lui faire regretter d'oser insinuer que je ne suis qu'une passade. Cette petite voix continue et me souffle que je suis bien plus que ça. Je préfère l'ignorer, je sais que je ne dois pas m'attacher au prince plus que ce n'est déjà le cas. Je décide quand même de répondre à Anna-Livia :

— Je ne suis pas intéressée, si tu le veux tu peux l'avoir.

Elle tourne enfin ses yeux vers moi et me dit froidement :

Le Joyau de NostrariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant