Artémis et Anna

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« Maman, pourquoi on va aussi v...vite? C'est d...dangereux.

- Ne t'inquiète pas Angelito, je vais freiner d'accord, et la moto ira moins vite et on sera en sécurité.»

J'appuyais sur les freins pour ralentir, mais rien ne se produit. Ils ne répondaient pas et l'autoroute n'était qu'une pente raide suivie d'un virage abrupt, qu'il était impossible de prendre à une telle vitesse. Liam, mon fils de 13 ans, était fermement agrippé à mes hanches à l'arrière de la moto. Je réfléchissais à comment nous arrêter et surtout le plus rapidement possible. Rien à faire, aucune solution ne me venait en tête. Je ne pouvais pas perdre mon fils, je devais le sauver, c'était mon devoir.

Alors, je me résolus à le protéger quoi qu'il m'en coûta, sa vie était plus importante que la mienne. Ainsi, tout en stabilisant la moto, j'enlevai ma veste en cuir, et je lui dis de fermer tous ses vêtements, de resserrer son casque et d'abaisser sa visière s'il ne l'avait pas fait. Il enfila ma veste et les gants que je portai afin qu'il soit le plus rembourré possible avant le choc avec la rambarde de sécurité du virage que nous allions percuter. Il ne posa pas de question mais je vis par le rétroviseur son regard angoissé et des larmes perler de ses yeux.

« Mon grand, on ne peut pas freiner, alors quand je vais tourner, je te prendrai dans mes bras, ne me lâche pas tant que nous ne sommes pas immobiles, lui dis-je calmement malgré la terreur qui me submergeait.» Son unique réponse fut un sanglot étranglé et ses bras qui se relachèrent afin que je puisse l'attraper et le maintenir contre moi après.

Le virage arriva, je tournai et la moto comme je l'avais envisagé pencha vers le sol et fonça droit dans la rambarde. Je serrai fort mon fils contre moi et j'attendis l'impact... mais il ne vint jamais. À la place, une voix féminine, très douce mais puissante, me dit de me lever et d'ouvrir les yeux. M'exécutant, une pièce blanche comme le lait et taillée dans le marbre me fit face ainsi qu'une femme. Elle était légèrement plus grande que moi. Elle portait un carquois et un arc sur ses épaules. Ses cheveux tombaient en une sublime cascade brune et sa main qui paraissait douce mais calleuse était tendue vers moi. Je la saisis mais me relevant je ne vis pas Liam et commençais à le chercher frénétiquement du regard.

« Respirez il va bien, il est endormi dans une autre pièce, je pensais que vous ne voudriez pas qu'il assiste à notre discussion, dit la femme.

- Sûrement... mais qui êtes vous et où sommes nous ? répondis-je sur la défensive.

- Vous avez raison mais où sont mes manières ? Je suis Artémis et nous sommes dans la salle des miracles.

Son prénom était magnifique mais sa tenue me fis penser à quelque chose ou plutôt à quelqu'un.

- Artémis ? Vous êtes une déesse pas vrai ? Sinon je suis dans la coma et j'hallucine tout ça parce que la chute aurait clairement du me tuer.

- C'est exactement ça Astride, je suis Artémis la déesse de la chasse entre autres. Et oui je sais qui vous êtes. Vous avez 31 ans, vous vivez seule après que votre ex vous a abandonné à la naissance de Liam. Et vous avez juré de ne plus jamais laisser quelqu'un vous approcher physiquement et mentalement car il finirait tous par partir.

- Et bien ma vie est plutôt déprimante résumé ainsi, soupirai-je.

- Mais non. En revanche, la suite de notre conversation ne va pas vous plaire. Comme vous l'avez compris je vous ai sauvé la vie. Mais cela a une contrepartie, et je suis obligée de vous demander une action qui se nourrit de vos plus grandes peurs. Ainsi, si vous voulez repartir avec votre fils, vous devez être ma partenaire pendant 1 an. Après cela rien ne vous obligera à rester avec moi.

- Pardon ? Une déesse aussi magnifique et époustouflante que vous me demandiez, à moi, simple mortel, de sortir avec elle. Vous me voyez confuse, répondis-je cherchant un sourire moqueur sur son visage ou encore un signe que j'avais complètement perdu la tête.

- Mais pourtant cela est vrai et vous devez choisir. Mais vite sinon les Parques couperont votre fil.»

Je devais sauver Liam, quoi qu'il en coûte, c'était ce que je m'étais promis. Alors, la regardant droit dans les yeux, j'acceptai son offre. Après tout, sortir avec une déesse devait être sympathique j'imaginais, et puis je savais qu'au moins étant donné son vœu de chasteté, je ne devrais pas avoir peur d'un contact trop intense avec elle. Ses yeux brillèrent un long instant après mes mots. Je restai quand même sceptique sur la contrepartie que m'avait coûté 2 vies mais tous les dieux tombaient amoureux de mortels alors pourquoi serait-elle différente ? Cette douce proposition en fut la preuve.

Soudainement, une lumière encore plus blanche que la pièce m'aveugla, et quand elle se dissipa, j'étais assise dans mon canapé, Liam dormait contre l'un des accoudoirs. Avais-je rêvé ? Ce qui venait de se produire était-il réel ? Confuse, je me levai pour prendre un café et ordonner mes idées. Ce ne fut pas la boisson qui me permit cela, mais le mot écrit sur un post-it.

Bonjour Anna,

J'espère que tu n'es pas trop perturbé par notre conversation de ce matin. Je viendrai te voir demain afin de commencer notre marché. J'ai hâte de te revoir.

P.S: Je me permets de te tutoyer maintenant si tu l'acceptes et tu peux tenir ton fils au courant si tu le souhaites.

σε φιλώ,

Artémis

Après ce que je venais de vivre j'étais étrangement calme, le choc peut-être ? Mais le fait que les dieux existaient ne m'avait pas fait réagir. Après tout ne l'avais-je pas espéré toute ma vie que quelqu'un soit présent, veille et croit en moi quand j'étais au plus bas ? Ce jour marqua mon existence, je ne le savais pas encore mais le 18 janvier 2023 j'avais rencontré l'amour de ma vie.

σε φιλώ= Je t'embrasse (en grec)

One ShotWhere stories live. Discover now