Je suis celle qui vous a sauvé et vous êtes ceux qui veulent me tuer

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Je suis Tricia, dernière descendante de ma famille, et je suis une magicienne. Pendant des siècles, les miens avons été traqués et brûlés, nos pouvoirs déstructurés et nos biens faits oubliés. Aujourd'hui en 1500, nous sommes pour les gens, des sorciers et sorcières qui répandent la maladie, la faim, le froid, la mort, les apôtres de Satan, les boucs émissaires de tous les malheurs des Hommes. Alors que nous sommes les protecteurs de ce monde, les vestiges d'une cohabitation avec la nature et sa magie, les descendants d'un savoir oublié.

Ma famille s'est cachée, a tenté d'oublier ses racines et s'est éteinte dans la peur et le mensonge, me laissant seule à 19 ans en 1512. Mais quand les épidémies sont apparues, les bandits sont revenus, j'ai décidé de sauver mon village quitte à mettre ma vie en danger. C'est pour cela que ce soir, je me retrouvai les mains liées sur le bûcher, entouré par la foule silencieuse, certains munis de fourches d'autres de torches n'attendant que le moment où le brasier me consumerait devant leurs yeux.

« Avant que nous purgeons notre village de toi, sorcière, as-tu un dernier mensonge à nous raconter ? s'exprima Pierre, le chef du comité de justice.

- Je souhaite plaider ma cause. Je ne suis pas une sorcière mais une magicienne, je suis celle qui vous a sauvé et vous êtes ceux qui veulent me tuer, commençai-je à dire.

- Toi ? Nous sauver ? Raconte nous donc, comment penses-tu avoir fait cela sorcière, me cracha un homme du village.

- Cela sera ma joie. Je vais vous raconter deux événements durant lesquels je vous ai aidé, dis-je. »

La foule se tut presque intriguée parce que j'avais à dire, d'autres ricanaient sachant que peu importe ce que je dirai je finirai en cendres.

1513:

Il était tard, la nuit seulement éclairée par la lune était calme, jusqu'à ces bruits dans la forêt. Intriguée, j'enfilai ma cape noire charbon, et me faufilai vers celle-ci. Je m'accroupis dans un buisson, quand des voix d'hommes se firent de plus en plus fortes. Il était une dizaine tous armés jusqu'aux dents, des bandits, des pilleurs qui venaient saccager notre village au milieu de la nuit. Je ne pouvais pas les laisser faire.

Je rabattis mon capuchon, et murmurai, « Ventus. » Leur feu s'éteignit d'une bourrasque de vent, les interrompant dans leurs préparatifs. « Radix» et leurs armes s'enfoncèrent dans la terre, attrapé par les racines des arbres environnant. Ils étaient tous désarmés, confus et déconcentrés. Bien évidemment, je n'allais pas les tuer, mais juste leur faire comprendre de ne jamais revenir. Je frottais mes mains, et claquais des doigts, « Incendia. » Mes mains prirent feu, et soufflant dessus, je créai un anneau de flammes autour de leur campement, mais un anneau qui ne brûlaient qu'eux. Je sortis de ma cachette, et me dirigai doucement vers les hommes.

Quand, ils me virent un dégoût se vit sur leur visage, « Sorcière ! crachèrent-ils. » Je souris, et leur dit que s'il ne quitta pas ses bois ou osait revenir attaquer ce village qu'il mourrait tous. Bien sûr, ils ne m'en crurent pas capable et voulurent s'en prendre à moi. Je soupirai, les regardai, et cette fois si je hurlais « In aquam morietur. » Soudainement, de l'eau jaillit du sol guidé par mes mains et entra par leur nez et leur bouche, atteignant leurs poumons. Ils tombèrent à genoux, suffocant, tentant de respirer, de tousser, mais je tenais leur vie entre mes mains. Je répétais calmement, « Vous ne reviendrez plus, est-ce bien compris ? » Ils hochèrent frénétiquement la tête, et je les relâchais. Et alors que je leur tournai le dos, j'entendis leur toux effréné, et leur pas s'éloignant précipitamment. Le lendemain, nos chasseurs retrouvèrent les traces de leur camp mais ils ne surent pas pourquoi ils avaient fui.

1515:

Une épidémie se répandait dans le village, nos herboristes se rendirent dans d'autres villages pour en trouver le remède. Il fallut 2 semaines avant qu'ils ne rentrèrent, ils savaient comment guérir la maladie mais les plantes ne poussaient que très rarement chez nous. Des battues furent organisées et les herboristes firent de leurs mieux pour soigner les gens mais sans cette plante, le village allait périr.

Je cherchais alors des heures pour me procurer cette dernière, et quand je la trouvai enfin, je retournai à ma maison, légèrement excentrée du village. Je m'agenouillais sur le sol en bois, et le parsema de terre en y posant la fleur. Je m'imaginai notre village entouré de celle-ci, et susurrai « De terra tendit » , je sentis mes forces s'ammenuir grandement après un tel effort avant de m'évanouir.

Je fus réveillée par quelqu'un qui toquait à la porte. Presque chancelante, je poussai la fleur et la terre sous un meuble, et allais ouvrir. C'était Jeanne, une de nos tisseuses, mère de trois enfants et malheureusement veuve. Des larmes striaient son visage, elle m'expliqua que les herboristes avaient annoncé qu'ils ne pouvaient pas sauver ces enfants qu'ils étaient tous trop affectés par la maladie. Elle sollicita mon aide, elle savait que j'avais reçu un certain savoir de mes parents et désespérée elle n'avait d'autre choix.

J'acceptai, et je l'accompagnai jusqu'à sa maison où ses fils et sa fille reposaient tous dans le même lit. Ils étaient brûlant de fièvre, et suaient abondamment, l'un des fils semblait mieux tenir mais il ne survivrait pas non plus la nuit. Elle me tendit quelques fleurs de la plante qui poussait maintenant abondamment autour du village, je savais ce que je devais faire pour les sauver, quitte à être démasquée. Je mélangeais les fleurs, avec du miel et de l'eau, une fois la mixture terminée, je leur tendis à chacun une petite bolée qu'ils avalèrent avec grande peine. Mais cela ne suffirait pas, je murmurai consciente que Jeanne m'entendait, « Per sanguinem circumeunt et sana.» De la surprise se vit dans ses yeux, mais étrangement elle me sourit. Pendant un instant ma vision se troubla, et la fièvre des enfants diminua. Quelques minutes passèrent avant qu'ils soient endormis.

Je passais sauver les cas désespérés ce jour là, certains parents me chassèrent, d'autres me remercièrent et jurèrent de ne jamais rien dire de ce qui venait de se passer, et je finis encore une fois exténuée de fatigue dans mon lit.

« Et c'est par ces deux actions que je plaide encore une fois mon innocence, j'ai soigné vos enfants et protéger vos familles. Alors laissez moi être la protectrice de ces lieux comme les magiciens auraient toujours dû l'être.

As-tu des témoins à tes balivernes sorcières, qui nous dit que tu n'as pas fait 1000 malheurs pour ces deux actions ? Qui nous dit que tu ne mens pas ? Si l'on craint et pourchasse les sorcières c'est qu'elles sont mauvaises, pestifera un homme avec une fourche. Moi je dis qu'on la brûle.

C'est vrai il a raison tuons la ! rugirent plusieurs villageois.


L'un d'eux lança sa torche sur le bûcher qui s'enflamma. J'aurais pu l'éteindre mais avant que je ne puisse prononcer un mot, un vent soudain le fit à ma place.

Cessez ! hurla Jeanne. Je jure devant vous, et sur la vie de mes enfants que Tricia les a sauvés d'une morte certaine, et je ne vous laisserai pas condamner une femme innocente de toute attrocité, et qui jusqu'ici nous as tous protégés. D'où pensez-vous que les fleurs sont parvenues ? Du ciel ? Non c'est son œuvre, elle nous a sauvés et ne mérite pas de périr pour cela, dit-elle fermement. »


Un silence s'abattit sur la foule en furie, certains hochaient la tête convaincu, les familles des enfants que j'avais sauvé s'écartèrent pour laisser un chemin à Jeanne mais personne n'osa parler. Jeanne traversa, et venu me décrocher, on tenta de l'arrêter mais des racines venirent restreindre les mouvements des réfractaires. C'est là que je le vis, l'aîné de ses fils, me souriant, c'était un magicien comme moi, il était la raison pour laquelle Jeanne me sauvait. Je descendis doucement du bûcher, les jambes tremblantes, les poignets ensanglantés, et dis ces mots « Hier vous m'appeliez sorcière, vous ne me connaissiez pas. Aujourd'hui, vous m'appellerez Tricia et je serai votre protectrice. »

Sur cela, je me rendis chez Jeanne où elle me raconta son histoire, et celle de son époux, magicien comme son fils.

Traductions: (latin→ Français)

Ventus = Le vent

Radix = racine

Incendium = incendie (feu contrôlé)

In aquam morietur = Dans l'eau mourrez

De terra tendit = De la terre poussées

Per sanguinem circumeunt et sana = Par le sang circulez et soignez

One ShotWhere stories live. Discover now