6. Indicus

200 17 8
                                    

ChocoBred

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

ChocoBred

•❅───✧❅✦❅✧───❅•

Jeongin marchait le long de la plage, regardant le soleil tiède de printemps disparaître à l'horizon. Le ciel se teintait de couleurs d'or et la mer d'encre en reflétait chaque teinte. L'esprit vagabond, il s'imaginait parcourir l'océan à bord d'un grand navire, vivant de grandes aventures par-delà son monde. Son monde qui se résignait à sa demeure vide et froide et à cette plage étroite.

Il soupira en passant une main dans ses mèches brunes. Le temps passait vite, pourtant il avait l'impression de faire du sur place. Il vivait seul depuis la mort de ses parents. Il y avait de cela près de trois ans qu'ils l'avaient quitté, conséquences d'une fièvre que nul médecin n'avait pu soigner. Jeongin s'était vu épargné, mais à quel prix ? Il avait dû voir ses parents mourir l'un après l'autre, seul, sans même une épouse pour le soutenir.

Ses parents avaient essayé de lui trouver une femme avec qui partager sa vie, mais Jeongin n'avait pas vu l'urgence et avait refusé les quelques prétendantes, espérant trouver mieux plus tard. À son âge, il avait voulu profiter de sa jeunesse. Malheureusement, cette innocence lui avait été arrachée et aujourd'hui il se retrouvait seul. Les profonds abysses de chagrin où l'avait projeté la perte de ses parents l'avaient coupé du monde extérieur et il s'était renfermé sur lui-même.
En ville, les gens de son âge le considéraient comme vieilli prématurément et ennuyeux à souhait. Il n'avait plus d'amis et personne avec qui passer ses après-midi. Il se demandait parfois s'il n'avait pas mieux valu qu'il parte avec ses parents.

Ses bottes s'enfonçaient dans le sable. Il avait pris l'habitude de se balader le long de la berge jusqu'au Gros Rocher pour se vider l'esprit et se donner une sensation de vie. Il aimait sentir le vent frais lui fouetter les joues et le crachin salé de la mer caresser sa peau.

Il n'avait jamais été marin, mais il s'imaginait volontiers voguer les mers et découvrir des trésors. Rêve qu'il ne pourrait jamais accomplir tant la masse de travail l'accablait. À vingt ans tout juste, il avait hérité, certes de la fortune de ses parents, mais aussi de leurs nombreux domaines dont l'intendance demandait une grosse part de son temps et de son énergie. Il n'avait guère l'envie de dépenser le peu de ses dernières ressources à l'élaboration un plan farfelu où il pouvait partir et laisser ses terrains sous le joug de quelqu'un d'autre. Il préférait les passer à lire et s'instruire sur le monde qu'il ne visiterait jamais.

Ses pas le guidaient lentement vers la masse sombre du Gros Rocher, où les vagues se brisaient en une écume fine et légère. Il se revoyait enfant, jouant aux pirates avec ses cousins, ou s'amusant à titiller les bernacles avec un bois flotté. Il entendait sa mère rouspéter face à l'état de ses culottes, mais elle ne pouvait cacher son regard affectueux pour son petit garçon qu'elle aimait tant. Une pointe de mélancolie doublée de chagrin monta dans sa poitrine et lui serra la gorge. Voyons, se maugréa-t-il, tu n'es plus un enfant.

Prisme | Recueil collaboratifWhere stories live. Discover now