Chapitre 12

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Eddie se réveille seul. Il met un temps pour se réveiller, mais surtout pour réaliser la position dans laquelle il se retrouve actuelle : il est collé à Steve, sa tête au niveau de son torse, il sent aussi la jambe de Steve contre lui. Quant à lui, Steve est toujours endormi, la bouche grande ouverte avec un filet de bave qui coule, mais il tient Eddie contre lui. Eddie n'est pas étonné, il est sous le choc car il n'a jamais pu observer Steve de si près. Il remarque qu'il a le teint plus foncé que le sien, sûrement parce qu'il aime plus le soleil que lui. Il se rend aussi compte que même endormi, sa coiffure tient. À croire qu'il fait attention à son apparence même quand il dort, peut-être une habitude qu'il a prise quand il voyait des filles. Eddie profite de la situation et se blottit un peu plus près contre Steve, au point de pouvoir entendre les battements de son cœur. Il sent aussi le souffle de Steve contre lui. Après une dizaine de minutes, le réveil qu'avait mis Steve sonne, il se réveille à son tour et son premier réflexe est de serrer ce qu'il a entre ses bras en lui embrassant le front.
« - Bien dormi ma belle ?
- Oui mon chéri et toi ? » lui répond Eddie en prenant un ton plus aigü, ce qui l'amuse. Steve entend qu'il y a un problème et ouvre les yeux. Il croise le regard d'Eddie qui est blotti contre lui et se lève d'un mouvement brusque.
« - Désolé, j'avais oublié, je...
- T'inquiètes pas, lui répond Eddie en riant et en se levant à son tour. C'est bien la première qu'on m'appelle comme ça.
- Je ne voulais pas, c'est par réflexe. Enfin, je veux dire...
- Tu me prends pour une de tes conquêtes ? »

Steve ne répond même pas, il est trop gêné pour ça. Il prétend de l'ignorer et s'assoit au bord du lit et regarde dans le vide. Eddie se lève et pose sa tête sur l'épaule gauche de Steve. Ce dernier le laisse faire, mais dès qu'il repense à ce qu'il vient de lui dire, il se sent un peu plus débile que d'habitude, donc il prend sa tête dans ses mains. Eddie sent bien que Steve est embarrassé, mais il pense que c'est à cause de lui, au sens où il ne le laisse pas indifférent. Alors, il sort du lit, prend l'autre pull de Steve qui était jeté au pied du lit et le met.
« - Ça ne te va pas du tout, lui dit Steve en rigolant.
- C'est vrai que mes goûts vestimentaires ne sont pas si affreux que ça.
- T'es super susceptible toi, non ?
- Répète ça un peu pour voir ? » Steve ne lui répond pas, il le regarde de bas en haut, pour ensuite le regarder droit dans les yeux et hausser les épaules. Cela agace Eddie, qui se jette sur lui et le renverse sur le lit. Maintenant, Steve a le dos sur le lit avec les jambes en tombant tandis qu'Eddie est debout, penché au-dessus de Steve et le maintient couché en posant ses mains sur ses épaules.
« - C'est bien ce que je dis, t'es susceptible.
- Et toi tu baves quand tu dors.
- Quoi ? Non, pas du tout. » Eddie prend l'oreiller sur lequel Steve dormait et lui montre la tâche qui y est.
« - Juste un peu alors, mais ce n'est pas ma faute !
- Parce que c'est la mienne peut-être ?
- Oui, ça m'arrive seulement quand je me sens à l'aise pour dormir.
- Oh le petit Harrington a dormi comme un bébé.
- La ferme, lui répond Steve avec un sourire en coin tout en le repoussant pour pouvoir se relever. En attendant, ce n'est pas moi qui me suis endormi devant le film et qui doit se faire porter comme une princesse pour dormir paisiblement. »
À ce moment-là, Eddie ne peut pas s'empêcher de rougir de gêne. Il n'avait pas penser à ce détail, qui parait pourtant évident comme le nez au milieu du visage. Cela signifie donc que Steve a pris soin de lui, jusqu'au point de le porter jusqu'à son lit et ne pas le laisser dormir dans le salon. Steve voit le visage d'Eddie virer au rouge et ça l'amuse. Lui aussi peut ressentir quelque chose et interagir avec autre chose que de la provocation ou de la violence. Cependant, bien qu'il y ait clairement une tension entre ceux deux, ni l'un ni l'autre n'ose faire le premier pas. Par gêne, par pudeur, par peur, même eux ne savent pas réellement. Ils veulent profiter de ces instants, enfin surtout Eddie. Il a conscience d'être très différent des standards habituels de Steve, donc il ne peut pas s'empêcher de penser que Steve lui ment ouvertement, et qu'il profite de lui pour se découvrir, bien que ce dernier lui répond de manière assez clair. Notamment ce jour où l'a embrassé sur la joue. On ne fait pas cela à n'importe qui. Toutefois, Eddie refuse d'y croire. Il a beau tomber de plus en plus amoureux de lui, il ne peut pas se convaincre que Steve Harrington puisse l'aimer comme lui l'aime.

« - Tu veux pas me jouer un petit morceau ? demande Steve.
- Tu m'as pris pour ta bonniche ou quoi ? lui répond Eddie d'un ton pleins de sarcasme.
- T'es devenu mauvais à la gratte ? T'as peur de jouer ? dit-il en se moquant de lui.
- Moi ? Avoir peur de ne pas savoir jouer ? Tu me prends pour qui ? » Eddie saute du lit, prend sa guitare, la branche à son ampli et revient s'asseoir sur son lit, juste à côté se Steve. Il l'accorde et s'échauffe un peu la voix avant de commencer à gratter les premières notes de « Paranoid » par Black Sabbath, un de ses groupes de métal préférés parmi toux ceux qui existent, ou qui sont accrochés sur les murs de sa chambre. Ce n'est pas du tout le style de Steve mais il le regarde jouer et chanter. Eddie donne tout ce qu'il a, il connaît le solo de guitare par cœur et veut rendre honneur à cette chanson qu'il apprécie tant. Il a tellement travaillé cette chanson, que c'est devenu un jeu d'enfant au point de balancer sa tête en même temps qu'il joue. Bien qu'il joue seul, sa prestation reste épatante : il est clair que cela aurait été encore plus impressionnant s'il était accompagné par d'autres instruments, mais là, à cet instant précis, cela suffisait à Steve pour être envoûté.
« - Je retire ce que j'ai dit, rajoute Steve à la fin de la prestation d'Eddie. T'es un guitariste et un chanteur de génie.
- Je n'avais pas besoin que tu me le dises pour que je le sache, mais merci. » répond Eddie en remettant ses cheveux en place et en accrochant à nouveau sa guitare à son mur.
« - J'ai un groupe, rajoute-il. On devrait faire un concert ce week-end.
- Ça se passe où ?
- Dans une petite salle en ville. Ça s'appelle le Riot'n'Roll. Ce n'est pas le meilleur nom, mais on est des habitués là-bas. Il y a souvent beaucoup de monde, on a pas mal de pression, mais on suffoque souvent à cause de l'odeur.
- Bizarrement ça te ressemble bien, lui répond Steve en riant.
- Qu'est-ce que t'insinues ? »
Steve prend le temps de regarder Eddie de bas en haut et fait un signe de la main au niveau de son nez avec une impression de dégoût pour signifier clairement qu'Eddie ne sent pas la rose.
« - Connard, lui répond Eddie en souriant, tout en prenant sa veste pour sortir de chez lui.
- Oh, tu vas où comme ça ?
- Puer encore plus. » lui répond-il en prenant son paquet de cigarette de sa poche. Steve regarde l'heure et voit qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps avant d'être en retard. Alors il le suit à l'extérieur, tout en prenant ses affaires. Sans savoir pourquoi, il prend le t-shirt dans lequel Eddie a dormi et le met avec ses autres affaires.

Une fois sorti, Eddie allume sa cigarette et tire une première fois. Il sent la fraîcheur matinale d'une début d'une journée d'automne, mais il se sent assez réchauffé dans sa veste, mais surtout dans le pull de Steve. D'ailleurs, celui-ci est sorti aussi et pousse Eddie vers sa voiture.
« - Eh oh, qu'est-ce que tu fais là ?
- Je dois aller bosser, tu dois pas aller au lycée toi ?
- C'est vrai que j'ai promis d'avoir mon diplôme cette année. Ce sera mon année Steve. » dit Eddie fièrement en regardant au loin. Steve le regarde et il ressent un sentiment de profond bonheur, comme s'il partageait la fierté qu'Eddie pouvait éprouver à ce moment exactement. Ou alors c'est parce qu'Eddie a une nouvelle fois prononcé son prénom. Sans perdre un instant, Steve lui prend la main et le tire vers sa voiture.
« - On continue la partie ce soir ?
- Non pas ce soir. J'ai d'autres choses à faire. »
Eddie reste assez mystérieux sur ses activités et Steve n'ose pas trop lui poser des questions. Sûrement par peur de le vexer ou de se sentir ridicule. Alors il n'insiste pas et l'amène jusqu'au lycée. Ils se font signe de la main et Steve repart.

In another world, we could love eachother (steddie FR)Where stories live. Discover now