Chapitre 47 : Armando, raconte-nous une histoire

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Point de vue : Kélio

Je n'ai jamais eu aussi peur pour quelqu'un. Je suis là, assis sur le bout du lit à couver Fleur d'un regard angoissé. Après ma déclaration, je l'ai porté pour la ramener en sécurité, j'ai voulu la laver pour faire disparaître toutes traces du passage de Vince, mais elle s'est débattu en me hurlant dessus, elle ne voulait pas être touchée et encore moins par un homme. J'ai donc attendu derrière la porte en regardant plusieurs fois par le trou de la serrure pour m'assurer qu'elle ne ferait pas une connerie. Elle a fini par sortir de la salle de bain en titubant légèrement, le regard perdu. Elle s'est finalement couchée dans notre lit. Je ne l'ai pas touché, ni approché. Je ne voulais pas la brusquer.

Alors quand elle s'est endormie, j'ai déposé un baiser sur sa tempe avant de m'éloigner de peur de la réveiller et de lui faire peur.

C'est horrible d'être repoussé ainsi, mais je la comprends, Vince à tout détruit. Je ne sais pas combien de temps cela mettra avant que je ne puisse la reprendre contre moi sans qu'elle ne me rejette.

Mais je ne perds pas espoir, je sais qu'elle m'aime, elle me l'a dit. Elle a juste besoin de temps pour se reconstruire, pour rapprivoiser le toucher, les caresses.

J'ai voulu aller me doucher pour éviter de regarder Fleur tout en sachant que je ne peux pas l'approcher. Mais quand j'ai vu tous les miroirs de la salle de bain retourné, j'ai eu peur.

La reconstruction sera bien plus longue et difficile que je ne l'avais imaginé.

Point de vue : Armando

- Ce n'est pas possible d'être si lourd ! Dis-je entre mes dents serrées.

Je suis en train de porter Vince pour l'amener dans la salle de jeu de Kélio, je suis obligé de le porter, car ce bouffon c'est cogné la tête dans le coffre de la voiture quand j'ai roulé sur un dos-d'âne et il s'est évanoui.

Certes, j'ai pris le dos-d'âne à toute vitesse, mais quand même, il n'est pas vraiment résistant quoi ! La dernière fois, quand je l'ai fait avec Simone, il a seulement fini avec six points de suture.

- Dernière fois que je rampe dans un conduit pour quelqu'un d'ailleurs, je préfère voir ramper les jolies filles devant moi plutôt que de voir un rouquin au slip sale se trémousser, dis-je en parlant tout seul.

J'arrive enfin à cette salle, j'entre et allume les lumières.

Putain, mais ça n'a pas été nettoyé depuis que Kélio à décapité celui qui nous avait volé un conteneur d'amphétamine. Il y a du sang séché partout et la tête traîne toujours au pied de la chaise.

- Tu te rends compte Vince, ça pu presque plus que ton pantalon plein de pisse et de merde, dis-je en secouant le rouquin.

Je donne coup de pied dans la tête qui roule plus loin, c'est chiant quand il laisse des bouts de corps, car on doit les enterrer. Je le sais depuis le jour où j'ai mis un bras dans la poubelle jaune et que les flics ont débarqué parce que soit disant c'est illégal et qu'en plus ça ne se recycle pas.

La bonne blague ! Comment je pouvais le savoir ? 

Je pose le corps sur la chaise et le ligote bien fermement.

- Ça te va bien les cordes, on dirait une paupiette de veau chez le boucher. Bon, tu ne bouges pas hein ? Je vais chercher ton frère, comme ça vous pourrez vous amuser tous les trois ! Dis-je en nouent le dernier nœud.

FiorellinoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant