26 - Au bout du couloir

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DECEMBRE 2017


Le mois de décembre est passé très vite également. Je suis rentrée de nouveau quelques jours en Bretagne au milieu du mois pour fêter Noël en avance avec ma famille. On avait de gros projets pour les fêtes dans les restaurants et je ne pouvais pas me permettre de m'absenter à Noël. Ma mère a trouvé que j'allais mieux qu'en août. Mon père a fait une moue dubitative quand elle a dit ça. Il n'était pas dupe, il n'arrêtait pas de me mettre en garde. Il me disait que je n'avais rien réglé du tout dans ma tête, que je trouvais des parades, des subterfuges pour avoir l'impression d'aller mieux mais que le souci de fond était toujours présent.

J'ai fêté Noël avec Olivia, Tonton, Papy, David et sa femme. C'était le Noël le plus atypique que j'ai pu faire de ma vie. Nous avons mangé sur le pouce après le service du 24 décembre dans la cuisine du deuxième restaurant de Marseille, les restes des menus servis le soir même. Nous nous sommes offerts de petits cadeaux, nous avons trinqué avec une coupe de champagne et nous sommes allés nous coucher car nous enchaînions sur une grosse journée le lendemain. Nous avions fait le choix de ne pas engager trop d'extra pour servir pendant la période des fêtes car nous ne pouvions pas encore nous le permettre financièrement mais du coup, nous avons tous dû mettre la main à la pâte pour faire tourner les restaurants.


SCH:
salut beauté je sais que tu veu pas me parler
mais sa me saoule en vrai qu'on se parle plus

SCH:
je sais que g fait de la merde, jsuis vraiment désolé

SCH:
jmen veu trop en vrai

SCH:
c nul sans toi

SCH:
stp Romy, rep moi


J'ai reçu les messages entre 3h25 et 3h55 du matin. J'en avais conclu que Julien était bourré. J'ai eu un pincement au cœur. Je devinais que pour qu'il m'ait envoyé ces messages c'est qu'il n'était pas bien. Il avait dû boire plus que de raison pour se vider la tête mais s'était fait rattraper par ses pensées et sa mélancolie. J'ai vite chassé cette idée de ma tête, s'il n'était pas bien, c'était tant pis pour lui. Je n'avais plus à m'en inquiéter.


A la fin du mois de décembre, j'ai reçu un appel de Sana sur les coups de minuit. J'ai décroché un peu inquiète.


 Ça va ? Ai-je directement dit.

 Non je crois pas. Julien va pas bien, il est aux urgences. Je crois que c'est grave. Genre vraiment grave. C'est au niveau des poumons. Il doit se faire opérer. Joëlle panique. Ahmed est pas là, comme d'hab quand on a besoin. Je... Je sais pas quoi faire !

 Doucement, doucement ! Ai-je dit pour la calmer. J'ai pas tout compris meuf. Julien est à l'hôpital ? Ai-je demandé.

 Oui, il est en train de se faire opérer des poumons. Je sais que tu veux plus en entendre parler mais je me suis dit que tu voudrais savoir. C'est grave Romy, en vrai. Je crois qu'il peut mourir. A-t-elle dit au bord des larmes.


Mon cœur a loupé un battement. Mourir. Mon sang s'est glacé. Il ne pouvait pas mourir. Pas lui. Pas encore.


 Sana, je comprends rien là putain. Sois plus claire s'te plait ! Me suis-je agacée.

 Il a eu du mal à respirer, il toussait beaucoup et n'arrivait plus à reprendre son souffle. Mais Ahmed était pas là alors je

 Je m'en bats les couilles d'Ahmed Sana ! Me suis-je énervée.

ScélératWhere stories live. Discover now