VII

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La chaleur de mon lit, l'odeur de tabac froid, le soleil qui se glisse par endroit dans la pièce, tout ça me semble si lointain, même lorsque je vois Manjiro entrer dans la pièce

- Tu ne devrais pas laisser la porte ouverte

Je tire la couverture, la montant juste assez pour ne laisser que ma tête sortir avant d'eternuer

- Voilà que j'hallucine maintenant

Il s'accroupit, posant sa tête sur le bord du lit en m'observant

- T'es toujours en vie. Je ricane, totalement shooté par les médicaments censés contrer l'angine rouge que je subis depuis deux ou trois jours

- Ne soit pas si déçu, je vais croire que tu ne m'aimes pas

Je sors ma main de sous la couverture, l'air est froid, mais je pose mon index sur sa joue

- C'est fou comment ces médocs donnent des illusions réalistes

Un léger rire quitte ses lèvres

- Tu crois vraiment que j'suis une illusion ?

- Le vrai Manjiro est aux États-Unis en train de vivre la belle vie, peut-être même qu'il se tape des putes, il paraît qu'elles sont jolies là-bas

- Je n'ai pas touché une seule fille là-bas

Je remets ma main sous la couverture en éternuant une nouvelle fois

- Comment t'as fait pour chopper la crève, tu sors jamais de chez toi

- J'suis allé faire des courses

Il replace l'une de mes mèches. Le contact entre ses doigts froids et ma peau brûlante est agréable. Je ne peux retenir un léger soupir de bien être

- Je t'ai manqué ? Demande-t-il

- Non... j'ai pas eu le temps de penser à toi, je dois retrouver un travail

- Tu t'es fais virer ?

- À cause de ton foutu second

Mes yeux s'humidifient jusqu'à ce qu'une larme ne coule sur ma joue

- J'en ai marre, rien ne va dans ma vie depuis sa mort

- La mort de qui ?

Un instant, je l'observe avant de détourner les yeux

- Le seul homme que j'ai vraiment aimé. Au collège, pendant une de vos putains de bagarre de gang

- J'suis désolé

- Il a toujours été prêt à mourir pour son gang... j'avais fini par m'y faire et profitait de chacun de nos moments ensemble comme si c'était le dernier

Il caresse doucement ma joue brûlante

- On allait souvent à la plage, presque tous les soirs en faite, quand il n'avait pas de réunion ou de bagarre, on observait le couché de soleil... après sa mort, j'me suis renfermé sur moi, j'ai continué de subir mon harcèlement sans rien dire en detestant les gangs et un peu près tous les sentiments

Épuisée, je commence à somnoler et, prenant sa main dans les miennes, je l'attire contre moi

- Qu'est-ce que tu fais ?

Il ne bouge pas et je me blottis contre lui, son corps froid est agréable

- Juste 5... minutes...

Un silence dur quelques secondes avant que je murmure

- Je peux pas t'offrir ce que tu veux être pour moi...

- Je n'ai pas besoin d'être quoique ce soit pour toi tu sais. J'ai juste besoin que pour toi ma vie soit plus significative que ma mort

𝒟ℯ𝒶𝒹 ℳ𝒶𝓃Where stories live. Discover now