Chapitre IX : Lysander

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      La directrice était toujours aussi admirable que lorsqu'elle n'était encore qu'une simple enseignante dans une école de Spaten. Elle avait déjà insufflé la terreur dans l'esprit de ces jeunes gens, une force de la nature simple et pure qui horrifiait déjà un niveau entier.

     Lysander l'admirait pour ça, en toute honnêteté. Il n'avait jamais été maté par une femme. Celle-ci était la seule qui l'avait un jour fait se sentir inférieur, elle et la Reine bien entendu, il lui vouait donc une certaine admiration ainsi qu'un profond respect. C'était tout simplement naturel.

     A l'époque où la directrice était encore une simple enseignante à l'école, Lysander l'avait prise en ligne de mire. Il ne savait pas vraiment pourquoi, peut-être que son aura de force naturelle avait été assez forte pour donner envie au futur garde de la ramener sur terre. Peut-être que cette aura avait offert à Lysander une envie de relever un nouveau défi. Un nouveau défi qui consistait à vaincre cette drôle d'enseignante sur son terrain de jeu. Et il avait perdu.

     En effet, il avait joué au plus fort, au plus fier, au plus malin, mais Mme. Hohendorf l'avait été plus encore. Elle l'avait battu à plate couture, le mettant dos au mur. Elle avait remporté la partie, il s'était senti s'incliner. Dès que son ton devenait insolent, elle avait toujours trouvé un mot cinglant pour le calmer. Dès que son comportement était irrespectueux, elle avait employé un ton mielleux pour s'adresser à lui comme à un petit enfant, le ridiculisant au passage.

     Il se souvenait encore de sa rage et du sentiment de ridicule qui l'emparait la plupart du temps à l'époque. Aussi étrange que cela fût, il se sentit sourire. D'un sourire fin, crispé et à la froideur du vent de ses montagnes. Mais il trouvait ce sourire justifié, cette directrice avait gagné son respect, l'avait vaincu, et avait gardé cette force vibrante dans sa voix et dans son langage corporel. Et cela l'enchantait, en un court discours de rentrée, la directrice avait détruit toute envie à quiconque de se dresser face à Spaten, les élèves respirant naturellement la même force que la directrice.

     Excepté Klaus mais Lysander commençait à se dire qu'il avait été adopté.

     C'est donc mué d'une étrange fierté et admiration à l'égard de son ancienne enseignante qu'il emboita le pas au Prince qui suivit les autres jeunes gens de son âge jusqu'aux dortoirs de Spaten.

     Cependant, durant le court trajet, son esprit s'activa. Grâce à sa vitesse, il avait fait un rapide tour des élèves et, désormais, sa mémoire travaillait les détails les plus troublants et voyants qu'il avait repérés. Il y en avait plus d'un.

     Pour commencer, il avait clairement repéré les futurs Rois et Reines des autres royaumes. Il avait vu la Princesse de Corazon, de la lignée Rivera, il l'avait reconnue grâce au cœur rouge finement dessiné sur sa main. Il ne s'était pas spécialement attardé sur elle, la princesse avait encore le visage de l'enfance avec des joues bien rondes et roses et des yeux remplis d'innocence. Elle lui faisait penser à Klaus, par conséquent il n'avait pas jugé intéressant de s'attarder sur une enfant qui ne semblait pas avoir les qualités requises pour gouverner. Mais, il devait admettre avoir remarqué un minuscule détail :

     Dans les yeux de la Princesse brillait une ambition sans faille. Il revoyait à l'exactitude la lueur ambitieuse dans son regard aux fleurs de rose. Cependant, est-ce que cela suffirait ?

     N'ayant pas de réponse à cette question, et s'en moquant royalement qui plus est, le garde changea de souvenir. Découvrant cette fois-ci le Prince de Tegola qu'il avait rapidement remarqué grâce à son carreau aux couleurs de l'océan ancré dans la paume de sa main. D'ordinaire, on le voyait mal, mais le jeune garde était plus attentif que d'autres. Contrairement au Prince Klaus et à la Princesse Rivera, ce Prince-là, Ferruci, avait déjà la force du Roi à devenir. Il se tenait droit, avec fierté et une assurance palpable. Il était déjà un fier jeune homme conscient de l'avenir royal que l'As lui avait réservé. Il serait un bon Roi, c'était une évidence même. En tout cas, à côté de Klaus il n'y avait aucun débat possible c'était certain. L'avenir de Spaten ne serait pas aussi fier et glorieux que celui de Tegola, et Corazon si l'As avait décidé de faire pleuvoir du malheur sur eux. Cependant, l'As avait décidé de faire pleuvoir la malchance chez Clover aussi apparemment.

Les Royaumes de Cartes [EN RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now