Celle qu'il aime

Chapitre 31

Mai

Alice sentit ses larmes couler en découvrant le magnifique petit dessin. Liv ne pouvait pas se rendre compte à quel point ça avait du sens. Combien c'était magique qu'elle y ait vu précisément ce symbole dans cette blessure sans connaître toute son histoire.

- Je voulais pas te faire pleurer...

- Elles sont bonnes ces larmes là, promit Alice, merci.

Et puis, levant les yeux vers cette enfant qui n'était encore qu'une inconnue quelque part, Alice osa :

- C'est bizarre si je te demande de me faire un câlin ?

Liv n'hésita pas une seule seconde, avec toute la bonté du monde, elle prit la jeune femme dans ses bras et la serra de toutes ses forces.

...

Adam se réveilla au milieu de la nuit, seul dans le canapé. Il chercha Alice sans la trouver, était-elle partie sans rien dire ? Il vit que Liv aussi n'était plus là et remarqua que la trappe de sa chambre était encore ouverte et qu'il y avait de la lumière là-haut. Il prit le temps d'éteindre la télé et de vérifier son téléphone.

Il espérait qu'elle lui ait écrit, si elle était partie comme ça, mais il n'avait aucun message.

En montant à l'échelle, il s'arrêta à mi-chemin pour simplement passer sa tête dans l'ouverture et dire bonne nuit à sa fille. Mais il tomba sur Liv, dans son grand lit au fond de la pièce, qui le prévenait de ne pas faire de bruit afin de ne pas réveiller Alice, endormie à côté d'elle.

Comment c'était arrivé ?

Il s'approcha sans bruit et interrogea sa fille du regard. Elle leva le bras pour lui montrer son bouquet de fleurs dessiné sur sa peau abîmée. Adam tendit la main pour qu'elle le laisse voir de plus près malgré la lumière tamisée qui laissait la moitié de la chambre dans le noir. Il chercha le relief du bout des doigts parce qu'il ne voyait plus du tout les vieilles plaies...

- Un jour je me ferai tatouer ces fleurs, murmura Liv à son père. Je les ai prises en photo pour garder le modèle.

- C'est magnifique, dit-il.

Il regarda le visage paisible d'Alice qui semblait avoir sombré dans un sommeil profond.

- Elle dort depuis longtemps ?

Liv leva trois doigts pour dire trois heures. Il était content qu'elle puisse se reposer, enfin. Hors de question de la réveiller maintenant, mais il n'avait pas envie de dormir seul. Alors, en veillant à ne pas la bousculer il se glissa entre elle et Liv qui se blottit au creux de son épaule en continuant d'écrire sur son téléphone.

- Tu fais quoi ? murmura-t-il.

- C'est mon journal, tu sais, pour les séances ?

- Je t'avais jamais vu écrire autant.

Son paragraphe occupait tout l'écran et elle avait l'air d'écrire depuis des heures.

- J'ai beaucoup de choses à dire, de bonnes choses, précisa-t-elle.