Chapitre 38

2.3K 201 3
                                    

Juillet

- C'était moi, Adam, la petite fille, et c'était ma mère...

Il ouvrit la bouche pour parler sans savoir quoi dire. Continuant d'essuyer ses larmes avec toute la douceur du monde. Il n'aurait jamais fait le lien tout seul, elles ne portaient pas le même nom de famille.

- C'était toi ?

- Je me souvenais de ces moments mais je ne savais pas que c'était toi ce garçon.

Chacun accusait le coup. Ce que la vie pouvait être bizarre. Mais douce, mais belle, et comme écrite à l'avance tel un livre qu'on veut relire sans fin.

- Alors tu vois, il sourit, finalement je me souviens de toi plus tôt que le lycée.

Elle sourit malgré les gouttes qui perlaient encore au coin de ses yeux.

- Elle n'est plus de ce monde.

Ça se vit sur son visage que son cœur se brisait à l'idée que cette femme qui l'avait marqué n'existe plus. Et encore plus à l'idée que celle qu'il aime ait connu cette douleur insoutenable.

Alice ne savait pas si elle devait lui dire comment...

Qui a besoin de savoir de quoi les gens meurent ?

De maladie, d'accident, de meurtre, d'avoir trop vécu...

Sa mère était morte de tout ça à la fois.

Elle était l'assassin.

Elle était malade.

Elle était accidentée par la vie.

Elle avait tellement vécu.

Et puis, pendant qu'il lui parlait d'elle, elle l'avait senti si proche. Comme si sa maman était encore un peu là.

- Je suis désolé que tu l'aie perdue, j'ose même pas imaginer...

- Elle s'est donné la mort quand j'avais 18 ans.

L'anniversaire tant redouté.

- Et j'avais oublié depuis tout ce temps que je pouvais me souvenir d'elle quand elle était vivante...

Parce qu'elle avait presque oublié qu'elle avait vécu. Vraiment vécu. Et aimé ça, elle avait tellement aimé sa vie.

Évidemment qu'elle avait aimé vivre.

Évidemment qu'elle avait toujours envie de vivre, même à la fin, la dernière seconde.

Sinon ça ne l'aurait jamais désespéré à ce point de ne plus y arriver.

Cette nuit là, dans ses bras, elle ne regardait que lui mais toutes ses pensées passaient par la fenêtre, vers le ciel.

« Dis moi maman... j'ai envie de croire au destin ce soir.»

Elle caressait ses lèvres alors qu'il l'embrassait avec les yeux.

« Est-ce que je peux le garder toute ma vie ?»

Ils arrivaient à tout deviner de l'un et de l'autre même dans la pénombre.

Elle avait longtemps pensé qu'elle ne donnait pas assez. Que c'était pour ça. Et que si ce n'était jamais assez pour retenir ceux qu'elle aime, elle ne devait plus rien donner.

Et puis Adam.

Celle qu'il aimeWhere stories live. Discover now