Chapitre 3

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Qui sont ces gens qui sont revenus ? Cette femme ne doit pas avoir toute sa tête. Minuit la regarde partir en agitant les oreilles comme s'il entendait quelque chose. Je hausse les épaules et continue de m'occuper de mes jeunes pousses.

Lorsque j'arrête, il est presque midi. Je n'ai pas vu la matinée passer. Le temps de finir d'arroser les pousses, je me rends compte que je devais aller en ville, aujourd'hui. Ça ne m'intéresse pas, mais je l'ai promis. Je cueille ce dont j'ai besoin avant de prendre ma voiture. Oui, j'ai encore le cœur qui bat fort à la pensée de ce qui s'est passé hier. Je dois me ressaisir. C'est un tout nouveau jour. Je jette un dernier regard à Minuit qui est sous le porche de la maison avant de prendre la route. Sacré chat.

***

Je me stationne dans le stationnement voisin de la boutique de mon amie. Petite ville, peu de place. Parfois, j'ai l'impression que la ville a oublié d'évoluer avec le temps. Les cheveux ne sont plus de notre époque.

Je traverse rapidement la rue en évitant bien sûr de me faire frapper. Lorsque je passe la porte, la clochette retentit faisant écho dans la pièce. L'odeur de sauge et de romarin plane dans l'air. J'ignore pourquoi, mais tous les matins, cette dernière purifie la boutique.

Miranda arrive avec une caisse de bois et sursaute lorsqu'elle m'aperçoit. En dehors du Dr Frost, c'est la seule qui ne me croit pas folle. En fait, Miranda est obnubilée par tout ce qui touche la magie et l'antiquité. Je la laisse dans ses délires, je n'y crois pas trop. Bien que je sois ouverte à la spiritualité, mes croyances restent limitées.

— Pardon, Iris. Je ne t'ai pas entendu. Ça fait longtemps que tu es là ?

— Non, je viens tout juste d'entrer.

— Bien.

— Je viens t'emporter les fleurs que tu voulais. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu voulais de l'aconit.

— C'est au cas où, hausse-t-elle les épaules, on ne sait jamais.

— Au cas où, de quoi ? Je persiste.

— Que les loups reviennent! Rit-elle.

C'est la deuxième personne qui m'en parle. Est-ce une pure coïncidence ? D'après les registres de la ville, ils ont disparu, il y a des centaines d'années. Pourquoi reviendraient-ils ici ? C'est complètement absurde. Je balaie cette information de la main et dépose le sac sur son comptoir. Ma curiosité me pousse à jeter un regard furtif à la caisse de bois. Je la vois sourire en l'ouvrant.

— Tu n'es pas aussi curieuse, habituellement, me fait-elle remarquer, c'est étrange.

Je rougis qu'elle me prenne en flagrant délit. C'est vrai qu'habituellement, je ne suis pas comme ça. J'aime plutôt être discrète, mais là, c'est plus fort que moi. Je vois rarement de vieilles caisses comme la sienne.

— Moi aussi, je suis curieuse, ricane-t-elle. J'ai trouvé cette caisse à la cave. Je n'avais jamais fait l'inventaire de celle-ci.

— Qu'as-tu trouvé ?

— Rien qui a de la valeur.

— Et tu crois que cette caisse en renferme ?

— Ouvrons là ! haussant les épaules.

Je reste plantée, là, en attendant avec impatience que Miranda passe à l'action. Une nuée de poussière s'envole, lorsque mon amie l'ouvre et nous fait éternuer. Elle en sort de vieux bocaux, dont les mixtures sont un peu douteuses. Mon apprentie sorcière en sort, ensuite, deux vieux bouquins. L'un d'eux ressemble à un journal. Qui a bien pu cacher ça, ici ? Je ne me tarde pas sur la question, puisque Miranda sort un sac de velours. Ça ressemble à une ancienne bourse.

Pour toujours À jamais - À nos années perdues Where stories live. Discover now