Chapitre 10

12 3 0
                                    


Que s'est-il passé ? Ma tête tourne. Ce rêve est étrange. Pourquoi mes songes ressemblent-ils à des scénarios de films ou a des déjà vue. Lentement, j'ouvre les yeux. Je suis dans ma chambre. Je ne me souviens pas d'y être montée. Tout à coup, tout me revient. William. Ses questions sur son frère. Sa tristesse que je ne me souvienne de rien. Notre baiser.

J'ai vraiment embrassé William. Pourquoi me suis-je laissée faire ? Du bout des doigts, je touche mes lèvres qui semblent encore enflées par ce baiser. Je ne comprends plus ce qui m'arrive. Je m'assois sur mon lit en regardant autour. C'est la première fois que Minuit n'est pas là. J'ai l'impression d'être perdue. Je veux me recoucher et oublier tout ça, mais mes fleurs ont besoin de moi.

Rapidement, je me fais une toilette et mets une robe passe-partout. Inutile de m'habiller autrement, je ne sortirai pas en ville aujourd'hui. À la cuisine, il y a une note sur la table. « Désolé ». De quoi est-il désolé ? Je me secoue la tête et jette la note à la poubelle. Je me tourne vers mon frigo. Pas de salade de fruits. J'ai vraiment la tête ailleurs, ces derniers temps. Je m'empare d'un yaourt nature avec un grand verre d'eau et m'assois à mon îlot. En mangeant, je ne m'empêche pas de regarder le bol de Minuit. À moitié vide. Il finit toujours ses plats, habituellement. C'est étrange. Je l'appellerai tout à l'heure. Ce dernier doit être pris quelque part.

Soudain, quelqu'un sonne la porte, me forçant à mettre mon yaourt de côté. D'un pas las, je me dirige vers l'entrée et fronce les sourcils en voyant l'individu sous mon porche. Que fait-elle ici ? Elle n'est jamais venue.

— Miranda.

— Iris. Je... euh... Je suis désolée de mon comportement d'hier. Tu me connais. Je dis des choses qui peuvent blesser.

— Tu devrais faire attention. Un jour, c'est plus qu'une amie que tu perdras.

— Je sais. Je peux entrer ?

— Fais comme chez toi.

Je la laisse passer. Nerveusement, elle met un pied devant l'autre en entrant dans ma demeure. Celle-ci observe ma maison d'un œil surpris. J'ignore ce que cette dernière cherche, mais je ne crois pas que ma maison est quelque chose intriguant pour sa part. Minuit arrive à la course et dévisage mon amie pendant un moment. Il ne crache pas, mais tolère sa présence. Miranda murmure quelque chose que je ne comprends pas. Elle n'est jamais venue ici, du moins depuis que j'y habite. Nous passons au salon et un silence s'installe entre nous pendant quelques minutes. Elle passe ses mains sur ses cuisses par nervosité, chose que mon amie n'a pas l'habitude de faire.

— Je suis désolée, répète-t-elle, j'aurais dû peser mes mots.

— C'est du passé, mais que je ne t'y reprenne pas.

— Promis. Alors, c'est ta maison. Je...euh... la croyais plus petite.

— Oui, c'est ma maison. Je crois qu'il y a eu des rallonges ajoutées au fil du temps. Je crois que cette pièce est l'une des originelles.

— À cause du foyer ?

— En autre, oui.

— Hmm... Je suis venue m'excuser, mais pas simplement pour ça.

— Je t'écoute.

— Je veux émettre un avertissement.

— Un avertissement ?

— Oui. Contre la famille du château. En particulier contre les frères. Ils ne sont pas comme tu le crois... Ils vivent beaucoup dans le passé. Ces frères-là ne sont pas de bonne fréquentation. S'il te plait, ne t'approche pas d'eux.

— Je ne t'ai jamais dit que je les avais rencontrés.

— Je n'ai pas besoin que tu me le dises. Écoute, je ne veux juste pas que ce qui s'est passé avant,, arrive de nouveau. Je ne veux pas te ramasser en mille morceaux. Tu as été bonne pour moi, je ne pourrais jamais te remercier...

— Mais de quoi parles-tu ?

— Bien évidemment, tu ne te souviens pas. C'est la première fois que ça tarde autant. Les autres fois ça prenait quelques jours ou même quelques mois, mais jamais des années.

— Miranda, je crois que tu as encore l'esprit embrumé par l'alcool. Tu devrais peut-être retourner chez toi.

Je me lève pour lui montrer la sortie, mais celle-ci se braque telle une enfant qu'on vient de disputer. Je n'ai pas envie de me prendre la tête avec elle. Toutefois, mon amie se lève et me regarde. Ses yeux se sont soudainement dilatés. Je ne la reconnais pas. Minuit sent mon anxiété et se met entre nous. Il miaule et montre son désaccord. Elle tente de le repousser avec son pied, mais ce dernier lui mord la jambe. Miranda étouffe un cri avant de dire :

— Tu n'es pas folle, Iris. Tu ne l'as jamais été.

Elle attrape mes bras et me secoue.

— Tu dois te souvenir de tout Anniris. Souviens-toi de ta vie passée.

Miranda est devenue folle. Je me défais de sa poigne en la poussant au-dehors. Je crains que cette dernière soit encore sous l'influence de l'alcool. Je ne supporte pas ça. Elle tente de revenir à l'intérieur en disant des absurdités.

— Iris ! Souviens-toi, je t'en supplie. Souviens-toi comment tu m'as sauvée après cette nuit. L'attaque dont j'ai été victime. Je t'en supplie, sanglote-t-elle, je ne peux plus vivre dans le mensonge.

Je retiens la porte pendant encore quelques secondes avant qu'elle batte en retraite. J'ignore ce qu'il lui prend tout à coup, mais Miranda m'a fait très peur. Je me glisse contre la porte, épuisée de cette action. Je me sens triste pour elle, mais cette dernière n'est pas la première qui veut que je me souvienne de quelque chose. J'ai mal à la tête. Minuit vient vers moi en miaulant et se frotte contre mes jambes.

— Qu'est-ce que tu es, Minuit ?

Comme s'il comprend ce que je lui dis, son regard devient brillant et pendant une seconde, je crois attendre Minuit parler. Un seul mot me vient à l'esprit. Protecteur. Je me secoue la tête en me dissuadant d'avoir entendu quelque chose. Je passe une main sur mon visage et me relève tranquillement. Discrètement, j'observe par l'un des carreaux de la porte si Miranda est bien partie. Je souffle. Sa voiture n'est plus là. Je décide de verrouiller la porte,je ne souhaite pas la voir, pas dans cet état.

Je me rends compte que je n'ai pas eu le temps d'arroser mon jardin ce matin. Je me dirige donc vers la porte de ma cuisine afin de sortir par-derrière. Je reste toutefois surprise. La terre est trempe. Je suppose qu'encore une fois ma voisine est venue rendre visite à mon jardin ne m'y voyant pas. Lorsque je tourne mon regard vers ma maison, je remarque une chose inhabituelle. La vigne de rose s'est répandue sur toutes les façades. Seuls les points d'entrées et de sorties ainsi que les fenêtres ne sont pas touchés. C'est impossible qu'elles aillent pousser tant que ça en si peu de temps. Hier encore, ces dernières ne faisaient même pas la moitié de la maison. Qu'est-ce qui se passe ?

Je me secoue la tête, mettant mon téléphone de côté. Je dois encore changer de pots quelques plantes et mettre certaines fleurs en terre. Je m'engage dans ce travail, jusqu'à la fin de l'après-midi. Je n'ai pas pris le temps d'arrêter pour diner. Heureusement, je peux boire à partir de mon arrosoir. Lorsque j'entre, il fait déjà noir. Je me prépare donc un plat que je pourrais manger sur ma terrasse.

Un sauté au poulet me parait judicieux. Alors, avec mon plat et une coupe d'eau, je vais m'installer sur ma terrasse. Tiens donc. J'ignorais qu'on donnait encore une fête au château. Tout en mangeant, je regarde ce qui se passe ou du moins j'essaie de le deviner. La musique est douce, moins bruyante que la dernière fois. Des rires fusent de toute part, mais je suis certaine que ces gens sont plus près de mon terrain qu'il le paraît. Je hausse les épaules. Je finis par ramener mon plat à l'intérieur avant de revenir sur mon balcon. Je m'y installe confortablement et Minuit me rejoint. Je le caresse et ce dernier ronronne. Je me laisse bercer et je ferme les yeux pendant un instant.

Je sursaute quelques minutes plus tard, lorsque j'entends un bruit de branche se casser. Rapprochant Minuit de moi, je m'écris :

— Qui est là ?

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Apr 01, 2023 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Pour toujours À jamais - À nos années perdues Where stories live. Discover now