Chapitre 4

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Le reste de la semaine passe vite, on me réclame des bouquets de fleurs que je dois aller porter à ce fameux château. Ils serviront pour le bal et comme je n'ai aucun employé, je dois tout faire moi-même. Pour l'occasion, j'ai emprunté la fourgonnette de Miranda et comme je ne suis pas riche, elle me la prête pour rien. Je lui en dois bien une.

Je contemple la porte du château. On dirait que ce bâtiment sort tout droit d'un conte de fées. La porte brune d'un bois massif comporte un heurtoir à tête de loup. J'ai l'impression qu'il me fixe. Comme c'est étrange. Ma tête tourne légèrement sur le côté pour mieux l'examiner. Lorsque j'ai le sentiment de laisser mon esprit vaguer, une semble souffler dans ma tête.

— Sauve-toi. Tu es en danger.

J'ignore d'où viennent ces paroles. Intérieurement, je la connais, mais je n'arrive pas à savoir à qui elle appartient. Je jette un regard rapide autour de moi ; personne. Tranquillement, j'attrape le heurtoir et frappe trois petits coups qui résonnent dans tout le château. Ça prend quelques secondes avant qu'un major d'homme ouvre enfin la porte. Ce dernier me dévisage avant de me dire de manière hautaine :

— Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

— J'ai une livraison de fleur à effectuer.

— Vous êtes en retard, me réprimande-t-il, mais bon, vous êtes là. Emportez les bouquets dans le hall, les bonnes les placeront.

Il part. Personne pour m'aider à transporter les centaines de bouquets. J'espère au moins que la paie sera bien. Sans plus attendre, je m'attèle à la tâche. Je prends au moins une bonne heure et demie en prenant une pause de quinze minutes. Heureusement que je me suis emportée de l'eau. Lorsque je prends le dernier vase et que je monte les escaliers, je perds pied. Ça y est ! Je vais m'éclater le visage sur le béton. Je ferme les yeux par réflexe en attendant l'impact. Soudainement, une main m'attrape ma taille. Les mains accrochées au vase comme j'étais au péril de ma vie, j'ouvre les yeux en papillotant. Devant moi se tient un homme aux verts envoutant. Ses cheveux noirs sont ébouriffés, comme s'il venait de pratiquer du sport. Ses muscles tressaillent et un son guttural sort de sa bouche. On dirait celui d'un animal. Son sourire dévoile une denture éclatante. Sa voix énigmatique m'arrive aux oreilles, telle une berceuse.

— Vous allez bien ? me demande-t-il.

Je tarde à lui répondre. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. C'est étrange. C'est comme si soudainement, je sortais pour la première fois de l'obscurité. Que se passe-t-il ? Je dois appeler Dr Frost. Suis-je en train de devenir folle dans les bras d'un homme dont je ne connais même pas le nom ?

— Vous allez bien ? répète-t-il.

— Euh... Oui. Je vais bien.

Je reprends ma constance en prenant aplomb sur mes pieds. Doucement, ce dernier prend le vase de mes mains. Je ne parle pas. Je le regarde émerveiller. Ce n'est pas moi. Je dois vite me ressaisir.

— C'est le dernier vase. Je réussis à dire.

— Alors, il n'y a plus de danger.

Je le suis à l'intérieur tout en continuant de le regarder. Cet homme est tout en muscle. Je n'ai vu personne dans cette ville avec pareille musculature. C'est presque inhumain. Je m'apprête à parler, lorsque la voix d'un autre homme me fait sursauter.

— Williams ! À qui parles-tu ?

Ce dernier roule des yeux en grognant quelque chose. Les pas résonnent dans le hall. Il est tout près. L'homme se met aux côtés de mon sauveur avec un regard mauvais. Doux Jésus ! Je le reconnais. C'est l'individu de mon jardin.

Pour toujours À jamais - À nos années perdues Место, где живут истории. Откройте их для себя